A moins de 10 jours de la fête de la Tabaski, le marché du bétail ne présente pas encore un visage reluisant. Du fait de certaines difficultés, des retards ont été accusés dans le convoyage des animaux. Mais les opérateurs rassurent que tout va rentrer dans l’ordre à partir de demain.
Le parc à bétail de Port-Bouët a véritablement pris forme. Comparativement à 2008, le site a changé de visage. De grands murs d’une hauteur d’environ 2 mètres de haut, délimitent désormais cet espace réservé aux petits ruminants. Plusieurs portails permettent aux visiteurs d’accéder au parc. A l’intérieur, les animaux, en nombre moins impressionnant, sont parqués dans certains enclos en bois. Sous un soleil de plomb ce jeudi 19 novembre, des jeunes gens, à l’aide de pousse-pousse, s’activent pour apporter des tourteaux et de l’eau aux bêtes. Des poteaux électriques sont installés sur le site pour l’éclairage une fois la nuit tombée. Le parc a l’allure d’un véritable lieu d’échanges commerciaux. Puisqu’à proximité des enclos, des vendeuses de divers objets ne cessent d’attirer l’attention des passants vers leurs étals.
Des risques liés aux élections!
Des bouchers proposent également de la viande braisée aux marchands de bétail qui prennent un moment de repos sous des parasols dressés ça et là. Ils devisent autour du thé. «Vous le constatez vous-même. Le marché est encore timidement approvisionné, alors que nous sommes à moins de 10 jours de la tabaski», se préoccupe Sidiki Dabo, propriétaire de bétail. Selon lui, certains opérateurs ont décidé de voir leur prétention à la baisse en direction du marché ivoirien, du fait de «l’incertitude qui plane sur la date exacte des élections présidentielles.»
«Les bouviers ont peur. Cette période coïncide souvent avec les mouvements de violence. Une situation susceptible de menacer leur activité. Avec les informations que nous avons, les élections seront probablement reportées, mais certains marchands ne veulent pas prendre de risque», explique-t-il. A l’en croire, de nombreux opérateurs s’orientent de plus en plus vers le Nigeria, le Togo et surtout vers le Ghana où une foire commerciale sur la Tabaski est initiée. L’inquiétude se lit également sur le visage de Koné Abdoulaye, opérateur de la filière bétail. Pour lui, si les moutons n’arrivent pas à un rythme élevé et dynamique, l’effet risque de se faire ressentir sur les prix qui vont connaître une hausse, au grand dam des fidèles musulmans. Avec l’offre actuelle, il explique que les prix varient entre 50 et 70.000 Fcfa pour les petits moutons, 80 et 150.000 Fcfa pour les moyens et entre 175.000 et 200.000 Fcfa voire 500.000 Fcfa pour les plus robustes. «Les clients ne se bousculent pas pour l’instant. Mais, les premiers qui viennent exigent qu’on revoie nos prix à la baisse. On ne peut pas acheter un mouton à 150.000 Fcfa et le revendre en-dessous du prix d’achat. Cela signifie que nous allons vendre à perte», soutient le commerçant. Pour lui, les marchands de bétail continuent de subir les tracasseries routières et le racket en zone Centre Nord et Ouest, tout comme en zone gouvernementale. «A chaque barrage, il faut payer entre 1.000 et 3.000 Fcfa. Alors que la location du camion et le convoi nous reviennent respectivement à 900.000 et 600.000 Fcfa. Nous sommes obligés de répercuter cela sur le prix des moutons pour espérer réaliser un gain», souligne Koné Abdoulaye. Cependant, dit-il, il est possible d’avoir du mouton à 30.000 Fcfa. Mais c’est un animal «trop petit» pour pouvoir nourrir une famille musulmane moyenne le jour de la fête, reconnaît-il. Face au renchérissement des prix, les rares clients qui ne veulent pas attendre le dernier jour pour acheter leur mouton, commencent à grincer des dents. C’est le cas de Kéïta Mahamadou. Il avait effectué ses premiers achats le lundi. Mais trois jours après, il se dit surpris de constater que les prix ont subitement flambé pour les mêmes bêtes. «J’ai déjà acheté deux moutons à 90.000 Fcfa l’un. Aujourd’hui, je suis revenu chercher un troisième compte tenu du nombre important de notre famille. Mais, j’ai le sentiment que les prix ont grimpé en l’espace de trois jours. On veut me vendre des moutons à 125.000 Fcfa alors qu’il n’y a aucune différence entre ceux-ci et les deux que j’ai achetés lundi. C’est vraiment inacceptable», fustige-t-il. Avant de craindre que la situation ne prenne des proportions démesurées et incontrôlables à l’approche de la Tabaski. Le directeur de cabinet du président de la Confédération des filières bétail-viande de l’Uemoa, Ouattara Daouda, reconnaît que contrairement à l’année dernière, l’approvisionnement du marché local en bétail reste encore timoré. Il évoque d’autres raisons. «Il y a eu quelques difficultés qui ont fait que l’arrivage des animaux a pris un peu de retard par rapport à l’année dernière. Un opérateur qui transporte les balles de coton, a imposé une somme de 90.000 Fcfa sur chaque camion vide qui venait charger le bétail pour prendre la direction de la Côte d’Ivoire. Cela a créé des mécontentements chez les camionneurs qui ont préféré immobiliser leurs véhicules où les orienter vers d’autres destinations», révèle-t-il visiblement amer.
