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Politique Publié le mardi 1 décembre 2009 |

Rapport analytique de la mission d`observation électorale de la C.S.C.I sur l`environnement, l`activité et le comportement des médias en Côte d`Ivoire durant la phase préelectorale (de Decembre 2008 à juin 2009)

Résumé du rapport

•Remerciements
La réalisation de ce rapport a été rendue possible grâce à la mise en exécution du Projet « Appui à l’observation du processus électoral par la Convention de la Société Civile Ivoirienne (CSCI) », financé par l’Union Européenne avec l’appui technique de EISA (Electoral Institute of Southern Africa).

Ainsi, la CSCI remercie et exprime sa profonde gratitude à la Délégation de la Commission Européenne en Côte d’Ivoire pour le généreux apport financier pour la conduite de sa Mission d’Observation Electorale (MOE). De même, elle tient à reconnaître la contribution de EISA qui l’accompagne techniquement.

Elle remercie également toutes les personnes qui ont contribué à la réalisation de ce rapport, particulièrement les membres du Bureau Opérationnel et logistique de la MOE y compris la Commission Communication et Media, pour leur disponibilité et leur professionnalisme. La CSCI voudrait toutefois, souligner que les opinions, conclusions, observations et recommandations exprimées dans ce présent rapport n’engagent aucunement l’Union Européenne, partenaire financier, ni EISA partenaire technique.


•Structuration du rapport

Ce rapport a été structuré en trois (3) grandes parties à savoir :

1.Le cadre juridique réglementant l’environnement médiatique ivoirien en période électorale ;
2.La méthodologie applicable à l’observation des médias en général, et au suivi et à l’évaluation des médias d’Etat en particulier durant le processus électoral ;
3.L’analyse de l’activité et du comportement des médias retenus pendant la phase préélectorale allant de décembre 2008 à juin 2009.
I.Cadre juridique réglementant l`environnement médiatique ivoirien en période électorale
A. Le cadre réglementaire des médias en côte d`ivoire pendant le processus électoral

L’activité des médias en Côte d’Ivoire est régit par un ensemble de textes juridiques et réglementaires. Les principales dispositions de ce cadre normatif déterminent, également, de manière générale les principes d’équité (avec une ouverture aux sensibilités politiques) et d’égalité (d’accès aux organes audiovisuels d’Etat) en période électorale.

Les organes de régulation (le CNCA, Le CNP) et d’autorégulation (l’OLPED) veillent au respect de ces lois et règlements dont les plus significatifs sont : la constitution du 1er août 2000, en son article 1, qui fixe le cadre d’exercice des libertés publiques ; les lois n°2004-643 et n°2004-644 du 14 décembre 2004 portant régime juridique de la presse et de la communication audiovisuelle, le code électoral de 2000 organisant le cadre des élections en Côte d’Ivoire, le code de déontologie du journaliste Ivoirien et la plate-forme de collaboration entre la CEI et les professionnels des médias.

B.L’environnement médiatique ivoirien
Le paysage médiatique ivoirien est caractérisé par le pluralisme d’expressions et d’opinions et la diversité des médias, tels que garantis par la Constitution et les lois et règlements de la République de Côte d’Ivoire.

Ainsi, les médias classiques (TV, Radio, presse écrite), les agences de presse (AIP, AFP etc.), la presse en ligne (Abidjan.net, framat.info etc.), les structures de régulation (CNCA, CNP) et d’autorégulation (OLPED) et diverses organisations professionnelles notamment l’UNJCI partagent la scène médiatique ivoirienne.

II.Méthodologie pour l`observation des médias en période électorale
La méthodologie de la CSCI a consisté à faire le monitoring des médias considéré comme une technique scientifique permettant d’observer et d’analyser les activités des médias, toutes catégories confondues (Radios, télévision, presses écrite et ligne) et de produire des rapports fondés sur des faits avérés, crédibles durant le processus électoral, la répartition des tranches de passage pour chaque parti politique ou groupement politique à travers les relevés de temps d’antenne du CNCA.
Il s’est agi principalement de:
-procéder à la sélection des médias et,
-déterminer les critères et les outils d’observation.

A.La sélection des médias à observer

Au regard du nombre élevé des médias en Côte d’Ivoire, un échantillon représentatif du paysage médiatique a été constitué selon la technique d’échantillonnage du choix raisonné empruntée à la sociologie.

