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Politique Publié le lundi 9 novembre 2009 | Notre Voie

Evènements de novembre 2004 et résistance des Ivoiriens / Fologo aux jeunes : "Vous devez être fiers d’avoir sauvé votre pays"

A l’occasion de la commémoration, vendredi dernier, des douloureux évènements occasionnés par l’armée française en novembre 2004, le président Laurent Dona Fologo a fait une adresse à la jeunesse ivoirienne. Un témoignage émouvant et une leçon de patriotisme aux politiciens destructeurs. Nous vous proposons l’intégralité de son intervention.

“Le 19 septembre 2002, au petit matin Abidjan s’est réveillée sous les crépitements des armes. Nul ne savait qui agressait la République. Nous les avons appelés les assaillants. La République était menacée, car nul ne savait l’importance et l’étendue de l’agression. Le président se trouvait en visite officielle en Italie. En tant qu’Ivoirien, nationaliste, patriote, je lançais l’appel à la résistance du haut du Conseil économique et Social. Au moment où j’adressais ce message, je ne pouvais savoir qui ils étaient. Nous avons ensemble, les femmes, les jeunes en particulier et ceux qui aiment la Côte d’Ivoire organisé la résistance. Je le dis et je le répète. Le 25 octobre 2000, lorsque le président Gbagbo fut fraîchement élu et les gens voulaient lui arracher sa victoire, vous êtes sortis d’Abobo, de Yopougon, de Koumassi en quelques heures. Toutes les rues d’Abidjan étaient couvertes de monde. Pour la première fois en Afrique, un peuple sortait pour défendre son président. C’était la première fois. Généralement, en Afrique lorsqu’un président est menacé, les peuples sortent pour danser. C’est lorsque les actes ne correspondent pas que le peuple se met à danser pour sa chute. Vous êtes sortis et vous avez rétabli la vérité ; et obligé les organisateurs (des élections) à mettre Gbagbo sur son fauteuil. Je voudrais que cette date soit retenue comme importante dans l’histoire de notre pays. De même, à l’appel du leader des jeunes, vous vous êtes dressés, vous avez pris tous les risques pour faire éviter cela. J’ai été traité de tous les noms, certains disaient : “Comment Fologo peut-il soutenir Gbagbo”. Ceux qui pensaient cela n’ont rien compris. Nous soutenons le président magnifique, celui qui ne se sauve pas quand la patrie brûle. De la même manière j’ai dit, lorsque la République est menacée, je ne connais plus de parti. Je défends d’abord parce que s’il n’y a plus de République, plus de Nation, il n’y a plus de parti. C’est là, la raison de mon engagement. En 1995, Laurent Gbagbo s’est opposé à mon patron, mais à ce moment, il n’a pas pris les armes pour accéder au pouvoir. Il s’est battu pour défendre la démocratie pour tout le monde, y compris pour ceux qui se promènent aujourd’hui. C’est le combat de la gauche ivoirienne, je n’ai pas honte à le dire. C’est ce combat qui a donné la Commission électorale indépendante (CEI), le bulletin unique ; c’est ce qui a permis de voter à 18 ans. Nous vivons les acquis de ce combat. C’est pour quoi chers frères, jeunes, enfants avec cette résistance vous vous êtes organisés, le 2 octobre 2002, la plus grande marche de tous les temps ; bien que je sois votre papa, j’étais avec vous, devant vous. Le patriotisme n’a pas d’âge et il est dans le cœur. Au demeurant, Félix Houphouët-Boigny a dit, et je vous demande de le retenir, le RDA à ne pas confondre avec un autre R ; le RDA originelle, s’est battu pour retrouver notre liberté confisquée et notre honneur bafoué. Le président Gbagbo reprend cette lutte là où FHB l’a laissée. Il n’y a donc aucune confusion à reconnaître qu’il est un vrai Houphouetiste. Je ne parle pas de ceux qui l’ont découvert aujourd’hui et qui en font un commerce. Je suis venu m’associer à vous, dans un quart d’heure je dois rencontrer Gbagbo, et ce sera l’occasion pour moi, de lui dire en direct ce qui se passe ici. Je suis venu vous encourager chers enfants. Il n’y a pas une seule Nation, au monde qui n’ait pas son histoire. Chaque pays a son