Dans cette interview qu`il nous a accordée hier, le secrétaire général de l`Alliance pour la nouvelle Côte d`Ivoire (Anci), Jean Jacques Béchio dit sa part de vérité sur la crise que traverse le parti.
La radiation que vous avez récemment prononcée à l`encontre de certains cadres de votre parti entrés en dissidence n`est-elle pas une mesure extrême ?
Je suis le secrétaire général d`un parti dans lequel il y a du désordre. Il y a des responsabilités qui sont les miennes et que je suis obligé de prendre. Je n`ai pas sanctionné quelqu`un. J`ai simplement pris des mesures conservatoires en suspendant des personnes de toutes activités au niveau de l`Anci. Dans le même temps, j`ai dit que je m`adresserai au secrétariat élargi à l`ensemble des délégués généraux pour proposer des sanctions. Je suis donc dans un processus tout à fait légal et régulier qu`on retrouve partout.
Les dissidents vous reprochent de réagir énergiquement à leur endroit là où vous semblez laisser faire certains barons du parti, notamment Aly Kéita.
Ce n`est pas exact. Nous avons le souci de la justice et de l`équité. Le secrétaire général de l`Anci essaie de diriger le parti en ne faisant pas du ``deux poids deux mesures``. Je ne peux pas nier le fait qu`Aly Keïta est un frère. Il l`a réaffirmé lui-même récemment dans un journal. Depuis feu mon père jusqu`au dernier de mes frères, tout le monde connaît Aly Kéita comme étant un membre de ma famille, comme un frère. Notre amitié date de la classe de seconde. Et c`est la même chose pour moi dans sa famille. Ceci étant, ce n`est pas la première fois qu`Aly et moi, nous nous trouvons dans deux camps différents. Quand j`étais au Pdci-Rda, il disait qu`il était un opposant au Pdci-Rda. J`ai ensuite été au Rdr alors qu`il était d`abord très proche du Fpi. Par la suite, il m`a rejoint au Rdr. Finalement, nous sommes venus à l`Anci. Tout ceci pour vous dire que nous ne partageons pas toujours la même façon de voir les choses. Lorsqu`un journal a écrit qu`Aly Kéita était le secrétaire général adjoint de l`Anci, j`ai immédiatement fais une mise au point dans laquelle il n`y avait aucune agressivité. Dans cette mise au point, j`ai tout simplement indiqué que la direction de l`Anci était surprise du fait qu`on ait mis ce titre parce que M. Aly Kéita s`est mis en congé du parti depuis juillet 2008. A propos de ceux qui nous reprochent de faire du ``deux poids deux mesures``, je leur dis qu`ils font de la mauvaise foi parce que c`est en mon absence que cette décision a été prise par M. Béhi Bernard qui assurait mon intérim et annoncée par Aly Kéita. Depuis lors, Aly Kéita n`a plus eu de responsabilités à l`Anci. Dans ces conditions, de quel droit le président ou le secrétaire général de l`Anci devraient interdire à Aly Kéita, citoyen ivoirien, de dire ce qu`il pense et d`accorder des interviews ? S`il accorde une interview au nom de l`Anci, là il aura un problème avec moi. Si je ne suis pas d`accord avec ce qu`il dit en tant que citoyen, je peux faire de mon côté une interview pour dire que je ne suis pas d`accord avec lui. Cela devient un débat entre Ivoiriens.
Que voulez-vous dire par « Aly Kéita s`est mis en congé » ? N`est-il plus membre de l`Anci ?
Cela veut dire que jusqu`à ce qu`il revienne, il n`est plus membre de l`Anci. Moi-même, j`ai accordé des interviews. Mais c`était en tant que citoyen Jean Jacques Béchio. Si des problèmes en résultaient, ce n`était pas l`Anci qui devait en répondre mais le citoyen Béchio. Béhi Bernard qui est mon adjoint au sein du secrétariat général du parti peut, s`il le souhaite, donner son point de vue sur les problèmes socioéconomiques de la Côte d`Ivoire parce que c`est un citoyen libre. Mais quand il vient à l`Anci en tant que responsable, ce qu`il dit doit être la position officielle du parti. Cela se fait en France où vous pouvez voir un député Ump faire une tribune libre qui n`engage pourtant pas l`Ump parce que cela nourrit le débat.