Au niveau du choix des journaux, cette technique s’est fondée sur trois faits majeurs pour la sélection des journaux. Ce sont :
l’audience du journal au plan national (exprimée en termes de tirage et de chiffre de vente) ;
l’obédience politique du journal dans le traitement de l’information et ;
la régularité du journal en termes de parution.

Sur cette base, 3 quotidiens représentant les principaux courants politiques du pays, et 2 autres quotidiens (l’un public et l’autre indépendant et neutre) on été sélectionnés.

Cette technique d’échantillonnage du choix raisonné a permis donc de retenir 9 médias pour faire le monitoring à savoir :

5 quotidiens de la presse écrite (Fraternité Matin, Le Nouveau Réveil, Notre Voie, L’Inter, Nord Sud Quotidien) ;
2 chaînes de télévision (La Première et TV2) ;
2 chaînes de radios (Radio Nationale et ONUCI FM).

B Les critères et les outils d`observation des médias

Les critères d’observation et d’analyse de l’activité et du comportement des médias tiennent compte des principales obligations et des droits fondamentaux des professionnels des médias.

Ainsi, l’analyse des 9 médias retenus s’est faite à partir des critères d’observation suivants :
l’accès équitable des partis politiques aux médis publics (presse écrite, radio et télévision) ;
l’impartialité et l’honnêteté dans le traitement des partis politiques et de candidats dans les médias ;
le respect des différents textes régissant les médias en période électorale ;
le suivi des manquements et dérapages dans les médias, qu’ils émanent des hommes politiques ou des professionnels des médias eux-mêmes ;
la mise à disposition des citoyens d’informations fiables et suffisantes sur le processus électoral ;
l’accessibilité des médias aux sources officielles d’information et la sécurité des professionnels des médias ;
les violations des lois et règles qui régissent l’activité des médias en période électorale ;
la qualité de la visibilité des acteurs politiques dans les médias (temps d’antenne pour les supports audiovisuels, espace réservé aux acteurs dans la presse écrite) ;
la couverture du territoire national par les médias publics nationaux ;
la couverture des activités des acteurs (politique et société civile) par les médias publics nationaux ;
la censure dans les médias publics nationaux ;
le respect par les organes de régulation de leurs missions ;
la liberté de la presse, etc.

En plus de ces critères, la CSCI a utilisé trois outils qui ont servi à l’observation. Ces outils se présentent sous trois formes à savoir :

une (1) « Grille d’analyse » pour la presse écrite ;
une (1) « Fiche de suivi » pour les médias audiovisuels (radios et télévisions) ;
les « Relevés mensuels des temps d’antenne » du CNCA de décembre 2008 à mai 2009.

III. Analyse du comportement des médias retenus

A. Au niveau de la presse écrite

Au niveau de la presse écrite, les aspects ci-dessous ont été successivement analysés :
la couverture du processus électoral ;
la couverture des activités des différents acteurs impliqués dans le processus électoral ;
les principaux manquements et dérapages relevés dans la presse ;
la liberté de la presse (les atteintes) dans le cadre du processus électoral ;
les activités de l’organe de régulation de la presse en Côte d’Ivoire.

Ainsi, le ton généralement utilisé dans la presse ivoirienne est guerrier et belliqueux, avec une utilisation fréquente de termes et expressions incendiaires, comme si l’on se trouvait sur un champ de bataille. Nous constatons que la violence des ces titres à la « Une » des journaux ivoiriens n`est pas faite pour apaiser le climat social, déjà très tendu.

Les actes posés par la presse ivoirienne dans le cadre du processus électoral sont de nature à jeter un discrédit sur le processus électoral. Il s’agit de nombreux cas de fraudes- avérés ou supposés –révélés par la presse ainsi que des accusations réciproques de fraudes relayées par la presse.

En ce qui concerne les manquements et dérapages relevés dans la presse, il a été constaté que les journalistes violent fréquemment les lois, règlements et règles d’éthique et de déontologie régissant leur métier. Nous avions pu repérer à cet effet les faits suivants :
la publication de rumeurs et de fausses informations ainsi que le mauvais traitement de l’information ;
la publication de propos ou commentaire susceptibles d’envenimer le climat social ;
les atteintes à l’éthique sociale et républicaine.