Selon lui, face à la gravité de la situation, le Premier ministre Guillaume Soro a instruit le ministre Dosso Moussa, afin que tous les camions transportant du bétail en provenance des autres pays pour la Côte d’Ivoire, ne paient qu’une seule taxe.
100.000 moutons attendus
Ouattara Daouda tient à faire tout de même des précisions sur la question du convoyage organisé par la confédération. A l’en croire, les convois en direction de la Côte d’Ivoire sont les moins coûteux comparativement à ceux en partance pour le Nigeria et le Sénégal. « Un camion qui part du Mali pour le Nigeria paie 2 millions de Fcfa et plus de 1,6 million si c’est le Sénégal. Nous estimons que 600.000 Fcfa pour la Côte d’Ivoire, c’est beaucoup moindre», se défend-il. Malgré les difficultés, il précise que d’ici samedi (Ndlr : demain), l’approvisionnement du marché va connaître un rythme assez dense pour rattraper le temps perdu. «Nous avons prévu cette année, 100.000 moutons au lieu 80.000 en 2008 », rassure-t-il. Koné Vafi, président de la Fédération nationale des filières bétail et viande et Issaka Sawadogo, président de la Confédération, ont annoncé que de nombreux arrivages sont déjà en route pour alimenter le marché. La directrice de l’abattoir, Nandjui Adjo Danielle, rappelle que la Côte d’Ivoire, pays agricole, est largement déficitaire en ce qui concerne les produits animaux. «Ce déficit est comblé en grande partie par nos frères du Mali, du Burkina Faso et du Niger», a-t-elle soutenu hier au cours de l’ouverture de la 3ème édition de la foire commerciale de la Tabaski qui durera du 19 au 30 novembre. Une initiative du district d’Abidjan. Selon elle, c’est pour mieux organiser cette filière et permettre aux fidèles musulmans de passer la fête de Tabaski dans de bonnes conditions que le parc a été construit. Même si d’autres travaux restent encore à effectuer. Ses services ont déployé sur le site des agents vétérinaires afin de veiller au contrôle sanitaire des animaux. Tous les animaux convoyés font l’objet d’inspection vétérinaire de jour comme de nuit (à cause des convoyages nocturnes) avant d’être mis en vente. «Nos équipes sillonnent les marchés annexes : Abobo, Yopougon, Attécoubé, etc, pour voir l’état de santé des bêtes. Mais, il faut préciser que tous ces marchés s’approvisionnent à partir de Port-Bouët. Au jour d’aujourd’hui, les populations ne doivent pas avoir de crainte, car les animaux sont en très bonne santé», rassure, Kalo Vessali, sous-directeur de l’hygiène alimentaire. La police du district veillera, tout au long de la foire, sur la sécurité des personnes et des biens pour éviter, comme les années passées, les nombreux cas de vol de bétail. Selon le directeur de la production et de l’élevage, Dadjo Camille, la destination Côte d’Ivoire n’est pas forcément appréciée par les opérateurs de la filière. Ce qui fait que théoriquement le nombre de bêtes en direction du pays devrait baisser. «Malgré cela, la confédération a fait des efforts considérables. Avant, quand la Sitarail transportait la marchandise de l’hinterland vers la Côte d’Ivoire, il faut que ses wagons soient remplis de produits au moment du retour. Mais dans le cadre de la Tabaski, le wagon est obligé de retourner vide et le prix est comptabilisé pour greffer le coût de la viande.
