Pour mieux comprendre le litige qui oppose le Secrétaire général de la préfecture d'Abidjan à M. Tanoh, nous avons approché le préfet d'Abidjan qui a aimablement accepté de répondre à nos questions en présence des deux Secrétaires généraux de la préfecture d'Abidjan M. Amankou Kassi Gabia et Legré Koukougnon.
M. le préfet, M. Tanoh dit que le Secrétaire général de la préfecture occupe sa maison depuis 15 mois et qu'il ne paye pas le loyer qui s'élève aujourd'hui à près de 7 millions. Que savez-vous de cette affaire ?
Oui, je suis au courant de l'affaire. En 2007, quand la préfecture d'Abidjan a été rouverte, il fallait loger les deux secrétaires généraux de préfecture. Nous nous sommes adressés à la Sogepie qui nous a dit que concernant les membres du corps préfectoral, il fallait plutôt voir avec la direction des affaires financières du Ministère de l'Intérieur. Il faut dire que le texte qui prévoit les montants des loyers des secrétaires généraux avait été pris sans tenir compte certainement d'Abidjan où on ne peut trouver une maison pour un secrétaire général à 90.000Fcfa. C'est pour cette raison que le deuxième secrétaire général loge aujourd'hui dans sa propre maison. Le premier a aussi sa propre maison mais malheureusement elle est occupée. Il fallait donc lui trouver une maison et dans nos recherches, nous avons trouvé une maison qui appartient à M. Tanoh avec qui nous avons signé un contrat de bail.
Mais vous saviez bien que le taux de bail du secrétaire général était largement inférieur au montant du loyer de la maison de M. Tanoh ?
Oui, nous le savions. Et c'est pour cette raison que nous avons écrit au directeur général du budget pour lui soumettre cette question. Le directeur général du budget a alors mis à la disposition du Ministère de l'Intérieur la somme de 8 millions que nous avons utilisés pour payer M. Tanoh. Et comme le secrétaire général était toujours dans la maison, nous avons engagé la même procédure. Je me suis déplacé moi-même pour aller voir l'actuel directeur général qui a promis de payer jusqu'en janvier 2010 en attendant qu'on trouve des maisons pour les deux secrétaires généraux. Donc on a dit à M. Tanoh de passer nous voir. Nous sommes donc étonnés qu'il veuille faire une grève de la faim puisqu'il n'y a même pas une semaine il est passé me voir pour me dire qu'il avait des difficultés avec la scolarité de son fils. Je lui ai donné 100.000Fcfa de ma poche pour qu'il aille régler ce problème, le temps que je vois avec le directeur du budget pour qu'on lui paye ce qu'on lui doit.
Oui, mais M. Tanoh dit que cela fait 15 mois qu'il attend qu'on lui paye cet argent et qu'il n'en peut plus étant donné que vous lui devez maintenant 7 millions…
Il a été payé jusqu'au 14 janvier 2009. Nous pensions que l'Etat allait mettre une maison à notre disposition, mais ça n'a pas été fait. Donc au 14 janvier 2010, il y a 8 millions qu'on doit lui payer. C'est ce que je dis. Comme on a changé le directeur général du budget, je suis allé voir moi-même le nouveau et je souhaite que vous écriviez cela pour que M. Tanoh le sache et comprenne que le nouveau directeur général du budget nous a donné son accord pour payer son argent. Moi le préfet d'Abidjan, j'ai rencontré le nouveau directeur général du budget et il a donné des instructions pour que l'argent soit payé. Mais vous savez qu'entre donner des instructions et puis mettre tout ça en musique et trouver l'argent pour payer, il y a certainement un problème de liquidité qui fait que ça traine. Sinon, M. Tanoh va être payé. Parce que l'Etat doit loger les deux secrétaires généraux. Il n'y a pas de problème.
M. Tanoh soutient que ayant attendu 14 mois pour percevoir les premiers 8 millions et vu tous les désagréments qu'il avait subis, il avait demandé au secrétaire général de libérer sa maison parce qu'il voulait la mettre en vente. Pourquoi le secrétaire général s'y est maintenu?
Mais M. Tanoh n'avait qu'à engager la procédure ? Nous sommes dans un Etat de droit ! Ce n'est pas parce que c'est un secrétaire général de préfecture que par la force, il va occuper sa maison ? Nous sommes dans un Etat de droit. Qu'il engage la procédure et nous irons voir le Ministre de l'Intérieur pour lui dire que le secrétaire général de la préfecture d'Abidjan n'a pas de maison. Et puis on va lui trouver une maison ! Quand même, l'Etat est toujours solvable et puis l'Etat c'est l'Etat. La maison de M. Tanoh n'est pas aussi extraordinaire que ça pour qu'on s'y maintienne de force. Moi je ne le connais pas mais pour des raisons sociales, parce que je vois que son fils ne va pas aller à l'école, je lui ai donné 100.000Fcfa pour aller payer la scolarité de son fils qui s'élève à 75000Fcfa m'a-t-il dit ! Je lui ai donné mon argent qu'on me paye à la fin du mois !
