En raison de ce que le vendredi est férié, nous publions aujourd’hui, l’interview du député Sokouri Bohui, directeur national adjoint de campagne du président Gbagbo chargé des opérations électorales et des DDC. a Notre voie : La Commission Electorale Indépendante (CEI) a prorogé la période du contentieux électoral qui devrait s’achever le 26 décembre 2009, au 06 janvier 2010. Comment avez-vous accueilli cette prorogation ? Martin Sokouri Bohui : C’est une bonne chose d’avoir prorogé le temps du contentieux électoral. Car vous savez très bien que les greffiers se sont mis en grève pendant 18 jours pendant que le contentieux était ouvert. Cela a retardé la délivrance de certificat de nationalité et autres documents délivrés par la justice. Et donc nous avions souhaité une rallonge de 18 jours pour compenser le temps perdu par la grève des greffiers. Parce que le travail qui reste à faire est immense. Notre objectif à la majorité présidentielle, c’est d’une part, de faire entrer nos militants et sympathisants sur la liste électorale. Et la moyenne nationale des entrées est un peu moins de 50%. Ce n’est pas suffisant. Il faut donc donner le temps à tous ces Ivoiriens, qui se sont battus, pour disposer d’un jugement supplétif pour se faire enrôler, d’intégrer la liste électorale. le contentieux consiste, d’autre part, à sortir des deux listes (provisoire et cas litigieux) les fraudeurs. A cet effet, nous portons à la connaissance de nos DDC, DES, militants et sympathisants et tout sachant, qu’il existe désormais au QG de campagne, une cellule de veille composée de juristes et qui sont mandatés pour porter plainte à leur place pour les cas de fraudes avérés. Cette disposition a été prise pour que les militants n’aient plus peur de dénoncer les fraudeurs. Ils n’auront plus qu’à identifier tranquillement les fraudeurs pour les mettre à la disposition de la cellule de veille installée au QG de campagne. Les contacts téléphoniques sont les suivants : 40.01.26.62 ; 22.52.77.52. Nous demandons de ce fait à nos responsables locaux de mettre en place, pour ceux qui ne l’ont pas encore fait, un dispositif pour débusquer les fraudeurs. En prenant ces dispositions le seul objectif de la majorité présidentielle est d’avoir une liste électorale propre, gage d’une élection juste et transparente. N.V. : Deux évènements ont marqué cette semaine. Il s’agit d’une part de la décoration des joueurs ghanéens qui ont remporté la coupe du monde des moins de 20 ans, et la présentation du livre-programme du président Laurent Gbagbo, candidat de la majorité présidentielle. Qu’est-ce que ces évènements vous inspirent ? M.S.B. : ces deux évènements sont des faits majeurs pour notre pays et pour l’Afrique. La cérémonie de décoration des joueurs ghanéens qui ont remporté de haute lutte et pour la première fois en Afrique, la coupe du monde de moins de 20 ans et devant le Brésil, m’inspire beaucoup de choses. Premièrement, avec cette décoration, le président Laurent Gbagbo invite toute la Nation et plus particulièrement la jeunesse à la culture du mérite, de l’excellence et donc du travail bien fait. Deuxièmement, le président Gbagbo montre la voie de la solidarité et de l’unité africaine. Il veut dire par-là que l’Afrique doit s’unir si elle veut relever les défis du futur. Je tiens à faire remarquer que le président n’a pas décoré que les joueurs ghanéens, il a aussi décoré les présidents des fédérations des 5 pays qualifiés pour la coupe du monde en Afrique du sud. C’est cela l’Afrique qui gagne que le président veut promouvoir. Il faut donc dire merci pour cette vision qu’il a pour l’Afrique et qu’il nous inculque. En ce qui concerne la présentation du livre programme du candidat de la majorité présidentielle, elle montre l’ambition que le président Gbagbo a pour son pays. Et avant d’entrer en campagne, il dit aux ivoiriens ce qu’il compte faire pour eux et pour la Côte d’Ivoire. En cela le président Gbagbo montre la conception qu’il a de la politique. Se mettre au service de son pays et de ses concitoyens. C’est une grande leçon qu’il donne à ses adversaires qui se promènent sans programme et déversent des mensonges et des injures. Le président Gbagbo a exprimé sa vision dans cette phrase magique : “Un prince ne va pas au combat sans dire ce pourquoi il se bat”. De la présentation de ce livre programme, je retiens essentiellement trois choses : la création d’un secrétariat d’Etat dont la mission sera d’électrifier tous les villages de Côte d’Ivoire. Ça sera une grande révolution dans notre pays. Ensuite la création d’un ministère de la recherche scientifique et de l’industrie. Ceci pour la transformation de nos matières premières en produits finis. Ce qui permettra la création de milliers d’emplois pour nos jeunes. Enfin la remise en route de tous les grands projets mis à mal par la guerre : AMU ; Ecole gratuite etc. Le président Gbagbo montre