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Art et Culture Publié le mardi 1 décembre 2009 | Nord-Sud

Musique : Les nouvelles danses rivalisent

A la veille des fêtes de Noël et du réveillon, les disc-jockeys s’activent pour mettre en place de nouveaux concepts dansants. Cette volonté de toujours innover empêche les chansons de s’imposer réellement.

A quelques semaines des fêtes de fin d’année, la saga des concepts dansants fait rage chez les Dj (disc-jockey). Les ‘’concepteurs’’ ne tarissent pas de créativités : ‘’ Kroubatar’’, ‘’Tchoumakaya’’, ‘’Sapé-sapé’’, ‘’la dance de Bouddha acte 2’’, ‘’La danse des deux cas’’ ‘’Monsieur madame dehors’’. Yopougon et Marcory constituent les deux pôles du ‘’show’’ abidjanais. Ces deux communes sont reconnues pour leur prolixité en matière de création de pas de danse. Selon Dj V13, du « Best of discothèque » (bar climatisé aux II-Plateaux), la rivalité entre Dj à toujours rechercher un concept nouveau ressemble à ce qui se fait au pays de l’Oncle Sam dans le domaine du Hip-hop. « La Côte d’Ivoire est semblable aux Etats-Unis. Chacun veut être devant. Pour cette raison, les Dj ne font plus sortir d’albums. Ils ne font que des singles pour se faire con­naître », explique le disc-jockey.

Décembre, le mois idéal

«La commune d’Abobo suit généralement celle de Yopougon en matière de création musicale. Et, il est difficile pour les concepts de Marcory de s’imposer à Abobo. Mais quand le concept est vraiment bon, il prend partout », précise Alhadji Samouraï Dj, du maquis 225 au Plateau Dokui.

Pour chaque concepteur, l’objectif est de créer une danse qui, de par sa qualité, son originalité et sa rythmique, permettra aux mélomanes d’aborder en liesse la nouvelle année. L’acharnement sur le mois de décembre relève d’une stratégie des artistes. Ils choisissent ce mois pour positionner leur opus. Ainsi, outre le talent, il est très important d’accompagner le concept d’une bonne promotion.

Pour éviter le fiasco d’une production discographique, la plupart des « stars makers » ont plus ou moins leur petite idée. Par exemple, à quel moment mettre un album sur le marché pour qu’il ne passe pas inaperçu ? La fin de l’année se présente comme le moment idéal. Pour Dj Boombastik, concepteur du Tchoumakaya (con­cept en vogue en ce moment), la fin de l’année est très rentable pour un artiste chanteur. « Je voulais attendre la fin de l’année (octobre-novembre-décembre) pour la sortie de mon album. Car si ton album sort en en cette période et que ça marche, c’est pour toi les ‘’gombos’’ (contrats de spectacle). C’est ce que j’ai fait pour mon premier album. Quand la sortie est suivie d’une bonne promotion, l’artiste peut exploiter son œuvre pendant longtemps. Pour le concept ‘’Ramer-ramer’’, j’ai exploité l’album sur trois ans », se réjouie-t-il. Un album bien arrangé sorti en fin d’année accompagné d’un pas de danse reçoit très souvent l’assentiment de la population prête à s’éclater. « Pendant le mois de décembre, il y a une forte affluence dans les maquis et dans les bars. C’est le moment où tout le monde sort. Lorsqu’une musique plaît à cette période, elle sera écoutée durant toute la nouvelle année », renchérit Alhadji Samouraï.

Moment de forte consommation musicale, le passage d’une année à une autre est une période de ‘’traite’’ pour les Dj. C’est-à-dire le moment où les contrats de spectacles fusent. Bars climatisés, maquis, boîtes de nuits et même des particuliers figurent sur la liste des demandeurs.

A ceux là, s’ajoutent les concerts et sollicitations à l’intérieur et à l’extérieur du pays. De Yopougon à Marcory en passant par Abobo, certains concepts sont bien partis pour être les hits de la fin d’année 2009.