B. Au niveau de l`audiovisuel

L’analyse générale des relevés des temps d’antenne du CNCA permet de tirer les conséquences suivantes :
1. La CSCI note que le pluralisme de l’information est une réalité en Côte d’Ivoire, car toutes les sensibilités politiques ainsi que les organisations de la société civile s’expriment aussi bien sur les médias d’Etat que sur ONUCI FM. En effet entre décembre 2008 et mai 2009, ce sont globalement 26 partis et groupements politiques, y compris les Forces Nouvelles, qui ont eu accès aux antennes de La Première, TV2, la Radio Nationale et la Radio des Nations Unies en Côte d’Ivoire. Ce nombre ne prend pas en compte les mouvements satellites et de jeunesses des partis politiques, qui bénéficient également d’une forte présence sur les antennes des quatre médias audiovisuels susmentionnés.
2. 18 formations politiques sont passées sur les antennes de La Première, 12 sur la Radio Nationale et 20 sur ONUCI FM. TV2 n’enregistre que 9 partis politiques présents sur ce canal, avec un total cumulé d’environ 1H30 mn de temps d’antenne sur les six mois ; confirmant ainsi son slogan de «chaîne de divertissement» portée plutôt sur la musique et la culture en général et non sur la politique.
3. Parmi les signataires de Marcoussis, l’UDCY est le parti le moins visible sur les antennes, avec un temps de présence de 12 minutes 01 secondes sur La Première. Ce parti politique est absent des trois autres chaînes observées. Le MFA, les Forces Nouvelles et le CNRD n’ont pas non plus eu de temps d’antenne sur TV2 durant le semestre considéré (décembre 2008 – mai 2009).
4. La répartition des temps d’antenne entre les principales forces politiques du pays n’est pas équilibrée sur La Première. En effet, le FPI dépasse très largement les autres formations politiques, avec un temps d’antenne de 3H 04mn 49s sur la 1ère chaîne de la RTI. Le parti présidentiel devance de plus de 2 heures le RDR et le PDCI, qui eux ne totalisent que 55mn 42s et 54mn 28s respectivement. Après donc le FPI, viennent les Forces Nouvelles avec 1H 54mn 57s.
5. Toutefois, contrairement aux apparences, le RHDP est très présent sur La Première avec 1H 02mn 33s de temps d’antenne, contre seulement 16 minutes et 15 secondes pour le CNRD ; soit un écart de plus de 40 minutes.
6. L’ONUCI FM fait la part belle aux Forces Nouvelles et aux partis et groupements politiques de l’opposition ivoirienne. En effet, les FN totalisent 5H 25mn 55s sur la radio des Nations Unies. En outre, les partis de l’opposition (PDCI, RDR, MFA, UDPCI et PIT) affichent un temps d’antenne cumulé de 4H 12mn 53s sur ONUCI FM, très loin devant le FPI avec seulement 1H 43mn 46s. Et en termes de groupements politiques, le RHDP vient également très loin devant le CNRD, avec 1H 16mn 52s contre 17 minutes 44 secondes, soit un écart de près d’une heure.
7. Quant à la Radio Nationale, elle tend vers une répartition plutôt équilibrée des temps d’antenne entre les principales forces politiques ivoiriennes. Le FPI, le PDCI, le RDR, les FN et l’UDPCI ont bénéficié respectivement de 53mn 58s, 1H 14mn 32s, 25mn 11s, 52mn 21s et 1H 05mn 28s de temps de présence sur la première station de radio d’Etat.


Conclusion et recommandations

•Conclusion

La CSCI a relevé en définitive :

1.L’existence d’un parfait déséquilibre dans la répartition des temps d’antenne entre les partis et leaders politiques sur les médias audiovisuels d’Etat durant la phase préélectorale.
2. La diffusion après plusieurs jours de retard des activités de la société civile ivoirienne à travers des temps d’antenne très réduit.
3.La censure sur la Première : suspension de l’émission « L’Invité de la Première » après le passage du Président du MFA, diffusion des activités des partis de l’opposition sans « synchrone » (la parole n’est pas donnée aux responsables de ces partis politiques) ; la non diffusion des versions contradictoires des faits relatives, par exemple, à la polémique qui a entouré la non admission de l’émissaire du Chef de l’Etat dans la salle lors de la remise du prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix le 7 juillet 2009 à Paris.
4.L’amalgame fait par le CNCA en regroupant sous le vocable « Mouvements Sociaux à vocation politique » (MVTS) les mouvements satellites et de jeunesses des paris politiques ainsi que les organisations de la société civile.


•Recommandations

La CSCI a fait des recommandations à l’endroit de la presse écrite et des médias audiovisuels en Côte d’Ivoire.