La confédération a négocié avec la Sitarail pour que le retour ne soit pas pris en compte», précise-t-il. Espérant que toutes ces conditions vont contribuer à offrir un prix à la portée des clients.
Cissé Cheick Ely
Le parc à bétail de Port-Bouët a véritablement pris forme. Comparativement à 2008, le site a changé de visage. De grands murs d’une hauteur d’environ 2 mètres de haut, délimitent désormais cet espace réservé aux petits ruminants. Plusieurs portails permettent aux visiteurs d’accéder au parc. A l’intérieur, les animaux, en nombre moins impressionnant, sont parqués dans certains enclos en bois. Sous un soleil de plomb ce jeudi 19 novembre, des jeunes gens, à l’aide de pousse-pousse, s’activent pour apporter des tourteaux et de l’eau aux bêtes. Des poteaux électriques sont installés sur le site pour l’éclairage une fois la nuit tombée. Le parc a l’allure d’un véritable lieu d’échanges commerciaux. Puisqu’à proximité des enclos, des vendeuses de divers objets ne cessent d’attirer l’attention des passants vers leurs étals.
Des risques liés aux élections!
Des bouchers proposent également de la viande braisée aux marchands de bétail qui prennent un moment de repos sous des parasols dressés ça et là. Ils devisent autour du thé. «Vous le constatez vous-même. Le marché est encore timidement approvisionné, alors que nous sommes à moins de 10 jours de la tabaski», se préoccupe Sidiki Dabo, propriétaire de bétail. Selon lui, certains opérateurs ont décidé de voir leur prétention à la baisse en direction du marché ivoirien, du fait de «l’incertitude qui plane sur la date exacte des élections présidentielles.»
«Les bouviers ont peur. Cette période coïncide souvent avec les mouvements de violence. Une situation susceptible de menacer leur activité. Avec les informations que nous avons, les élections seront probablement reportées, mais certains marchands ne veulent pas prendre de risque», explique-t-il. A l’en croire, de nombreux opérateurs s’orientent de plus en plus vers le Nigeria, le Togo et surtout vers le Ghana où une foire commerciale sur la Tabaski est initiée. L’inquiétude se lit également sur le visage de Koné Abdoulaye, opérateur de la filière bétail. Pour lui, si les moutons n’arrivent pas à un rythme élevé et dynamique, l’effet risque de se faire ressentir sur les prix qui vont connaître une hausse, au grand dam des fidèles musulmans. Avec l’offre actuelle, il explique que les prix varient entre 50 et 70.000 Fcfa pour les petits moutons, 80 et 150.000 Fcfa pour les moyens et entre 175.000 et 200.000 Fcfa voire 500.000 Fcfa pour les plus robustes. «Les clients ne se bousculent pas pour l’instant. Mais, les premiers qui viennent exigent qu’on revoie nos prix à la baisse. On ne peut pas acheter un mouton à 150.000 Fcfa et le revendre en-dessous du prix d’achat. Cela signifie que nous allons vendre à perte», soutient le commerçant. Pour lui, les marchands de bétail continuent de subir les tracasseries routières et le racket en zone Centre Nord et Ouest, tout comme en zone gouvernementale. «A chaque barrage, il faut payer entre 1.000 et 3.000 Fcfa. Alors que la location du camion et le convoi nous reviennent respectivement à 900.000 et 600.000 Fcfa. Nous sommes obligés de répercuter cela sur le prix des moutons pour espérer réaliser un gain», souligne Koné Abdoulaye. Cependant, dit-il, il est possible d’avoir du mouton à 30.000 Fcfa. Mais c’est un animal «trop petit» pour pouvoir nourrir une famille musulmane moyenne le jour de la fête, reconnaît-il. Face au renchérissement des prix, les rares clients qui ne veulent pas attendre le dernier jour pour acheter leur mouton, commencent à grincer des dents. C’est le cas de Kéïta Mahamadou. Il avait effectué ses premiers achats le lundi. Mais trois jours après, il se dit surpris de constater que les prix ont subitement flambé pour les mêmes bêtes. «J’ai déjà acheté deux moutons à 90.000 Fcfa l’un. Aujourd’hui, je suis revenu chercher un troisième compte tenu du nombre important de notre famille. Mais, j’ai le sentiment que les prix ont grimpé en l’espace de trois jours. On veut me vendre des moutons à 125.000 Fcfa alors qu’il n’y a aucune différence entre ceux-ci et les deux que j’ai achetés lundi. C’est vraiment inacceptable», fustige-t-il. Avant de craindre que la situation ne prenne des proportions démesurées et incontrôlables à l’approche de la Tabaski. Le directeur de cabinet du président de la Confédération des filières bétail-viande de l’Uemoa, Ouattara Daouda, reconnaît que contrairement à l’année dernière, l’approvisionnement du marché local en bétail reste encore timoré. Il évoque d’autres raisons. «Il y a eu quelques difficultés qui ont fait que l’arrivage des animaux a pris un peu de retard par rapport à l’année dernière. Un opérateur qui transporte les balles de coton, a imposé une somme de 90.000 Fcfa sur chaque camion vide qui venait charger le bétail pour prendre la direction de la Côte d’Ivoire. Cela a créé des mécontentements chez les camionneurs qui ont préféré immobiliser leurs véhicules où les orienter vers d’autres destinations», révèle-t-il visiblement amer.