Mais, il ne faut pas confondre diversité et cafouillage. Est-ce que ces personnes sont venues poser un problème dans le parti et puis on leur a dit : « on s`en fout, faites ce que vous voulez » ? Aucun parti politique ne peut accepter cela.
Un autre reproche qu`on vous fait c`est que les organes dirigeants actuels du parti, y compris le président n`ont pas été confirmés par un congrès. Sur la base de cette analyse, les dissidents trouvent que ce serait aller trop vite en besogne en prenant des sanctions à leur encontre.
Je pensais qu`eux avaient une légitimité et que c`est au nom de cette légitimité qu`ils parlaient. De quelle légitimité parle-t-on ici ? L`Anci a été créé le 16 juillet 2007. Ce jour-là à l`Hôtel du Golf, deux personnes ont été mandatées pour diriger le parti. Il s`agit de Zémogo Fofana, président et du secrétaire général, Jean Jacques Béchio. C`est cela la légitimité. Ces deux personnes, à leur tour, ont décidé que M. Yodé serait le trésorier. Aujourd`hui, au ministère de l`Intérieur, les personnes qui sont connues comme étant les responsables du parti sont MM. Zémogo, président, Béchio, secrétaire général et Yodé, trésorier.
Ce sont là les trois personnes qui ne peuvent pas être changées sauf si l`une d`elle démissionne avant un congrès. Ceux qui parlent tiennent donc leur légitimité de nous. Et je suis désolé de le dire, le président n`est pas provisoire. Il en va pareillement du secrétaire général. A la création de l`Anci, il fallait qu`on observe un certain nombre de choses. J`ai donc proposé au président de créer une coordination des jeunes. A l`époque, j`ai décidé de façon subjective de confier la gestion de la jeunesse à vingt d`entre eux, en attendant le congrès au cours duquel le président serait élu. Je n`ai pas fixé de période pour cette transition. En plus ce sont des personnes que j`ai choisies intuitu personae. En réalité, on veut faire croire que le secrétaire général a dissout la coordination. Ce n`est pas honnête. M. Koko Yao, puisque c`est de lui qu`il s`agit, était à une réunion tenue à mon domicile. Il sait donc qu`il ne s`est jamais agi d`une dissolution de la coordination encore moins d`un changement de responsables parce que quelqu`un aurait mal fait son travail. Au cours de cette réunion, j`ai tout simplement dit qu`après deux ans, avec l`expérience que nous avons connue et, il faut avoir le courage de le dire, l`immobilisme qui commence à gagner le parti, au moment où nous décidons de relancer la machine, il fallait qu`ils désignent dès à présent leur responsable. De sorte que des gens ne continuent pas à dire par exemple que Koko est le protégé du secrétaire général ou que Mme Oulaï est sa copine. J`aurais pu décider de remplacer les vingt personnes par de nouvelles. Chez les femmes, c`est la même chose. Toutes les règles ont été fixées depuis longtemps de commun accord. Mais, comme M. Koko et Mme Oulaï savent peut être qu`ils ne peuvent pas se faire élire, ils font croire qu`on les a nommés et que tant qu`il n`y a pas un congrès, on ne peut pas les changer. Moi je m`attendais à ce qu`ils disent : «comme on nous a élus au cours d`un congrès, tant qu`il n`y a pas un autre congrès, on ne peut pas nous changer». Puisqu`ils prennent la chose comme cela, j`ai décidé de mettre fin à leurs fonctions pour permettre à tout le monde d`être sur le même pied d`égalité.
J`ai dit que j`entendais faire jouer la démocratie. Tant que je serai secrétaire général de L`Anci, la période au cours de laquelle on s`asseyait dans un bureau à Abidjan pour dire à ses collaborateurs ce qu`ils doivent faire est révolue. Je veux à l`Anci la démocratie. On connaît des partis politiques qui, même après huit ans d`existence, n`ont jamais organisé de congrès. Et pourtant, on n`a pas eu à parler de légitimité de leur président.
C`est beau de déclarer votre attachement à la démocratie. La faites-vous jouer pleinement comme il se doit, notamment lorsqu`il s`agit d`entrer en négociation avec d`autres partis politiques ? Autrement dit, avez-vous obtenu un mandat ou avez-vous informé la base avant d`aller négocier ?