histoire, l’histoire doit être écrite et connue par tous. L’Afrique a connu ses martyrs, si le président Gbagbo avait vécu au temps de Lumumba, on l’aurait tué. Aujourd’hui, les temps ont changé. A l’heure de la mondialisation, personne ne peut venir nous imposer un président ni nous enlever notre président. Je suis venu m’associer à vous pour vous saluer et vous encourager car cette date doit être retenue comme l’une des plus importantes de la Côte d’Ivoire. Avant l’indépendance, Bouaflé, Treichville ont connu leurs martyrs. Le 6 novembre 2004, nous avons connu également nos martyrs. Lorsqu’on voit ces photos on ne peut s’empêcher d’avoir la chair de poule. Ces photos marquent la rupture avec ce qui est dépassé. Je suis venu vous saluer pour avoir sauvé le pays. Je vous le dis parce que si le 6 novembre vous n’étiez pas si nombreux, si engagés, si déterminés à soutenir notre président, je ne pense pas qu’il serait encore là. Souvenez-vous que les chars ont assiégé notre pays, et occupé notre aéroport. Le surlendemain, le président Gbagbo m’a envoyé en mission à Brazzaville pour informer le président Sassou. Malgré mon cortège, ils (les militaires français) m’ont arrêté. Ils m’ont demandé où j’allais. Je dis en mission. Ils disent à partir d’ici, c’est nous qui contrôlons, ils ont obligé mes gardes à déposer leurs armes, j’avais les larmes aux yeux mais je devais informer le président. J’ai donc fait cette mission dans ces conditions-là. J’ai vécu ma part d’humiliation et de martyr au carrefour Akwaba. C’est pourquoi je vous le dis. Il y a des partis politiques, tout ça c’est bien, mais le plus grand parti, notre plus grand parti s’appelle la Côte d’Ivoire. C’est pourquoi je me tiendrai toujours à vos côtés. Je demande 2 choses : je souhaite qu’à la prochaine célébration, vous vous arranez pour qu’il y ait une seule organisation, un seul comité d’organisation. Ce qui vous rassemble, c’est le patriotisme et la lutte commune. Vous devez être fiers d’avoir sauvé la Côte d’Ivoire, pensez à cela et renforcez vos rangs. A quoi aura servi votre lutte héroïque, si demain vous devez avoir un président importé ? Nous avons dit que pour cette élection qui vient, il y a le candidat de la Côte d’Ivoire, des Ivoiriens et le candidat des autres. Il suffit de lire les journaux et vous comprenez. Aujourd’hui, personne ne parle plus de cette guerre. Personne ne se souvient de celui qui avait dit, “je vais rendre ce pays ingouvernable”. Aujourd’hui on veut attribuer la souffrance des Ivoiriens, la mévente de notre coton à d’autres. Tous ceux qui se promènent ne parlent pas des effets de la guerre, des misères qu’elle a créées. Tous ceux qui sont en état de voter, vous devez savoir que la seule récompense de votre combat, la seule récompense, c’est la victoire de Laurent Gbagbo. Ceux qui ont tiré les balles sur vous, savent ce que vous dites. Vérité d’abord et réconciliation ensuite. La vraie réconciliation repose sur la vérité, le vrai pardon repose sur la repentance. On ne se lève pas pour dire : oubliez. Cette journée que vous célébrez est grande. Cette date doit être retenue en lettre capitale. Il n’empêche que pardonner, ce n’est pas oublier. Réconcilier, ce n’est pas oublier. Notre patron, Félix Houphouet-Boigny, nous avait demandé de ne jamais verser le sang des Ivoiriens. Il y a des gens qui on été trop loin dans la nuisance. Si vous leur donnez le pays, nous allons retourner à la case départ. Ils vont retourner le pays à leur maître. C’est pourquoi je vous demande de souffrir un bon coup. Je ne dirai jamais la crise ivoirienne. On appelle cela un coup d’Etat avorté. Les gens qui ont fait ce coup d’Etat doivent nous dire qui l’a commandité ? Qui a financé nos jeunes frères ? Nous devons nous dire la vérité et faire en sorte que notre pays parte de l’avant. Chers amis, je vous félicite de m’avoir associé à cette commémoration”. Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire. Je vous remercie.

Propos recueillis par Jean-Marc Tokré (Stagiaire)
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