Selon lui, face à la gravité de la situation, le Premier ministre Guillaume Soro a instruit le ministre Dosso Moussa, afin que tous les camions transportant du bétail en provenance des autres pays pour la Côte d’Ivoire, ne paient qu’une seule taxe.
100.000 moutons attendus
Ouattara Daouda tient à faire tout de même des précisions sur la question du convoyage organisé par la confédération. A l’en croire, les convois en direction de la Côte d’Ivoire sont les moins coûteux comparativement à ceux en partance pour le Nigeria et le Sénégal. « Un camion qui part du Mali pour le Nigeria paie 2 millions de Fcfa et plus de 1,6 million si c’est le Sénégal. Nous estimons que 600.000 Fcfa pour la Côte d’Ivoire, c’est beaucoup moindre», se défend-il. Malgré les difficultés, il précise que d’ici samedi (Ndlr : demain), l’approvisionnement du marché va connaître un rythme assez dense pour rattraper le temps perdu. «Nous avons prévu cette année, 100.000 moutons au lieu 80.000 en 2008 », rassure-t-il. Koné Vafi, président de la Fédération nationale des filières bétail et viande et Issaka Sawadogo, président de la Confédération, ont annoncé que de nombreux arrivages sont déjà en route pour alimenter le marché. La directrice de l’abattoir, Nandjui Adjo Danielle, rappelle que la Côte d’Ivoire, pays agricole, est largement déficitaire en ce qui concerne les produits animaux. «Ce déficit est comblé en grande partie par nos frères du Mali, du Burkina Faso et du Niger», a-t-elle soutenu hier au cours de l’ouverture de la 3ème édition de la foire commerciale de la Tabaski qui durera du 19 au 30 novembre. Une initiative du district d’Abidjan. Selon elle, c’est pour mieux organiser cette filière et permettre aux fidèles musulmans de passer la fête de Tabaski dans de bonnes conditions que le parc a été construit. Même si d’autres travaux restent encore à effectuer. Ses services ont déployé sur le site des agents vétérinaires afin de veiller au contrôle sanitaire des animaux. Tous les animaux convoyés font l’objet d’inspection vétérinaire de jour comme de nuit (à cause des convoyages nocturnes) avant d’être mis en vente. «Nos équipes sillonnent les marchés annexes : Abobo, Yopougon, Attécoubé, etc, pour voir l’état de santé des bêtes. Mais, il faut préciser que tous ces marchés s’approvisionnent à partir de Port-Bouët. Au jour d’aujourd’hui, les populations ne doivent pas avoir de crainte, car les animaux sont en très bonne santé», rassure, Kalo Vessali, sous-directeur de l’hygiène alimentaire. La police du district veillera, tout au long de la foire, sur la sécurité des personnes et des biens pour éviter, comme les années passées, les nombreux cas de vol de bétail. Selon le directeur de la production et de l’élevage, Dadjo Camille, la destination Côte d’Ivoire n’est pas forcément appréciée par les opérateurs de la filière. Ce qui fait que théoriquement le nombre de bêtes en direction du pays devrait baisser. «Malgré cela, la confédération a fait des efforts considérables. Avant, quand la Sitarail transportait la marchandise de l’hinterland vers la Côte d’Ivoire, il faut que ses wagons soient remplis de produits au moment du retour. Mais dans le cadre de la Tabaski, le wagon est obligé de retourner vide et le prix est comptabilisé pour greffer le coût de la viande.
La confédération a négocié avec la Sitarail pour que le retour ne soit pas pris en compte», précise-t-il. Espérant que toutes ces conditions vont contribuer à offrir un prix à la portée des clients.
Cissé Cheick Ely