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Politique Publié le mercredi 9 décembre 2009 | Nord-Sud

Reporters sans frontières : “Il faut respecter l`éthique journalistique”

Jean-François Julliard, secrétaire général et Ambroise Pierre, responsable du bureau Afrique de Reporters sans frontières ont effectué une mission à Abidjan du 9 au 11 novembre. Extraits du communiqué de l'organisation rendu public hier.

(…) « La date officielle de l'élection présidentielle a certes été repoussée, mais la presse est d'ores et déjà en campagne. A l'approche d'une période électorale délicate et décisive, nous appelons la profession à mieux respecter l'éthique journalistique et défendre l'indépendance éditoriale. Nous gardons en mémoire les sombres dérapages du passé - invectives, appels aux saccages, etc. - aussi bien dans la presse écrite que sur la télévision publique. Cela ne doit pas se reproduire », a déclaré Reporters sans frontières.

Si l'on est frappé à Abidjan par la grande diversité des titres, la qualité de la presse est cependant très inégale (…)

Devant Reporters sans frontières, les autorités ivoiriennes se sont plaintes de la médiocrité des médias. « Je préfère une presse médiocre par sa faute que parce qu'elle est contrôlée », a confié à l'organisation le chef de l'Etat, Laurent Gbagbo. Le ministre de la Communication, Ibrahim Sy Savané, a estimé que « la défense de la liberté de la presse se fait au détriment de la qualité ». Tout en reconnaissant que la presse évoluait dans un environnement économique très difficile, le ministre de la Communication s'est félicité de l'adoption d'une convention collective qui bénéficie aux professionnels des médias et assure que le Fonds d'aide à la presse est opérationnel. Sur cette question, les médias renvoient un autre son de cloche. Plusieurs d'entre eux rappellent qu'aucune aide publique ne leur a encore été attribuée et jugent que la convention collective n'est pas applicable(…)

A Abidjan, Reporters sans frontières a constaté avec regret que l'Observatoire de la liberté de la presse, de l'éthique et de la déontologie (OLPED), expérience unique et intéressante d'auto-régulation, n'était plus fonctionnel. « Pauvre » ou « médiocre » selon les observateurs, la presse ivoirienne est surtout partisane. La presse « bleue » (les quotidiens Notre Voie et Le Temps, l'hebdomadaire Le Temps Hebdo) est proche de Laurent Gbagbo et du Front populaire ivoirien (FPI, au pouvoir), tandis que la presse "verte" (le quotidien Le Nouveau Réveil, l'hebdomadaire Le Repère) est reconnue proche de l'ancien chef de l'Etat, Henri Konan Bédié, et du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI, opposition). Le quotidien Nord-Sud appartient à l'entourage du Premier ministre Guillaume Soro (Forces nouvelles - FN) et le quotidien Le Patriote est quant à lui proche de l'ancien Premier ministre, Alassane Dramane Ouattara, et du Rassemblement des Républicains (RDR, opposition).

En cette fin d'année 2009, la presse écrite a déjà fait preuve de virulence. Peu après que Nord-Sud avait qualifié Henri Konan Bédié de « chien errant », Le Nouveau Réveil répliquait en titrant « Présidentielle : depuis sa balade en Chine, Soro raconte des conneries ». Cet article a valu au Nouveau Réveil d'être sanctionné par le Conseil national de la presse. (…)

Dans le domaine audiovisuel, la Convention de la société civile ivoirienne (CSCI), un collectif d'ONG, a dénoncé, le 1er décembre dernier, « un parfait déséquilibre dans la répartition des temps d'antenne entre les partis et leaders politiques et la société civile [...] durant la phase préélectorale. » Ce collectif d'ONG accuse le Front populaire ivoirien (FPI, parti présidentiel) et les autres organisations favorables à Laurent Gbagbo de bénéficier d'une « meilleure couverture médiatique » sur la chaîne d'Etat RTI. Les activités de l'opposition « ne sont pas suffisamment couvertes », insiste Patrick N'Gouan, coordonnateur national de la CSCI. Auparavant, le PDCI avait déploré la « caporalisation » des médias d'Etat, tandis que le leader du RDR réclamait pour sa part « une égalité de traitement » entre les candidats.

Interrogé par Reporters sans frontières sur la libéralisation de l'audiovisuel, le président de la République s'est engagé, s'il est réélu, à mettre en œuvre une réforme. « Nous le ferons, oui, je peux vous l'assurer, mais pas maintenant car la période n'est pas propice. Il faut d'abord aller à l'élection sereinement. L'ouverture de la télévision à l'heure actuelle n'est pas possible car elle créerait à coup sûr des dérapages à l'antenne. La période est trop délicate. Mais ensuite oui, nous le ferons », a affirmé Laurent Gbagbo.
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