Présents à Abidjan depuis le 28 novembre, en provenance de la Martinique, Serge Bilé et Mathieu Méranville sont retournés samedi 5 décembre. Ils étaient les invités, le 2 décembre du café littéraire, le 25è du genre, de Point de Lecture puis, à la Fondation Memel Fôté, le 3 décembre. Au centre des échanges à la Case des arts de Cocody Danga, l’ouvrage « Au secours, le prof est Noir » dont sont co-auteurs Serge et Mathieu. Tous deux journalistes, ils ont enquêtés sur le racisme existant dans le système scolaire, en France. Les victimes, les noirs. Une « minorité » en France dont les fonctions dans l’administration ne sont pas toujours reconnues. « Il y a des difficultés », fait savoir Mathieu qui travaille à la rédaction nationale de France 3 avant de constater : « On n’a pas l’habitude que des noirs soient professeurs ». Face aux moqueries des élèves, à la dévalorisation, la déconsidération d’autres collègues blancs qui doutent de leurs compétences, les « prof noirs » surmontent bien des obstacles. Ainsi le regard n’est toujours pas d’un bon accueil a priori. Pour les besoins de la rédaction de l’oeuvre « Au secours, le prof est Noir », les deux journalistes ont mené leurs enquêtes. Ils ont pu avoir les témoignages d’une soixantaine de personnes ressources qui ont raconté leurs histoires vécues. Sur les préjugés portés autant par les élèves que par les parents d’élèves, Serge et Mathieu ont osé mettre les pieds dans les plats. Dans un même esprit de revalorisation du Noir, tout comme les précédents sujets captivants et intrigants sur le racisme, les co-auteurs ont précisé que le but de l’ouvrage n’est nullement d’opposer le noir au blanc. Serge Bilé a dit accomplir avec Mathieu Méranville un travail d’éveil des consciences car « ce n’est pas un racisme à rebours ». Prudent, dit-il, dans ce qu’il écrit, Serge ne limite pas la réflexion au simple fait d’une dénonciation. Il s’agit de contribuer à faire changer le regard sur les noirs, sur ses capacités. S’il reconnaît tout de même que le noir a quelques fois des comportements qui ne sont pas à son avantage, le journaliste-écrivain incite à la création d’entreprise dans la mesure où les choses changeront le jour où «nous changerons le regard sur nous-mêmes. Il y a des places à conquérir. Il ne s’agit pas de donner la place aux noirs. Ni de dresser le lit de la confrontation», ajoute Mathieu, dont l’oncle Monseigneur Méranville a été de ceux qui ont, au départ, fait campagne auprès des fidèles religieux pour ne pas lire « Et si Dieu n’aimait pas les Noirs », la précédente œuvre de Serge Bilé. « Ce sera difficile mais ce n’est pas parce que c’est difficile qu’on ne peut y arriver. Nous essayons d’exposer des problèmes aux quels nous n’avons pas de réponse », tel est le leitmotiv. Sans pourtant « tirer » sur les noirs choix opéré de faire comprendre ce qui se passe la bataille est, explique Serge, de faire reconnaître des droits ceux des noirs tout en étant réaliste dans les écrits. Tout en encourageant les travaux de Serge Bilé et Mathieu Méranville, le professeur Séry Bailly, président de la Fondation Memel Fôté a témoigné qu’il « y a des responsabilités qu’il faut assumer ». « Il y a beaucoup de messianisme mais beaucoup n’ont pas le sens de la mission », a-t-il encouragé les deux auteurs qui ont le « sens de la mission ».
Koné saydoo
Koné saydoo