Les gbakas et wôrô-wôrô inter communaux de la ville d’Abidjan font la fortune d’individus qui règnent en maître dans le milieu. Ils se font appeler ‘‘syndicat’’.
A coté des syndicats des transporteurs, des conducteurs et des gares routières légalement constitués qui déploient chaque jour leurs agents sur le terrain pour encaisser de gré ou de force les cotisations syndicales, il existe une autre catégorie d’individus, sur ce même terrain. A la différence des premiers, et des ‘‘chargeurs’’, pour gérer des lignes entre deux points de la même commune, ces derniers n’ont aucune légalité, mais réalisent le plus de gain.
“Coxers’’, “Gnanboro’’, “syndicats’’, même gangrène ; Le mot clé ici est ‘‘le terrain’’.
Les différents points de stationnement des Gbakas (mini car) et wôrô-wôrô intercommunaux (taxi communaux) en vue d’embarquer les passagers à convoyer d’une commune à l’autre. Ces lieux d’embarquement sont créés, occupés et gérés par des jeunes, bien audacieux et majoritairement déscolarisés, appelé ‘‘coxers’’, ‘‘gnanboros’’ ou encore ‘‘syndicats’’. Ils font payer aux chauffeurs de wôrô-wôrô et gbakas ce qu’ils appellent «le chargement», c’est-à-dire, le prix à payer pour embarquer des passagers à ces endroits. Y faisant régner la pluie et le beau temps, ces jeunes, à coût de leurs muscles peuvent immobiliser, pendant de longues minutes, des véhicules dont les chauffeurs rechignent à payer. En réalité, ces sites dont les coxers et gnanboros se font les propriétaires, sont des lieux de convergence naturelle des usagers de ces moyens de transport. Ces points étant généralement les abords des routes et les carrefours.
15 millions pour les Gbaka, 8 millions pour les wôrô-wôrôGbakas et wôrô-wôrô ne sont pas
soumis aux mêmes tarifications. Celles-ci sont établies en fonction de la puissance du groupe de jeunes qui contrôlent le lieu et de l’affluence humaine. En plus donc des tickets conventionnels des syndicats légaux, les chauffeurs de gbakas paient à chaque départ entre 300 et 500 FCFA en fonction des heures et des arrêts. Oumar fait partie de ceux qui jouissent de ce ‘’succès inespéré’’, traduction littérale de ‘’Gnanboro’’. Il confie que chaque ‘’Gbaka’’ paie quotidiennement au minimum 5 000 FCFA. Adjamé, où plus de 3000 Gbakas et minibus arrivent et partent chaque jour en direction de Yopougon, d’Abobo, de Cocody, de Bingerville et d’Anyama, constitue le terrain idéal. Ce sont au moins 16 allers et retours que les Gbaka effectuent par jour. Permettant aux coxers et Gnanboro d’engranger globalement, la rondelette somme d’au moins 15 millions FCFA par jour, tous sites confondus. Quant aux wôrô-wôrô communaux et intercommunaux qui desservent toutes les dix communes d’Abidjan, leur nombre est, aujourd’hui, estimé à plus de 2000 véhicules. Ici, le chargement pour chaque voyage est facturé à 100 Frs, auquel il faut ajouter une cotisation journalière de 500 Frs et un droit de 200 francs les matins et les soirs, appelé droit de surveillance. Ce qui revient en tout, à environ 4000 Frs par wôrô- wôrô et par jour, soit environ 8 millions Frs. En somme, ces structures parallèles engrangent près de 23 000 000 FCFA chaque jour. Toutes ces sommes ne sont pas recueillies au même endroit (terrain), mais prennent au final, la même destination (commanditaires).
La force des muscles et des armes Plateau, Treichville, Marcory, Koumassi, Port Bouet, Cocody, Adjamé, Abobo, Attécoubé et Yopougon, toutes les communes d’Abidjan ont leurs gares de wôrô-wôrô et de gbakas auxquelles viennent se greffer ces collecteurs d’impôts contre nature. La brutalité qui caractérise chacune de leurs actions contraste avec l’organisation des coxers et Gnanboro. La rentabilité de l’affaire est telle que les ‘‘syndicats’’ dont il est difficile d’arrêter un nombre précis, se repartissent les jours de ‘‘travail’’. Ils se remplacent, chaque jour, sur les sites dans une rigueur stricte imposée par la force des muscles et parfois des armes. À la tête de chaque groupe, se trouve des parrains à la réputation impitoyable. Ces derniers n’ont de compte à rendre qu’à leurs complices ‘‘supposés’’ au sein des forces de défense et de sécurité qui sont, en réalité, leurs partenaires d’affaires. Semblables à des chefs de guerre, se disputant dans le sang et parfois, à coups d’armes blanches et d’armes à feu, les territoires « ou terrains » qu’ils ont réussi à conquérir. Les bagarres y sont légion. La dernière grande bagarre, exception faite des escarmouches qui sont quasi quotidienne, a eu lieu le mois dernier à Abobo, paralysant la circulation pendant plus de 24 h.
La répartition de cette manne se fait en trois parts : la ration des ‘‘petits’’ procédant aux encaissements sur le terrain, la part des chefs ou ‘‘parrains, et la plus importante des parties, selon un ‘’petit’’ est reversé aux différents commandements des forces de défense et de sécurité.