Les dissidents créent un faux problème. Moi, je n`ai pas l`intention de défendre une personne ou de cacher quoi que ce soit. Cela va faire plusieurs mois qu`ils n`assistent pas aux réunions du secrétariat général. Parmi eux, il y en a au moins un qui a assisté aux deux réunions au cours desquelles tout a été décidé. Et puisqu`il faut appeler un chat, un chat, Amara Karamoko qui se dit président de ``l`Anci rectifiée`` a assisté aux deux secrétariats généraux. Il est donc bien placé pour savoir que mandat a été donné au président pour initier un groupe de réflexion en vue de prendre les attaches nécessaires avec quiconque voudrait discuter avec l`Anci. Les procès-verbaux sont là pour l`attester. Quand il s`agira de choses sérieuses, le président reviendra vers le secrétariat général pour rendre compte. Je n`aime pas les procès d`intention et ne veux pas participer à ce genre de procès. Ceci étant dit, il ne faut pas galvauder les mots en leur donnant des sens abusifs. La démocratie ne veut pas dire qu`à chaque fois que j`ai envie de cracher, je dois demander la permission à quelqu`un. Dans la démocratie, on donne un mandat à un individu en vue d`accomplir une mission. Si à un moment donné l`individu en question a une difficulté particulière ou qu`il a besoin de conforter son point par rapport à ceux qui lui ont donné le mandat, il peut revenir vers eux pour les consulter. Il ne faut pas confondre parler, négocier, signer et engager un groupe. Ce sont des étapes et c`est beaucoup de choses.
Justement, les gens parlent de politique de fait accompli. Ils disent que les discussions sont très avancées avec le Rdr alors que d`autres partis seraient prêts à offrir plus. Qu`en est-il des discussions avec le Rdr ?
C`est à cause de toutes ces choses que les gens me trouvent dur quand je réponds. Je vous ai donné tout à l`heure la teneur du mandat que nous avons donné au président Zémogo. Mais enfin, quel serait ce parti politique qui se ferme et qui ne veut parler avec personne ou qui ne doit parler qu`avec une seule personne ? Nous sommes avant tout des Ivoiriens même si nous sommes de partis politiques différents. Et c`est peut-être parce que nous n`avons pas su trouver les moyens de nous parler que nous sommes dans la situation actuelle dans laquelle nous nous trouvons. Le mandat n`indique pas que le président doit parler uniquement avec tel parti et pas avec tel autre. Comme l`Anci n`est pas une propriété privée, il viendra ensuite pour que nous en discutions. Pour l`heure, il n`est pas encore venu nous dire avec qui il a discuté. Mais déjà, on veut nous amener à faire un procès d`intention. Nous disons non. Nous l`attendons donc. Ceci étant, c`est vraiment mal me connaître que de penser à une politique du fait accompli. Personne ne me mettra devant le fait accompli. Ni moi, ni ceux qui sont avec moi, personne ne peut nous imposer quoi que ce soit. Si quelqu`un a ce rêve, c`est son droit mais il apprendra à ses dépens qu`on ne nous met pas devant le fait accompli. Nous sommes des gens responsables. Quand le moment sera venu, nous dirons à la Côte d`Ivoire avec qui nous faisons alliance pour le développement du pays. La sortie de crise n`est pas un bal populaire où chacun va venir faire des pas de dance au hasard. On soutient quelqu`un pourquoi ? Parce qu`il a de beaux yeux, parce qu`il parle bien ou parce qu`il a de l`argent ? A l`Anci, nous aimons l`argent comme tout le monde mais nous voulons faire passer l`intérêt de la Côte d`Ivoire avant.
Les dissident disent que par souci de gratitude, l`alliance devrait se faire avec le Fpi ou à tout le moins, avec Laurent Gbagbo qui dès le départ, s`est montré proche de vous en vous apportant soutiens logistique et financier.
