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Politique Publié le mercredi 18 novembre 2009 | Le Patriote

Jean kacou Diagou,président de la CGECI - “Les indices de développement humain sont catastrophiques”

Ce moment est important, il est même historique pour le Patronat, comme nous l’avions dit lors de notre première rencontre. Car c’est pour la première fois en période électorale, que nous prenons l’initiative d’entendre les différents candidats à l’élection présidentielle sur leur projet pour la société ivoirienne et tout particulièrement sur leur vision du développement du secteur privé.
Je voudrais en votre nom à tous, du secteur privé dans toutes ses composantes, traduire notre gratitude à M. Alassane Dramane Ouattara, président du Rassemblement des républicains, pour avoir accepté de répondre à notre invitation, par l’intermédiaire du Cercle Libéral, club de réflexion, proche de votre parti et de son dynamique président, M. Félicien Agbahi.
Merci monsieur le président, pour l’honneur que vous nous faites en acceptant de vous livrer à cet exercice, après le professeur Françis Wodié, président du PIT et de M. Innocent Analy Kobéna, président du MFA, qui je l’espère, sera profitable à tous.
Mesdames et messieurs,
Vous me permettrez de me livrer au même exercice que devant nos deux premiers candidats en retraçant l’état de la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui et en posant quelques questions au candidat Alassane Dramane Ouattara.
En effet, un panorama rapide de l’histoire économique de notre pays, nous permet de dire qu’au-delà des avancées remarquables enregistrées pendant la période qualifiée de « miracle ivoirien » dans la période de 1960 à 1979, le niveau de création de richesses est resté en deçà du niveau qui aurait permis un décollage économique définitif.
Après une embellie des années d’après la dévaluation, il s’est même fortement dégradé pendant la période de crise que nous vivons encore aujourd’hui et que nous pouvons même aujourd’hui qualifier de «Décade perdue » pour l’économie ivoirienne, dont le PIB a fortement chuté.
En effet, cette période est marquée par une détérioration vertigineuse des fondamentaux de l’économique et de la société ivoirienne.
Sur le plan économique, le moteur de création de richesses que constitue le secteur privé, ne fonctionne plus de façon optimale.
Car, il n’a plus la capacité d’absorber les nouveaux travailleurs alors que l’économie informelle prend des proportions alarmantes.
L’appareil productif n’est plus suffisamment modernisé, et l’Etat n’investi plus dans les infrastructures de base, en effet :
*les investissements privés qui représentaient 15 % du PIB en 1980 ne représentent plus que 7 % du PIB en 2008
Les investissements publics qui représentaient 13 % du PIB en 1979 ne représentant plus que 3 % du PIB en 2008.
Plusieurs secteurs d’activité enregistrent des pertes de compétitivité tragiques au niveau international. De toute évidence, cela est dû à une déstructuration institutionnelle des filières, qui est notamment passée par celles des structures d’appui et du cadre réglementaire, la baisse importante de l’investissement ainsi que la dégradation du mode de gestion des activités.
On enregistre ainsi des pertes de parts de marché spectaculaires au niveau mondial pour :
*L’ananas est passé d’une production de 213.000 tonnes en 1999 à 60.000 tonnes en 2008
*La mangue, de 10.000 tonnes en 1999 à 6.000 tonnes en 2008
*Le bois, de 5 millions de m3 en 1979 à 1,468 millions de m3 en 2008
*Le café, passé de 380.000 tonnes en 2000 à 171.000 tonnes en 2007
*Le coton, de 161.000 tonnes en 2000 à 79.605 tonnes en 2007
*Le thon, de 100.000 tonnes en 2000 à 57 000 tonnes en 2007.
Même des bastions tels que le Cacao ont vu et voient toujours, leurs fondamentaux fortement entamés avec des vergers vieillissants et mal entretenus et une déstructuration complète des cellules d’encadrement de la filière ainsi que des baisses de la qualité du produit, depuis le démantèlement de la filière café-cacao dont le point d’orgue fut la dissolution de la Caisse de Stabilisation.
Sur le plan international, et vous le savez mieux que quiconque en Côte d’Ivoire la perception de notre pays a atteint des niveaux particulièrement négatifs auprès des investisseurs.
Notre classement au « Doing Business 2010 » est de 168è / 183 pays en recul de 5 points sur l’année passée
Au World Economic Forum de 2010, notre rang est de 116è / 133 pays.
Et pour le transparency international de 151è / 180 pays.
Ces classements sont suffisamment éloquents à cet égard de notre recul dans le concert des nations et de sa visibilité par les investisseurs…
Le plus tragique pour la Côte d’Ivoire, aujourd’hui, est sans aucun doute le niveau catastrophique des indices de développement humain qui ressortent des statistiques des Nations Unies.
Pris globalement, la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui affiche les performances suivantes :
*49 % de la population vit avec moins de 2 dollars par jour
*14 personnes sur 100 souffrent de malnutrition.
*Le taux de scolarisation net à l’école primaire recule de 75 % en 1980 à 56 % en 2008 contre 98 % en Tunisie… nos pays présentaient les mêmes similitudes dans les années 60, 70.
*Chaque instituteur a à charge au moins 42 enfants en moyenne contre 18 en Tunisie, pour ne citer que ce pays. Nos établissements qui étaient des lieux d’excellence, de formation de la jeunesse et de préparation de l’avenir du pays, riment aujourd’hui avec violence, incompétence et pratique mafieuse.
Finalement sur le plan du système de santé :
*Nous avons un médecin pour 10.000 habitants contre 13 en … Tunisie.
