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Société Publié le vendredi 13 novembre 2009 | Nord-Sud

Enseignement supérieur : Les imams entrent à l’université

L’Institut international de l’imamat en Afrique (3i) d’Abidjan a débuté ses cours le 15 octobre. Mercredi, nous avons rendu visite à ses premiers auditeurs.

L’image rappelle la fin d’un cours au campus de Cocody ou dans toute autre université du monde : Des apprenants aux pas lourds et bruyants qui se suivent à la sortie d’une salle. Des commentaires sur la leçon du jour. Des chahuts ou des tapes amicales pour parler du programme de l’après-cours. La différence ici, c’est que les étudiants sont presque tous des chefs de famille. Mieux, ce sont des guides religieux.

Nous sommes à l’Institut international de l’imamat en Afrique (3i). Créée depuis un an par le Conseil supérieur des imams (Cosim), l’école, située dans l’enceinte de la mosquée Arafat de la Riviera Bonoumin, a débuté ses cours le 15 octobre. Les auditeurs, comme on les appelle ici, sont pour le moment au nombre d’une trentaine.

Ils apprennent la théologie islamique, l’arabe et plusieurs autres disciplines. A 13 heures ce mercredi 11 novembre, c’est un cours de français qui vient de s’achever. La leçon du jour a porté sur la ‘’Gestion de la diversité’’. Pendant la séance dont nous avons suivi les 15 dernières minutes, le professeur Téra Kalilou, linguiste à l’université de Cocody, et un autre pédagogue ont instruit leur auditoire sur des notions comme le tribalisme, la xénophobie, le népotisme, l’ethnocentrisme, le monothéisme… Ils ont aidé les apprenants à maîtriser à la fois le sens réel de chaque terme et son contraire.

Des cours très animés

Ces explications sont accompagnées de leçons de grammaire et de vocabulaire. Au total, une mise à niveau en français de ces hommes de Dieu qui se sont limités, pour la plupart, à des études en arabe. Le français qu’ils ont appris sur le tas est généralement approximatif. Alors, tout en les aidant à comprendre des concepts de leur environnement, les formateurs les aident à parfaire leur expression dans la langue de Molière utilisée pendant les prêches. Lorsqu’une question est posée, celui qui veut répondre lève le doigt. Parfois, les réponses viennent simultanément de deux ou trois personnes. Preuve d’un engouement qui ne peut que motiver les enseignants. Ceux-ci se lèvent régulièrement de leurs sièges placés à la droite de la porte. Ils font quelques pas vers les auditeurs assis chacun sur sa chaise et devant sa table, ou se mettent devant le tableau pour écrire un mot ou une phrase.

A quelques minutes de 13h, le cours est très animé quand le muezzin de la mosquée, située à une trentaine de mètres du bâtiment de l’institut, entame l’appel à la prière de zouhr. Profs et enseignants se regardent un moment comme pour se dire que la séance va bientôt prendre fin. Le Pr Téra commence sa conclusion, mais ne peut pas aller jusqu’au bout. Le muezzin, dont la voix est amplifiée par une sono, appelle de nouveau. « Je crois que c’est bon pour aujourd’hui », conclut-il. Les étudiants, presque tous vêtus de boubou, se lèvent avec leur classeur ou leur cartable. Nous reconnaissons l’imam Bakayoko, de la mosquée Kangakoura de Koumassi, de même que d’autres imams bien connus. Le sac en bandoulière, le bouillant secrétaire à l’organisation du Cosim dépasse son véhicule qui l’attend (plusieurs imams présents étaient véhiculés) et se dirige vers la mosquée où la prière doit commencer dans peu de temps. Nous réussissons à accoster les imams Diarrassouba Souleymane de la mosquée Sabil Nadja d’Abobo et Diabi Ousmane de la mosquée de Andokoi dans la commune de Yopougon. «Cette formation est une très bonne chose. Nous saluons les initiateurs parce qu’ils nous donnent l’occasion de parfaire notre instruction. Tous les imams devraient participer à ces cours. Celui qui reste à la maison croyant qu’il sait tout, il se rendra compte qu’il a encore beaucoup à apprendre le jour où il viendra ici. Je sais qu’en venant ici, nous dépensons dans le déplacement parce que certains viennent même de l’intérieur du pays. Je sais aussi que nous manquons des cérémonies dans nos mosquées. Que les fidèles sachent que nous faisons tout ce sacrifice pour eux. Mieux nous serons formés, plus riches seront nos prêches », se réjouit le premier. « Cette école nous apporte une formation culturelle, intellectuelle et sociale. Je suis très satisfait. Il est vrai que c’est éprouvant puisqu’il faut désormais coupler études et responsabilités de chef de communauté, mais ce n’est pas fortuit », poursuit le second. Même satisfaction chez les formateurs. « J’ai été sollicité par le Cheick Aboubacar Fofana pour faire ce travail. Je suis à la rétraite, mais, j’ai répondu favorablement pour contribuer au développement de la communauté islamique », poursuit le Pr Téra Kalilou.

Cissé Sindou
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