Le problème, c`est pourquoi ces dissidents ont cette brusque démangeaison ? Un processus est en cours. Pourquoi ces personnes ne viennent pas aux réunions pour faire partager leur point de vue ? Il n`y a pas de fumée sans feu. Cette période est celle de la traite. Chacun veut se faire voir en espérant avoir un peu. Nous, nous ne sommes pas dans cette logique. L`avion de l`Anci n`a pas de rétroviseur pour faire marche arrière. Personne ne nous imposera un agenda. Ils veulent faire croire aux gens qu`ils aiment Laurent Gbagbo plus que nous. Mais, ce qu`il faut savoir, c`est que nous ne sommes pas dans un processus d`amour.
Quand vous dites que l`avion de l`Anci ne fait pas marche arrière, voulez-vous insinuer que l`Anci ne peut pas retourner au Rdr d`où il est venu ?
Pourquoi pas le Pdci-Rda ou une autre formation politique ? On ne peut pas continuer à faire dans sa vie des pas de cabri. Il faut avoir une vision surtout quand on a la prétention de diriger les gens. Ce qui nous intéresse à l`Anci, c`est l`avenir de la Côte d`Ivoire. Celui avec qui nous ferons l`alliance, c`est celui qui nous convaincra que demain le pays sera autre chose, un pays où les jeunes, après leurs diplômes n`auront pas à gérer que des cabines téléphoniques. L`Anci veut retrouver la belle Côte d`Ivoire, de la fraternité, de l`unité... C`est de ces choses-là qu`il faut parler. Ce n`est donc pas une affaire de tam-tam.
Quand vous dites qu`on ne va pas imposer quelque chose à Jean Jacques Béchio, à qui la mise en garde est adressée ? A celui que vous avez mandaté pour aller négocier ?
Ce n`est pas une mise en garde, c`est une constatation. On me connaît quand même dans ce pays et ce n`est pas de la prétention. C`est parce que je suis Jean Jacques Béchio que je suis secrétaire général de l`Anci. Ce n`est pas une affaire de hasard dans laquelle on aurait jeté des cauris. Si quelqu`un pense qu`il peut bricoler quelque chose, cette personne me connaît mal et elle connaît mal ceux qui m`ont mis au poste de secrétaire général. Ce que je dis est donc plutôt un conseil sinon les gens risquent de donner leur argent et ça risque d`être cadeau.
Interview réalisée par Touré Moussa & Marc Dossa
La radiation que vous avez récemment prononcée à l`encontre de certains cadres de votre parti entrés en dissidence n`est-elle pas une mesure extrême ?
Je suis le secrétaire général d`un parti dans lequel il y a du désordre. Il y a des responsabilités qui sont les miennes et que je suis obligé de prendre. Je n`ai pas sanctionné quelqu`un. J`ai simplement pris des mesures conservatoires en suspendant des personnes de toutes activités au niveau de l`Anci. Dans le même temps, j`ai dit que je m`adresserai au secrétariat élargi à l`ensemble des délégués généraux pour proposer des sanctions. Je suis donc dans un processus tout à fait légal et régulier qu`on retrouve partout.
Les dissidents vous reprochent de réagir énergiquement à leur endroit là où vous semblez laisser faire certains barons du parti, notamment Aly Kéita.
Ce n`est pas exact. Nous avons le souci de la justice et de l`équité. Le secrétaire général de l`Anci essaie de diriger le parti en ne faisant pas du ``deux poids deux mesures``. Je ne peux pas nier le fait qu`Aly Keïta est un frère. Il l`a réaffirmé lui-même récemment dans un journal. Depuis feu mon père jusqu`au dernier de mes frères, tout le monde connaît Aly Kéita comme étant un membre de ma famille, comme un frère. Notre amitié date de la classe de seconde. Et c`est la même chose pour moi dans sa famille. Ceci étant, ce n`est pas la première fois qu`Aly et moi, nous nous trouvons dans deux camps différents. Quand j`étais au Pdci-Rda, il disait qu`il était un opposant au Pdci-Rda. J`ai ensuite été au Rdr alors qu`il était d`abord très proche du Fpi. Par la suite, il m`a rejoint au Rdr. Finalement, nous sommes venus à l`Anci. Tout ceci pour vous dire que nous ne partageons pas toujours la même façon de voir les choses. Lorsqu`un journal a écrit qu`Aly Kéita était le secrétaire général adjoint de l`Anci, j`ai immédiatement fais une mise au point dans laquelle il n`y avait aucune agressivité. Dans cette mise au point, j`ai tout simplement indiqué que la direction de l`Anci était surprise du fait qu`on ait mis ce titre parce que M. Aly Kéita s`est mis en congé du parti depuis juillet 2008. A propos de ceux qui nous reprochent de faire du ``deux poids deux mesures``, je leur dis qu`ils font de la mauvaise foi parce que c`est en mon absence que cette décision a été prise par M. Béhi Bernard qui assurait mon intérim et annoncée par Aly Kéita. Depuis lors, Aly Kéita n`a plus eu de responsabilités à l`Anci. Dans ces conditions, de quel droit le président ou le secrétaire général de l`Anci devraient interdire à Aly Kéita, citoyen ivoirien, de dire ce qu`il pense et d`accorder des interviews ? S`il accorde une interview au nom de l`Anci, là il aura un problème avec moi. Si je ne suis pas d`accord avec ce qu`il dit en tant que citoyen, je peux faire de mon côté une interview pour dire que je ne suis pas d`accord avec lui. Cela devient un débat entre Ivoiriens.