Au niveau de la Presse Ecrite

1.Le Conseil National de la Presse (CNP) doit sensibiliser les journalistes au respect scrupuleux du cadre juridique réglementant leurs activités, surtout pendant le processus électoral.
2.La Commission Electorale Indépendante (CEI) devra vulgariser la plate-forme de collaboration signée avec les professionnels des médias dans la perspective des élections de sortie de crise, et sensibiliser les journalistes au respect de cette plate-forme.
3.Les journalistes doivent informer de façon honnête et sans parti pris les citoyens, et veiller à ne pas utiliser à la «Une» et dans les pages intérieures de leurs journaux, des mots, expressions et propos «incendiaires» de nature à mettre en péril la cohésion sociale et le processus électoral de sortie de crise.
4.Les pouvoirs publics doivent amener les patrons de presse à appliquer effectivement la «convention collective interprofessionnelle» afin d’assurer l’indépendance économique des journalistes pour l’avènement d’une presse crédible, objective et responsable. A ce titre, la CSCI lance un appel pressant au Comité de gestion du Fonds de Soutien et de Développement de la Presse (FSDP), afin d’accélérer le processus d’octroi de l’aide aux organes de presse qui en remplissent les conditions.
5.Le Conseil National de la Presse (CNP) doit appliquer la loi dans toute sa rigueur, avec au besoin, l’utilisation de tous les moyens coercitifs adéquats pour l’avènement d’une presse plus professionnelle.

Au niveau des médias audiovisuels

1.Le gouvernement doit rendre effective la couverture de toute l’étendue du territoire national par la RTI, afin de permettre à toutes les populations vivant en Côte d’Ivoire d’être au même niveau d’information en ce qui concerne le processus électoral.
2.Pendant la période de précampagne et de campagne électorale, la RTI devra programmer le journal télévisé de La Première à 20 heures précises, sans possibilité de décalage, afin de permettre à toute la population de le suivre effectivement et d’être informée des activités et programmes des candidats et partis politiques en lice pour la présidentielle.
3.Le Conseil National de la Communication Audiovisuelle (CNCA) devra faire en sorte que le journal télévisé de 20 heures de La Première ne soit plus consacré presque exclusivement aux activités du chef de l’Etat et des partis politiques. A cet effet, la CSCI invite le CNCA à assurer une répartition équitable des temps d’antennes sur les médias d’Etat, en définissant de façon claire et précise :
-le temps alloué aux Institutions de la République (Chef de l’Etat, Premier Ministre, membre du gouvernement…) dans les différents journaux et bulletins d’information parlée et télévisuelle ;
-le temps alloué aux partis et groupements politiques dans les différents journaux et bulletins d’information parlée et télévisuelle ;
-le temps d’antenne alloué aux organisations de la société civile impliquées dans le processus électoral dans les différents journaux et bulletins d’information parlée et télévisuelle ;
-le temps d’antenne alloué aux autres sujets d’intérêt national (économie, société, culture, etc.) dans les différents journaux et bulletins d’information parlée et télévisuelle.
4.La CSCI revendique auprès de la RTI et du CNCA, une présence plus accrue des organisations de la société civile sur les médias d’Etat, notamment celles impliquées dans le processus électoral.
5.La Commission Electorale Indépendante, en partenariat avec le Conseil National de la Communication Audiovisuelle et la RTI, devra très rapidement aménager sur les antennes des médias d’Etat (La Première, TV2 et Radio Côte d’Ivoire) des programmes (émissions, débats, campagnes de sensibilisation, etc.) exclusivement consacrés au processus électoral. Ces programmes devront être portés à la connaissance de tous les acteurs impliqués dans le processus électoral.
6.La Convention de la Société Civile Ivoirienne invite le Conseil National de la Communication Audiovisuelle à tout mettre en œuvre pour assurer une répartition égalitaire des temps d’antenne sur les médias d’Etat entre les candidats et partis politiques engagés dans la course à la présidentielle.
7.La CSCI voudrait inviter l’ensemble de la presse ivoirienne à observer une période « d’accalmie électorale » pendant tout le reste de la période devant conduire aux prochaines élections en Côte d’Ivoire. En effet, la CSCI voudrait rêver avec vous, chers journalistes et professionnels des médias, d’un processus électoral totalement apaisé à travers une campagne nationale dénommée «TRÊVE ELECTORALE DANS LA PRESSE».

ABIDJAN, 1ER DECEMBRE 2009, INSTITUT GOETHE
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