Le “Djinanmory mystificateur” a fini par se dédire et donner ainsi raison aux nombreux Ivoiriens qui jugeaient ses promesses farfelues et ses milliards virtuels. Cela avait pourtant valu au ministre Kahé une réponse ou le mépris le disputait à la suffisance. Mais mardi dernier, devant le patronat, le candidat Alassane Dramane Ouattara a fini par avouer l'évidence, à savoir compter sur les résultats de l'initiative PPTE de Laurent Gbagbo puisqu'il déclare lui- même que les ressources proviendront de “l'allègement de la dette extérieure qui dégagera 500 milliards par an…”. Cet allègement de la dette extérieure n'est rien d'autre que la remise de la dette qui interviendra à l'issue du point d'achèvement de l'initiative des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE). Le ministre Kahé ne disait rien d'autre quand il écrivait ceci à Ouattara : “Quant au financement non direct par les banques, il a tari et sera de plus en plus marginal, compte tenu de ce que de nombreux pays africains ont atteint le point d'achèvement ou de décision de l'initiative PPTE et ne peuvent donc pas emprunter dans le cadre de guichets favorables. La Côte d'Ivoire a donc peu de chance de faire appel à ce type de financement avant de nombreuses années. A moins que vous ne comptiez sur les résultats de l'initiative PPTE obtenus par Laurent Gbagbo”. M. Ouattara, qui avait bâti son argumentaire sur sa connaissance des rouages de la finance internationale pour mystifier les Ivoiriens, vient d'avouer devant le patronat ivoirien qu'il compte sur le travail de son prédécesseur pour la distribution de ses milliards. Devant des hommes d'affaires avertis, il ne pouvait faire autrement. Car le cadre et le contexte sont différents de celui des foules dont on profite abusivement du faible niveau d'instruction. Mais pour se donner bonne conscience, le “Djinanmory” s'empresse d'associer son nom à ce résultat du gouvernement. Lui qui a pourtant utilisé tous ses relais obscurs pour contrecarrer cette initiative s'en fait aujourd'hui le père. Victoire, quand tes pères sont multiples!!!. La guerre est intervenue à quelques jours de la signature du PPTE dont les résultats auraient fait décoller l'économie ivoirienne et mis sur orbite l'adversaire Laurent Gbagbo. A la reprise des négociations, les relais des opposants ont fait feu de tout bois pour ne pas faire aboutir l'initiative. Mardi dernier, il se retrouve des vertus républicaines et affirme “c'est vrai que nous sommes de l'opposition, mais à travers cette action, nous avons mis l'intérêt du pays en avant. A ce sujet, j'ai eu des rencontres avec le Directeur général du FMI, Strauss-Kahn” après avoir soutenu que vu l'urgence de la situation et en accord avec le président Bédié dans le cadre du RHDP, il s'est personnellement impliqué dans les négociations ayant permis à la Côte d'Ivoire d'atteindre le point de décision de l'initiative PPTE. Jugeant ses promesses réalistes car en dessous des 17.600 milliards que les bailleurs de fonds multilatéraux comptent mobiliser sur les 7 ans pour financer le DSRP (Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté ), le candidat du RDR oublie de mentionner que ce document est l'œuvre du ministre d'Etat Paul Antoine Bohoun Bouabré et de l'expert Paul Koffi Koffi. Ces 17.600 milliards sont-ils des promesses des bailleurs de fonds ou l'indication d'un besoin de financement? Car recevoir de l'architecte un devis de 10 millions pour la construction de sa maison ne saurait signifier que cet architecte les met à votre disposition. Encore là, rien de nouveau sous les tropiques, sinon une pâle copie du programme de Laurent Gbagbo. La copie est si forte que l'on se surprend à découvrir un candidat devenu subitement nationaliste et patriote, défenseur de la coopération avec la Chine, lui que les Français veulent installer pour une meilleure défense de leurs intérêts “L'argent chinois ne m'effraie pas, mais je ne l'accepterai pas à n'importe quelle condition”, a-t-il déclaré. Depuis quand l'argent chinois est assorti de conditionnalités? Le Président Laurent Gbagbo, ainsi que ses pairs africains et des observateurs ont toujours salué la coopération avec la Chine par le respect qu'elle témoigne à l’Afrique. En ramenant son exposé à son passage à la Primature, Ouattara ne rassure guère dans la mesure où il avait déclaré peu avant le décès du Président Félix Houphouet-Boigny suivi de la dévaluation du FCFA qu’il n’était pas en mesure de payer les fonctionnaires à la fin de l’année. A moins de nous servir en cas d'élection, une autre dévaluation aux conséquences amères pour les Ivoiriens. On pourrait aussi se demander pourquoi Dramane Ouattara a autant besoin de béquilles pour tenter de convaincre alors qu'un argument se veut convaincant par lui-même. Si malgré son titre de Directeur général adjoint du FMI et sa proximité avec Félix Houphouet Boigny dont il rappelle à satiété avoir été le Premier ministre, et son background d’économiste rien ne semble aller pour lui, c’est qu’il a anguille sous roche. C’est que les Ivoiriens et avec eux de nombreux Africains se souviennent encore de ce qu’a été le FMI du temps des Ouattara, Soglo et autres. Une institution financière qui a envoyé des Africains en Afrique pour détruire tous les fondements sociologiques, économiques et sociaux du continent. Mais ce que l’on retient surtout de Ouattara, c’est qu’il est vraiment un enfant du FMI. Il ne peut rien faire de ses propres mains. Il n’aime que les prêts à porter, les packages. C’est-à-dire, des choses toutes faites comme les résultats du travail colossal abattu par Laurent Gbagbo et son équipe. A savoir, le document de réduction de la pauvreté avec ses 17 milliards de FCFA sur sept ans, le PPTE avec ses 500 milliards de FCFA sans compter la rigueur instaurée dans le recouvrement des impôts dus à l’Etat qui ont fait monter le budget de la Côte d’Ivoire à 2000 milliards l’an. Du jamais vu puisqu’avec Ouattara ce même budget tournait autour de 500 milliards. Seulement. Zabril Koukougnon
Politique Publié le jeudi 19 novembre 2009 | Notre Voie