*Nous avons 4 lits d’hôpitaux pour 10.000 habitants contre 19… en Tunisie.
*Et enfin, l’espérance de vie passe de 56 ans en 1980 à 47 ans en 2008… vivre en Ci nous expose à vivre de 20 à 30 ans moins longtemps que dans des pays qui avaient notre niveau de développement dans la période des indépendances. Ces forces vives disparaissent prématurément au moment où leur expérience acquise devait servir à la communauté, au reste du monde.
C’est tout cela la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui.
Malgré cette sévère crise, le Pays reste cependant debout, il est celui ayant le socle économique le plus diversifié, le parc d’infrastructures le plus moderne même dégradées dans l’UEMOA voire dans la CEDEAO. Ce n’est pas un sujet de réjouissance, mais tout n’est pas perdu pour autant.
Tout n’est pas négatif, car les entreprises, aux prix de nombreux et importants sacrifices, résistent tant bien que mal à la bourrasque, mais pour combien de temps encore ?
Fort de ces atouts, et grâce à l’effort de tous et particulièrement du secteur privé, qui, en dépit du poids de plus en plus insupportable de la dette intérieure et contribue par ces impôts et taxes au fonctionnement de l’Etat, le pays a pu conclure avec les institutions de «Bretton Woods » un Programme économique d’urgence Post-conflit (AUPC) en aout 2007. Celui-ci a contribué à une relative amélioration de la situation économique entraînant pour l’année 2008, un taux de croissance de 2.3 % contre 1,5 l’année précédente.
A partir des progrès enregistrés dans le cadre du Programme d’Urgence, le gouvernement a élaboré un programme économique et financier triennal pour la période 2009-2011, et visant :
-à maintenir la stabilité macroéconomique,
-à stimuler la croissance et lutter contre la pauvreté par l’assainissement des finances publiques.
-à permettre, à terme, d’atteindre le point d’achèvement de l’initiative pour les Pays pauvres très endettés (PPTE) en vue d’un allègement de la dette publique.
Ce programme triennal, prend aussi en compte l’accélération des réformes structurelles et la création d’un cadre institutionnel propice aux activités du secteur privé.
Par ailleurs, l’évolution significative enregistrée au niveau de nos instances communautaires, la signature future de l’Accord de Partenariat économique (APE) entre l’Union européenne et les pays de la région Afrique de l’Ouest, conjuguée avec les effets de la mondialisation, fait de la Côte d’ivoire un espace économique ouvert, donc confronté à la concurrence internationale parfois exacerbée et à la pression de la mondialisation de l’économie internationale.
C’est dans ce contexte que les prochaines élections présidentielles, qui annoncent la sortie de crise de notre pays, constituent un enjeu essentiel pour le secteur privé.
Ce dernier, incontestablement, sort meurtri de cette situation appelle de tous ses vœux, un environnement des affaires plus propice à la création d’emplois et de richesses, délivrés de la corruption, la bureaucration, le racket.
Le secteur privé qui a besoin, mais aussi qui est prêt pour relever les multiples défis de la mondialisation, fonde beaucoup d’espoir dans la sortie de crise du pays, signe de la relance économique.
C’est dans cette optique que, le Conseil d’administration de la CGECI a souhaité organiser avec les autres organisations du secteur privé, les présentes rencontres avec les candidats à l’élection présidentielle.
La rencontre d’aujourd’hui, que je considère comme fraternelle nous permettra d’échanger avec vous, Monsieur Alassane Dramane Ouattara, (ancien Premier ministre ayant géré ce pays à un autre moment tout aussi difficile sur le plan économique), de connaître et de comprendre vos positions sur les grandes questions nationales à court, moyen et long terme et plus précisément votre projet de société au plan économique et social.
Les crises économiques et sociopolitiques des 30 dernières années ont créé des fissures importantes dans notre système économique et les fondations de notre société.
Nous sommes aujourd’hui à un autre point d’inflexion important de l’évolution historique de notre pays et cela appelle un certain nombre d’interrogations :
*Pouvons-nous enrayer cette dégradation des fondations de notre société ?
*Pouvons-nous réinventer notre modèle économique et changer fondamentalement la trajectoire de notre nation ?
*L’état ivoirien sera-t-il capable de se réinventer lui-même et d’orchestrer sa propre mutation de façon constructive et durable en concert avec le secteur privé et la société civile ?
*Le développement d’un pays n’étant possible que si la formation des hommes et spécialement des jeunes est réalisée de façon efficiente, quel est votre plan de réforme pour redonner à la Côte d’Ivoire une école d’excellence tournée vers la formation de cet Ivoirien nouveau pénétré de nos valeurs cardinales qui sont : Union, Discipline, Travail et non attirée par des valeurs étrangères à notre culture que : sont la Division, la violence et la Paresse ?
*Quels mécanismes pour une meilleure gouvernance de lutte efficace contre la corruption et le racket, ces gangrènes de l’économie, pour une compétitivité forte de notre environnement des affaires et de nos entreprises faite de dynamisme avec une vision forte, dans un Etat fort ? Etc.
*Enfin, quelle place réelle, et non du bout des lèvres, l’Etat de la nouvelle Côte d’Ivoire compte réserver au secteur privé, et selon quels mécanismes concrets ?
Quant à vous chers amis invités, votre forte présence de ce matin est déjà un gage de succès de ce débat d’idées auquel, je suis sûr, que vous allez participer de façon active, constructive et surtout courtoise pour la promotion de notre économique et de nos affaires.
Mesdames, messieurs, bon déjeuner-débat.
Je vous remercie !
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