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Politique Publié le vendredi 20 novembre 2009 | Nord-Sud

Elections du conseil municipal : Comment le Rdr a perdu Daloa

Malgré sa domination sans partage dans le précédent conseil municipal, le parti d'Alassane Ouattara n'a pas pu conserver les postes de maire et de premier adjoint lors du vote intervenu mercredi.

Le Rassemblement des républicains (Rdr) n'a pas pu sauver le fauteuil très symbolique de Frédéric Guédé Guina. La mairie de Daloa, capitale du Haut-Sassandra, était l'un des trophées phares que le parti de la rue Lépic avait décrochés à l'issue des municipales de 2001. Elle est tombée mercredi dans l'escarcelle du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (Pdci), à l'issue d'un vote organisé mercredi dans la cité des Antilopes. La victoire de Me Kossougro Séry Christophe, il la doit au ralliement de 10 des 25 conseillers municipaux Rdr présents (Sur un total de 35). Mais, surtout, elle lui a été offerte sur un plateau d'or par le parti de M. Alassane Ouattara.

Pour comprendre ce casse-tête, il faut remonter à la guerre de succession qui a éclaté lors du décès du maire Guédé Guina le 4 août. Le conseil municipal de 46 membres est reparti entre le Pdci, le Rdr, le Front populaire ivoirien (Fpi) et une liste indépendante. Le Rdr majoritaire était bien parti pour se succéder à lui-même. C'était sans compter avec les luttes d'intérêts.

La famille politique du défunt maire se divise dès le départ. Zana Ouattara, 4e adjoint au maire et Séry Gozé Bertin, transfuge de la liste indépendante et actuellement commissaire politique du Rdr, se positionnent très vite face à Diabaté Kramoko, premier adjoint. Face au risque politique, le Rdr convoque ses six adjoints le 19 août à Abidjan. Le secrétaire national chargé des élus, Koné Sourou, leur recommande le consensus autour de Diabaté Kramoko. Peine perdue. «Tous les ressortissants bété se sont retrouvés pour dire qu'ils ne peuvent pas concevoir que les six adjoints au maire du nouveau conseil municipal soient tous du Nord. Et, je voudrais attirer l'attention de la direction du parti sur ce fait. Il faut qu'elle se rende à Daloa pour prendre le pouls réel de la situation avant de prendre une quelconque décision », avertit Bertin Déry Gozé, dans une interview publiée le 20 août par le Nouveau Réveil, le journal du Pdci. Les chefs traditionnels bété entrent en scène. Conduits par leur conseiller, Blé Gbaï Ernest, ils rencontrent le grand imam de Daloa, Diaby Abass et les chefs des communautés allogènes le 1er septembre. Ils exigent la fin d'une campagne indécente alors que leur frère n'a pas encore été enterré. « C'est à nous de vous dire qui doit succéder à Guédé Guina à Daloa », soutiennent-ils. C’est dans cette ambiance électrique que sa famille politique échouera à inhumer le maire, malgré l'aval de la veuve et des enfants. Les parents du village s'y étant opposés. A l'évidence, la défaite de Daloa doit interpeller la direction du Rdr. Celle-ci doit, avec humilité, tenir compte des réalités locales au lieu de croire que tout lui est permis. Car, la consigne de vote du parti n'a pas résisté aux alliances de terrain qui ont vu son candidat passer à la trappe même pour le poste de premier adjoint. Ouattara Zana, désormais premier adjoint au maire et Me Kossougro ont été élus avec le même score (19-15). L'idée du vote mécanique risque de réserver des surprises désagréables pour les prochains scrutins. Au-delà des appareils politiques, cette élection s'est jouée sur les hommes. Seulement 3 conseillers Pdci étaient présents contre 4 Fpi, 2 indépendants et 25 Rdr. Ce qui montre la force de ratissage du nouveau maire. Un avertissement à prendre au sérieux!

Kesy B. Jacob
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