Que voulez-vous dire par « Aly Kéita s`est mis en congé » ? N`est-il plus membre de l`Anci ?
Cela veut dire que jusqu`à ce qu`il revienne, il n`est plus membre de l`Anci. Moi-même, j`ai accordé des interviews. Mais c`était en tant que citoyen Jean Jacques Béchio. Si des problèmes en résultaient, ce n`était pas l`Anci qui devait en répondre mais le citoyen Béchio. Béhi Bernard qui est mon adjoint au sein du secrétariat général du parti peut, s`il le souhaite, donner son point de vue sur les problèmes socioéconomiques de la Côte d`Ivoire parce que c`est un citoyen libre. Mais quand il vient à l`Anci en tant que responsable, ce qu`il dit doit être la position officielle du parti. Cela se fait en France où vous pouvez voir un député Ump faire une tribune libre qui n`engage pourtant pas l`Ump parce que cela nourrit le débat.
Mais, il ne faut pas confondre diversité et cafouillage. Est-ce que ces personnes sont venues poser un problème dans le parti et puis on leur a dit : « on s`en fout, faites ce que vous voulez » ? Aucun parti politique ne peut accepter cela.
Un autre reproche qu`on vous fait c`est que les organes dirigeants actuels du parti, y compris le président n`ont pas été confirmés par un congrès. Sur la base de cette analyse, les dissidents trouvent que ce serait aller trop vite en besogne en prenant des sanctions à leur encontre.
Je pensais qu`eux avaient une légitimité et que c`est au nom de cette légitimité qu`ils parlaient. De quelle légitimité parle-t-on ici ? L`Anci a été créé le 16 juillet 2007. Ce jour-là à l`Hôtel du Golf, deux personnes ont été mandatées pour diriger le parti. Il s`agit de Zémogo Fofana, président et du secrétaire général, Jean Jacques Béchio. C`est cela la légitimité. Ces deux personnes, à leur tour, ont décidé que M. Yodé serait le trésorier. Aujourd`hui, au ministère de l`Intérieur, les personnes qui sont connues comme étant les responsables du parti sont MM. Zémogo, président, Béchio, secrétaire général et Yodé, trésorier.