‘’American soldier’’ et la ‘’Danse de Bouddha’’

Le ‘’très fidèle camarade’’ d’Arafat Dj qui n’est plus en odeur de sainteté avec celui-ci, s’affiche en ce moment comme le concepteur le plus en vue. Après avoir démontré une bonne maîtrise de ses cordes vocales sur plusieurs titres de Wôrôbô 5.500 volts, le Dj à la coiffure de requin, évolue en solitaire. Son concept, « la marche du soldat, la marche en avant », est tiré de son titre ‘’American soldier ‘’. C’est une danse simple. Il s’agit de pointer les bouts du doigt (index) en l’air et au niveau de la poitrine, ensuite les faire bouger comme si on pédalait et les pieds suivent le geste. « Ce sont mes fans qui ont créé ce pas de danse. Ils l’ont inventé et moi, je ne fais que l’exploiter. Nous, artistes, créons la musique et les fans, les pas de dance. C’est comme au Congo », précise Debordo Dj. Selon Alhadji Samouraï Dj, c’est par rapport à la demande de la clientèle qu’on sait si un concept est bon ou mauvais. « Souvent avec un concept, c’est la clientèle qui apprécie ou n’apprécie pas la musique. Ce qui nous permet de les classifier. Actuellement, si à une soirée tu ne joues pas les musiques de Debordo Dj ou Arafat Dj, ce sont les clients eux mêmes qui vont les réclamer. Aussi, dès que tu mets la musique de l’un de ces Dj, la piste de danse est prise d’assaut », explique-t-il. Le dernier « son » de Debordo Dj est bien placé pour couronner la fin de l’année à la tête des créations musicales. Pour Dj V13 du ‘’Best of discothèque’’, cette chanson est parvenue à convaincre les noctambules de toute la ville d’Abidjan.

Marcory conquis par le ‘’Kroubatar’’

La zone géographique d’Abidjan-Sud est conquise par Dj Mix 1er avec son nouveau concept ‘’Kroubatard’’. Très en vogue en ce moment du côté de ‘’marcos’’, Mix 1er s’est d’abord imposé dans le milieu de la musique coupé-décalé à travers ses featurings avec de grosses têtes de ce genre musical. Ensuite, il a réussi à conquérir le cœur des mélomanes avec le ‘’Bobaraba’’ en compagnie de Eloh Dj. Pour cette nouvelle aventure, le chanteur fait chemin seul. Et à entendre ses collègues Dj, ‘’le Kroubatar’’ a toutes les chances de damer le pion aux autres concepts d’Abidjan-Sud. « Le Kroubatra est bon. Et, il fait déjà mal à Abidjan-Sud », reconnaît Manou le Prince du côté du bar climatisé le ‘’Calienté’’ d’Abobo. « Avec ma musique, je fais danser les gens lors de mes prestations. En plus de cela, je l’accompagne d’une bonne promotion », affirme Dj Mix 1er.

Plusieurs autres concepts existent

Outre les créations majeures, de nombreuses autres productions font le bonheur des ivoiriens sans toutefois déferler la chronique. « Des concepts comme le ‘’Tchoumakaya’’ se dansent lorsque le Dj l’introduit dans une sélection. Mais, il n’est pas incontournable lors d’une soirée. Il en est de même pour ‘’Monsieur madame dehors’’ des ‘’Tchagbassou Boys’’ », remarque Manou le prince. « Certains concepts se dansent en boîte de nuit. Mais, ce ne sont pas des concepts qui accrochent vraiment. Parfois aussi, il y a de très bonnes chansons qui passent inaperçues », reconnaît le disc-jockey du 225. Dans cet univers de danses qui se succèdent, Boombastik Dj relève une mésentente entre les Dj. «De nombreux Dj n’ont pas le sens du marketing. Ils sortent ensemble leurs albums et concepts. Et, beaucoup s’adonnent à des querelles inutiles pour la paternité d’un concept. Un artiste qui vient avec un titre et veut faire du ‘’Tchoumakaya’’, si c’est pour aider le concept à évoluer, il n’y a pas de problèmes », approuve le créateur du « ramer-ramer ». L’effervescence monte au fur et à mesure qu’on approche de la fin de l’année. Mais sept ans après la naissance du coupé-décalé, les adeptes de Doug Saga bien que créatifs, n’arrivent pas à vivre de leur musique à cause des rivalités parfois inutiles. Seulement, ils parviennent à procurer du bonheur au Ivoiriens, ne serait-ce qu’ un instant.

Sanou Amadou (Stagiaire)
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