Etes-vous conscient M. le préfet que cette situation cause d'énormes désagréments à M. Tanoh qui est un gendarme à la retraite et qui utilise toute sa pension pour faire la navette entre Abidjan et Abengourou où il vit ?
Dites à M. Tanoh d'engager la procédure et le secrétaire général quittera sa maison…
Et dans ce cas, vous ne paierez plus ce que vous lui devez ?
Si, on paiera. Ce n'est pas parce que c'est le secrétaire général. Je vous vois venir là ! On pense que nous sommes en train d'exercer une pression. Non, on ne le fera pas, parce que si on le fait vous allez le dénoncer, vous les journalistes…
Bien sûr, on le dénoncera avec vigueur… !
Que M. Tanoh engage la procédure. Le secrétaire général quittera la maison, mais ce qui est certain, nous lui paierons ce qu'on lui doit. Et puis, ce n'est pas nous qu'il va attaquer, c'est l'Etat de Côte d'Ivoire.
M. Tanoh dit aussi que le dossier du secrétaire général a été rejeté par le Daaf du Ministère de l'Intérieur parce qu'il n'a droit qu'à un bail de 120.000Fcfa alors qu'il dort aujourd'hui dans une maison de 500.000Fcfa par mois ?
C'est tout ce qu'il peut dire ! C'est parce que ça a été rejeté qu'on lui a déjà payé 8 millions ! Si on avait payé ce qu'on lui doit en ce moment, il ne vous aurait pas saisi. Mais quand on lui payait les 8 millions au départ, pourquoi n'a-t-il pas dit que le dossier a été rejeté ? Est-ce qu'il connaît le circuit administratif ? Pourquoi l'Etat a déjà payé 8 millions ? Si son dossier a été rejeté, pourquoi n'a-t-il pas engagé la procédure pour que le secrétaire général quitte sa maison ?
Mais c'est parce que vous lui avez promis dans un document écrit dont je détiens copie que vous alliez lui payer 12 mois par anticipation. N'est-ce pas pour cette raison qu'il n'a pas engagé la procédure ?
C'est ce que je vous ai expliqué tout à l'heure. Je n'ai pas utilisé le terme anticipation parce que, quand j'ai présenté le dossier au nouveau directeur général du budget, il a décidé de payer jusqu'à la fin 2010, le temps de trouver une maison pour le secrétaire général.
Donc vous donnez l'assurance aujourd'hui que M. Tanoh va recevoir son argent ?
Oui, je le dis…
Dans combien de temps ?
Non, ça je ne saurais le dire ! Parce que un fait est de donner des ordres pour payer et un autre est d'avoir l'argent pour payer. Mais le principe général est que l'Etat est toujours solvable.
Entretien réalisé par ASSALE TIEMOKO
M. le préfet, M. Tanoh dit que le Secrétaire général de la préfecture occupe sa maison depuis 15 mois et qu'il ne paye pas le loyer qui s'élève aujourd'hui à près de 7 millions. Que savez-vous de cette affaire ?
Oui, je suis au courant de l'affaire. En 2007, quand la préfecture d'Abidjan a été rouverte, il fallait loger les deux secrétaires généraux de préfecture. Nous nous sommes adressés à la Sogepie qui nous a dit que concernant les membres du corps préfectoral, il fallait plutôt voir avec la direction des affaires financières du Ministère de l'Intérieur. Il faut dire que le texte qui prévoit les montants des loyers des secrétaires généraux avait été pris sans tenir compte certainement d'Abidjan où on ne peut trouver une maison pour un secrétaire général à 90.000Fcfa. C'est pour cette raison que le deuxième secrétaire général loge aujourd'hui dans sa propre maison. Le premier a aussi sa propre maison mais malheureusement elle est occupée. Il fallait donc lui trouver une maison et dans nos recherches, nous avons trouvé une maison qui appartient à M. Tanoh avec qui nous avons signé un contrat de bail.
Mais vous saviez bien que le taux de bail du secrétaire général était largement inférieur au montant du loyer de la maison de M. Tanoh ?
Oui, nous le savions. Et c'est pour cette raison que nous avons écrit au directeur général du budget pour lui soumettre cette question. Le directeur général du budget a alors mis à la disposition du Ministère de l'Intérieur la somme de 8 millions que nous avons utilisés pour payer M. Tanoh. Et comme le secrétaire général était toujours dans la maison, nous avons engagé la même procédure. Je me suis déplacé moi-même pour aller voir l'actuel directeur général qui a promis de payer jusqu'en janvier 2010 en attendant qu'on trouve des maisons pour les deux secrétaires généraux. Donc on a dit à M. Tanoh de passer nous voir. Nous sommes donc étonnés qu'il veuille faire une grève de la faim puisqu'il n'y a même pas une semaine il est passé me voir pour me dire qu'il avait des difficultés avec la scolarité de son fils. Je lui ai donné 100.000Fcfa de ma poche pour qu'il aille régler ce problème, le temps que je vois avec le directeur du budget pour qu'on lui paye ce qu'on lui doit.