Ce sont là les trois personnes qui ne peuvent pas être changées sauf si l`une d`elle démissionne avant un congrès. Ceux qui parlent tiennent donc leur légitimité de nous. Et je suis désolé de le dire, le président n`est pas provisoire. Il en va pareillement du secrétaire général. A la création de l`Anci, il fallait qu`on observe un certain nombre de choses. J`ai donc proposé au président de créer une coordination des jeunes. A l`époque, j`ai décidé de façon subjective de confier la gestion de la jeunesse à vingt d`entre eux, en attendant le congrès au cours duquel le président serait élu. Je n`ai pas fixé de période pour cette transition. En plus ce sont des personnes que j`ai choisies intuitu personae. En réalité, on veut faire croire que le secrétaire général a dissout la coordination. Ce n`est pas honnête. M. Koko Yao, puisque c`est de lui qu`il s`agit, était à une réunion tenue à mon domicile. Il sait donc qu`il ne s`est jamais agi d`une dissolution de la coordination encore moins d`un changement de responsables parce que quelqu`un aurait mal fait son travail. Au cours de cette réunion, j`ai tout simplement dit qu`après deux ans, avec l`expérience que nous avons connue et, il faut avoir le courage de le dire, l`immobilisme qui commence à gagner le parti, au moment où nous décidons de relancer la machine, il fallait qu`ils désignent dès à présent leur responsable. De sorte que des gens ne continuent pas à dire par exemple que Koko est le protégé du secrétaire général ou que Mme Oulaï est sa copine. J`aurais pu décider de remplacer les vingt personnes par de nouvelles. Chez les femmes, c`est la même chose. Toutes les règles ont été fixées depuis longtemps de commun accord. Mais, comme M. Koko et Mme Oulaï savent peut être qu`ils ne peuvent pas se faire élire, ils font croire qu`on les a nommés et que tant qu`il n`y a pas un congrès, on ne peut pas les changer. Moi je m`attendais à ce qu`ils disent : «comme on nous a élus au cours d`un congrès, tant qu`il n`y a pas un autre congrès, on ne peut pas nous changer». Puisqu`ils prennent la chose comme cela, j`ai décidé de mettre fin à leurs fonctions pour permettre à tout le monde d`être sur le même pied d`égalité.
J`ai dit que j`entendais faire jouer la démocratie. Tant que je serai secrétaire général de L`Anci, la période au cours de laquelle on s`asseyait dans un bureau à Abidjan pour dire à ses collaborateurs ce qu`ils doivent faire est révolue. Je veux à l`Anci la démocratie. On connaît des partis politiques qui, même après huit ans d`existence, n`ont jamais organisé de congrès. Et pourtant, on n`a pas eu à parler de légitimité de leur président.
C`est beau de déclarer votre attachement à la démocratie. La faites-vous jouer pleinement comme il se doit, notamment lorsqu`il s`agit d`entrer en négociation avec d`autres partis politiques ? Autrement dit, avez-vous obtenu un mandat ou avez-vous informé la base avant d`aller négocier ?
Les dissidents créent un faux problème. Moi, je n`ai pas l`intention de défendre une personne ou de cacher quoi que ce soit. Cela va faire plusieurs mois qu`ils n`assistent pas aux réunions du secrétariat général. Parmi eux, il y en a au moins un qui a assisté aux deux réunions au cours desquelles tout a été décidé. Et puisqu`il faut appeler un chat, un chat, Amara Karamoko qui se dit président de ``l`Anci rectifiée`` a assisté aux deux secrétariats généraux. Il est donc bien placé pour savoir que mandat a été donné au président pour initier un groupe de réflexion en vue de prendre les attaches nécessaires avec quiconque voudrait discuter avec l`Anci. Les procès-verbaux sont là pour l`attester. Quand il s`agira de choses sérieuses, le président reviendra vers le secrétariat général pour rendre compte. Je n`aime pas les procès d`intention et ne veux pas participer à ce genre de procès. Ceci étant dit, il ne faut pas galvauder les mots en leur donnant des sens abusifs. La démocratie ne veut pas dire qu`à chaque fois que j`ai envie de cracher, je dois demander la permission à quelqu`un. Dans la démocratie, on donne un mandat à un individu en vue d`accomplir une mission. Si à un moment donné l`individu en question a une difficulté particulière ou qu`il a besoin de conforter son point par rapport à ceux qui lui ont donné le mandat, il peut revenir vers eux pour les consulter. Il ne faut pas confondre parler, négocier, signer et engager un groupe. Ce sont des étapes et c`est beaucoup de choses.
Justement, les gens parlent de politique de fait accompli. Ils disent que les discussions sont très avancées avec le Rdr alors que d`autres partis seraient prêts à offrir plus. Qu`en est-il des discussions avec le Rdr ?
