Fallait-il, à l’instar du poète Alain, demander au temps de suspendre son vol avant ce jour funeste du 7 décembre 1993 ? Le temps, imperturbable continue son œuvre. Et ce jour du 7 décembre 1993, il enlevait à la Côte d’Ivoire son père fondateur, le président Félix Houphouët Boigny. Et depuis seize années se sont écoulées. Une éternité pour les Ivoiriens qui sont allés de charybde à scylla. Dès les premiers signes annonçant le départ du Vieux, les démons de la division se sont installés en force dans la maison des héritiers. Bagarre sans merci, déchirures à l’intérieur du Pdci, le parti a volé en éclats. Une frange importante a donné naissance au Rassemblement des républicains autour de l’unique Premier ministre du Vieux, Alassane Ouattara. Le Pdci originel s’est retrouvé aux mains du dauphin constitutionnel, Henri Konan Bédié devenu président par succession. Le pays d’Houphouët entra dans la tourmente. Guerre politique féroce entre les deux partis, frères ennemis, poussés dans le dos par le Fpi de Laurent Gbagbo qui avait tout à gagner de cette bataille fratricide. Ivoirité, instrumentalisation de la justice, déni de citoyenneté, tous les moyens ont été utilisés pour s’affronter. Le pays plongea dans l’inimaginable des crispations et tensions à ne pas finir. Manifestations et répressions ont rythmé une atmosphère des plus délétères. Et finalement, le plus redouté des scénarios se produisit. L’armée ivoirienne est sortie de son lit. Coup d’Etat au pays de Félix Houphouët Boigny ! Une transition chaotique, et ce fut des élections calamiteuses marquées par l’avènement du plus farouche contempteur du Vieux, Laurent Gbagbo, aux affaires. Depuis lors, la Côte d’Ivoire se débat dans une crise militaro politique et peine à organiser des élections. Seize ans après le Vieux, le pays se cherche !
D. Al Seni
D. Al Seni