Par SANOGO ZOUMANAN
A coté des syndicats des transporteurs, des conducteurs et des gares routières légalement constitués qui déploient chaque jour leurs agents sur le terrain pour encaisser de gré ou de force les cotisations syndicales, il existe une autre catégorie d’individus, sur ce même terrain. A la différence des premiers, et des ‘‘chargeurs’’, pour gérer des lignes entre deux points de la même commune, ces derniers n’ont aucune légalité, mais réalisent le plus de gain.
“Coxers’’, “Gnanboro’’, “syndicats’’, même gangrène ; Le mot clé ici est ‘‘le terrain’’.
Les différents points de stationnement des Gbakas (mini car) et wôrô-wôrô intercommunaux (taxi communaux) en vue d’embarquer les passagers à convoyer d’une commune à l’autre. Ces lieux d’embarquement sont créés, occupés et gérés par des jeunes, bien audacieux et majoritairement déscolarisés, appelé ‘‘coxers’’, ‘‘gnanboros’’ ou encore ‘‘syndicats’’. Ils font payer aux chauffeurs de wôrô-wôrô et gbakas ce qu’ils appellent «le chargement», c’est-à-dire, le prix à payer pour embarquer des passagers à ces endroits. Y faisant régner la pluie et le beau temps, ces jeunes, à coût de leurs muscles peuvent immobiliser, pendant de longues minutes, des véhicules dont les chauffeurs rechignent à payer. En réalité, ces sites dont les coxers et gnanboros se font les propriétaires, sont des lieux de convergence naturelle des usagers de ces moyens de transport. Ces points étant généralement les abords des routes et les carrefours.
15 millions pour les Gbaka, 8 millions pour les wôrô-wôrôGbakas et wôrô-wôrô ne sont pas
soumis aux mêmes tarifications. Celles-ci sont établies en fonction de la puissance du groupe de jeunes qui contrôlent le lieu et de l’affluence humaine. En plus donc des tickets conventionnels des syndicats légaux, les chauffeurs de gbakas paient à chaque départ entre 300 et 500 FCFA en fonction des heures et des arrêts. Oumar fait partie de ceux qui jouissent de ce ‘’succès inespéré’’, traduction littérale de ‘’Gnanboro’’. Il confie que chaque ‘’Gbaka’’ paie quotidiennement au minimum 5 000 FCFA. Adjamé, où plus de 3000 Gbakas et minibus arrivent et partent chaque jour en direction de Yopougon, d’Abobo, de Cocody, de Bingerville et d’Anyama, constitue le terrain idéal. Ce sont au moins 16 allers et retours que les Gbaka effectuent par jour. Permettant aux coxers et Gnanboro d’engranger globalement, la rondelette somme d’au moins 15 millions FCFA par jour, tous sites confondus. Quant aux wôrô-wôrô communaux et intercommunaux qui desservent toutes les dix communes d’Abidjan, leur nombre est, aujourd’hui, estimé à plus de 2000 véhicules. Ici, le chargement pour chaque voyage est facturé à 100 Frs, auquel il faut ajouter une cotisation journalière de 500 Frs et un droit de 200 francs les matins et les soirs, appelé droit de surveillance. Ce qui revient en tout, à environ 4000 Frs par wôrô- wôrô et par jour, soit environ 8 millions Frs. En somme, ces structures parallèles engrangent près de 23 000 000 FCFA chaque jour. Toutes ces sommes ne sont pas recueillies au même endroit (terrain), mais prennent au final, la même destination (commanditaires).
La force des muscles et des armes Plateau, Treichville, Marcory, Koumassi, Port Bouet, Cocody, Adjamé, Abobo, Attécoubé et Yopougon, toutes les communes d’Abidjan ont leurs gares de wôrô-wôrô et de gbakas auxquelles viennent se greffer ces collecteurs d’impôts contre nature. La brutalité qui caractérise chacune de leurs actions contraste avec l’organisation des coxers et Gnanboro. La rentabilité de l’affaire est telle que les ‘‘syndicats’’ dont il est difficile d’arrêter un nombre précis, se repartissent les jours de ‘‘travail’’. Ils se remplacent, chaque jour, sur les sites dans une rigueur stricte imposée par la force des muscles et parfois des armes. À la tête de chaque groupe, se trouve des parrains à la réputation impitoyable. Ces derniers n’ont de compte à rendre qu’à leurs complices ‘‘supposés’’ au sein des forces de défense et de sécurité qui sont, en réalité, leurs partenaires d’affaires. Semblables à des chefs de guerre, se disputant dans le sang et parfois, à coups d’armes blanches et d’armes à feu, les territoires « ou terrains » qu’ils ont réussi à conquérir. Les bagarres y sont légion. La dernière grande bagarre, exception faite des escarmouches qui sont quasi quotidienne, a eu lieu le mois dernier à Abobo, paralysant la circulation pendant plus de 24 h.
La répartition de cette manne se fait en trois parts : la ration des ‘‘petits’’ procédant aux encaissements sur le terrain, la part des chefs ou ‘‘parrains, et la plus importante des parties, selon un ‘’petit’’ est reversé aux différents commandements des forces de défense et de sécurité.
Par SANOGO ZOUMANAN