C`est à cause de toutes ces choses que les gens me trouvent dur quand je réponds. Je vous ai donné tout à l`heure la teneur du mandat que nous avons donné au président Zémogo. Mais enfin, quel serait ce parti politique qui se ferme et qui ne veut parler avec personne ou qui ne doit parler qu`avec une seule personne ? Nous sommes avant tout des Ivoiriens même si nous sommes de partis politiques différents. Et c`est peut-être parce que nous n`avons pas su trouver les moyens de nous parler que nous sommes dans la situation actuelle dans laquelle nous nous trouvons. Le mandat n`indique pas que le président doit parler uniquement avec tel parti et pas avec tel autre. Comme l`Anci n`est pas une propriété privée, il viendra ensuite pour que nous en discutions. Pour l`heure, il n`est pas encore venu nous dire avec qui il a discuté. Mais déjà, on veut nous amener à faire un procès d`intention. Nous disons non. Nous l`attendons donc. Ceci étant, c`est vraiment mal me connaître que de penser à une politique du fait accompli. Personne ne me mettra devant le fait accompli. Ni moi, ni ceux qui sont avec moi, personne ne peut nous imposer quoi que ce soit. Si quelqu`un a ce rêve, c`est son droit mais il apprendra à ses dépens qu`on ne nous met pas devant le fait accompli. Nous sommes des gens responsables. Quand le moment sera venu, nous dirons à la Côte d`Ivoire avec qui nous faisons alliance pour le développement du pays. La sortie de crise n`est pas un bal populaire où chacun va venir faire des pas de dance au hasard. On soutient quelqu`un pourquoi ? Parce qu`il a de beaux yeux, parce qu`il parle bien ou parce qu`il a de l`argent ? A l`Anci, nous aimons l`argent comme tout le monde mais nous voulons faire passer l`intérêt de la Côte d`Ivoire avant.
Les dissident disent que par souci de gratitude, l`alliance devrait se faire avec le Fpi ou à tout le moins, avec Laurent Gbagbo qui dès le départ, s`est montré proche de vous en vous apportant soutiens logistique et financier.
Le problème, c`est pourquoi ces dissidents ont cette brusque démangeaison ? Un processus est en cours. Pourquoi ces personnes ne viennent pas aux réunions pour faire partager leur point de vue ? Il n`y a pas de fumée sans feu. Cette période est celle de la traite. Chacun veut se faire voir en espérant avoir un peu. Nous, nous ne sommes pas dans cette logique. L`avion de l`Anci n`a pas de rétroviseur pour faire marche arrière. Personne ne nous imposera un agenda. Ils veulent faire croire aux gens qu`ils aiment Laurent Gbagbo plus que nous. Mais, ce qu`il faut savoir, c`est que nous ne sommes pas dans un processus d`amour.
Quand vous dites que l`avion de l`Anci ne fait pas marche arrière, voulez-vous insinuer que l`Anci ne peut pas retourner au Rdr d`où il est venu ?
Pourquoi pas le Pdci-Rda ou une autre formation politique ? On ne peut pas continuer à faire dans sa vie des pas de cabri. Il faut avoir une vision surtout quand on a la prétention de diriger les gens. Ce qui nous intéresse à l`Anci, c`est l`avenir de la Côte d`Ivoire. Celui avec qui nous ferons l`alliance, c`est celui qui nous convaincra que demain le pays sera autre chose, un pays où les jeunes, après leurs diplômes n`auront pas à gérer que des cabines téléphoniques. L`Anci veut retrouver la belle Côte d`Ivoire, de la fraternité, de l`unité... C`est de ces choses-là qu`il faut parler. Ce n`est donc pas une affaire de tam-tam.
Quand vous dites qu`on ne va pas imposer quelque chose à Jean Jacques Béchio, à qui la mise en garde est adressée ? A celui que vous avez mandaté pour aller négocier ?
Ce n`est pas une mise en garde, c`est une constatation. On me connaît quand même dans ce pays et ce n`est pas de la prétention. C`est parce que je suis Jean Jacques Béchio que je suis secrétaire général de l`Anci. Ce n`est pas une affaire de hasard dans laquelle on aurait jeté des cauris. Si quelqu`un pense qu`il peut bricoler quelque chose, cette personne me connaît mal et elle connaît mal ceux qui m`ont mis au poste de secrétaire général. Ce que je dis est donc plutôt un conseil sinon les gens risquent de donner leur argent et ça risque d`être cadeau.
Interview réalisée par Touré Moussa & Marc Dossa