Oui, mais M. Tanoh dit que cela fait 15 mois qu'il attend qu'on lui paye cet argent et qu'il n'en peut plus étant donné que vous lui devez maintenant 7 millions…
Il a été payé jusqu'au 14 janvier 2009. Nous pensions que l'Etat allait mettre une maison à notre disposition, mais ça n'a pas été fait. Donc au 14 janvier 2010, il y a 8 millions qu'on doit lui payer. C'est ce que je dis. Comme on a changé le directeur général du budget, je suis allé voir moi-même le nouveau et je souhaite que vous écriviez cela pour que M. Tanoh le sache et comprenne que le nouveau directeur général du budget nous a donné son accord pour payer son argent. Moi le préfet d'Abidjan, j'ai rencontré le nouveau directeur général du budget et il a donné des instructions pour que l'argent soit payé. Mais vous savez qu'entre donner des instructions et puis mettre tout ça en musique et trouver l'argent pour payer, il y a certainement un problème de liquidité qui fait que ça traine. Sinon, M. Tanoh va être payé. Parce que l'Etat doit loger les deux secrétaires généraux. Il n'y a pas de problème.
M. Tanoh soutient que ayant attendu 14 mois pour percevoir les premiers 8 millions et vu tous les désagréments qu'il avait subis, il avait demandé au secrétaire général de libérer sa maison parce qu'il voulait la mettre en vente. Pourquoi le secrétaire général s'y est maintenu?
Mais M. Tanoh n'avait qu'à engager la procédure ? Nous sommes dans un Etat de droit ! Ce n'est pas parce que c'est un secrétaire général de préfecture que par la force, il va occuper sa maison ? Nous sommes dans un Etat de droit. Qu'il engage la procédure et nous irons voir le Ministre de l'Intérieur pour lui dire que le secrétaire général de la préfecture d'Abidjan n'a pas de maison. Et puis on va lui trouver une maison ! Quand même, l'Etat est toujours solvable et puis l'Etat c'est l'Etat. La maison de M. Tanoh n'est pas aussi extraordinaire que ça pour qu'on s'y maintienne de force. Moi je ne le connais pas mais pour des raisons sociales, parce que je vois que son fils ne va pas aller à l'école, je lui ai donné 100.000Fcfa pour aller payer la scolarité de son fils qui s'élève à 75000Fcfa m'a-t-il dit ! Je lui ai donné mon argent qu'on me paye à la fin du mois !
Etes-vous conscient M. le préfet que cette situation cause d'énormes désagréments à M. Tanoh qui est un gendarme à la retraite et qui utilise toute sa pension pour faire la navette entre Abidjan et Abengourou où il vit ?
Dites à M. Tanoh d'engager la procédure et le secrétaire général quittera sa maison…
Et dans ce cas, vous ne paierez plus ce que vous lui devez ?
Si, on paiera. Ce n'est pas parce que c'est le secrétaire général. Je vous vois venir là ! On pense que nous sommes en train d'exercer une pression. Non, on ne le fera pas, parce que si on le fait vous allez le dénoncer, vous les journalistes…
Bien sûr, on le dénoncera avec vigueur… !
Que M. Tanoh engage la procédure. Le secrétaire général quittera la maison, mais ce qui est certain, nous lui paierons ce qu'on lui doit. Et puis, ce n'est pas nous qu'il va attaquer, c'est l'Etat de Côte d'Ivoire.
M. Tanoh dit aussi que le dossier du secrétaire général a été rejeté par le Daaf du Ministère de l'Intérieur parce qu'il n'a droit qu'à un bail de 120.000Fcfa alors qu'il dort aujourd'hui dans une maison de 500.000Fcfa par mois ?
C'est tout ce qu'il peut dire ! C'est parce que ça a été rejeté qu'on lui a déjà payé 8 millions ! Si on avait payé ce qu'on lui doit en ce moment, il ne vous aurait pas saisi. Mais quand on lui payait les 8 millions au départ, pourquoi n'a-t-il pas dit que le dossier a été rejeté ? Est-ce qu'il connaît le circuit administratif ? Pourquoi l'Etat a déjà payé 8 millions ? Si son dossier a été rejeté, pourquoi n'a-t-il pas engagé la procédure pour que le secrétaire général quitte sa maison ?
Mais c'est parce que vous lui avez promis dans un document écrit dont je détiens copie que vous alliez lui payer 12 mois par anticipation. N'est-ce pas pour cette raison qu'il n'a pas engagé la procédure ?
C'est ce que je vous ai expliqué tout à l'heure. Je n'ai pas utilisé le terme anticipation parce que, quand j'ai présenté le dossier au nouveau directeur général du budget, il a décidé de payer jusqu'à la fin 2010, le temps de trouver une maison pour le secrétaire général.
Donc vous donnez l'assurance aujourd'hui que M. Tanoh va recevoir son argent ?
Oui, je le dis…
Dans combien de temps ?
Non, ça je ne saurais le dire ! Parce que un fait est de donner des ordres pour payer et un autre est d'avoir l'argent pour payer. Mais le principe général est que l'Etat est toujours solvable.
Entretien réalisé par ASSALE TIEMOKO