par là qu’il est l’enfant du peuple connaissant bien les problèmes des ivoiriens. Et donc le seul capable, en ce moment, d’y remédier. Par ce programme, le président nous fait rêver. Il montre qu’il est prêt à faire entrer le pays dans une nouvelle ère. L’ère de la modernité, de la prospérité, l’ère d’une Côte d’ivoire qui gagne. L’ère d’une Afrique qui gagne. N.V. : Alors que la campagne bat son plein, et que vous étalez les tares de son candidat, le RDR a cru devoir vous répondre. Dans un papier publié par le Nouveau Réveil et où il vous traite de tous les noms. M.S.B. : J’ai vu le texte dans lequel le RDR a cru devoir répondre à ce que nous nous efforçons d’expliquer aux ivoiriens sur les différents candidats dans le cadre de la campagne. Car, ne nous leurrons pas, le titre même du texte montre bien qu’il émane de la direction du RDR, même si elle veut se cacher derrière une pauvre dame. Je voudrais faire remarquer que nous sommes en campagne électorale. En pareilles circonstances, chaque état-major met en exergue les forces de son candidat et étale les tares et les faiblesses de ses adversaires. C’est ce que nous faisons en notre qualité de secrétaire national chargé des élections au FPI et de directeur national de campagne adjoint chargé des opérations électorales et des DDC. En cela nous voulons faire la politique et nous invitons tous les acteurs à faire de la politique. Nous voulons tirer le RDR de son terrain de violence pour l’amener sur le terrain de la politique. C’est pourquoi nous ne pleurnichons pas lorsque ce parti et ses journaux déversent des mensonges et en des termes haineux, méchants, agressifs et inutilement irrévérencieux sur le président Gbagbo. Parce que nous pensons que c’est l’ordre normal des choses. C’est aussi pour cela que nous ne nous serions pas intéressé à la réponse du RDR si dans ses écrits, ce parti ne s’obstinait pas à demeurer dans la voie de la violence et de la guerre. Voilà ce que le parti de Ouattara écrit dans son texte : “Vous semblez ignorer que les mêmes causes produisent forcément les mêmes effets…” ou “Tant que Gbagbo sera à la tête de ce pays, la Côte d’ivoire ne connaîtra jamais, jamais la paix”. Ce sont ces deux phrases qui font l’apologie de la guerre qui ont retenu mon attention. J’observe que le RDR ne connaît que le langage de la violence et de la guerre. En disant des choses pareilles, le RDR confirme que c’est bien lui qui est à l’origine de toutes ces tueries. Comment peut-on faire la guerre parce qu’on a attiré l’attention des populations sur les origines d’un leader politique ? Ouattara n’est quand même pas le seul leader politique en Côte d’Ivoire. Pourquoi c’est de lui seulement qu’on dit qu’il n’est pas ivoirien ? C’est cette question que les militants du RDR doivent avoir le courage de poser à Ouattara pour qu’il les éclaire. Au lieu de cela, ils menacent et brandissent la guerre. Mais la guerre n’effacera jamais son histoire. Bien au contraire, elle va l’enfoncer. Aujourd’hui son image est associée à un chef de guerre. C’est cette image que le RDR devrait s’évertuer à effacer au lieu de brandir toujours les menaces de guerre. En tout état de cause, ces menaces n’effraient plus personne. On peut tuer des hommes, mais on ne tuera jamais les idées des hommes. Quand un homme meurt, c’est un autre homme qui apparaît. C’est en cela que je voudrais faire remarquer que moi Sokouri, je ne suis rien devant l’enjeu que représentent ces élections pour l’avenir de la Côte d’Ivoire. Je défends une cause noble. On peut m’éliminer. Mais la cause, elle demeurera et d’autres personnes prendront le relais. Quoiqu’il en soit, si le RDR déclenche une autre guerre, il trouvera en face de lui des hommes. Mais en toute amitié, je déconseille au RDR de s’aventurer dans une nouvelle guerre. Cela dit, je répète que Ouattara qui veut nous gouverner est ivoirien d’origine burkinabé. Entre autres preuves, tout le monde, y compris nos amis du RDR, sait très bien que ce monsieur a été décoré ici même en Côte d’Ivoire le 22 décembre 1982 en qualité de citoyen burkinabè. Il était à ce moment-là vice-gouverneur de la BCEAO pour le compte de son pays auquel ce poste était réservé. Les archives sont-là. Il suffit de vous procurer Fraternité Matin du 27 décembre 1982 et vous serez édifiés. Ce n’est donc pas nous qui le disons. Ce sont les faits qui le disent. Nous ne faisons que les rappeler au moment où il veut gouverner notre pays. Aujourd’hui, il est ivoirien alors que nous n’avons pas connaissance de l’existence d’un décret de naturalisation le concernant. Autre fait, nous avons déjà montré par le passé qu’au moment où il arrivait en Côte d’Ivoire en 1990, il avait une carte nationale d’identité où sa mère s’appelait Nabintou Ouattara, originaire de Sindou au Burkina-Faso. En 1990, il a changé cette carte d’identité qui n’était pourtant pas encore périmée. Et sur la nouvelle, le nom de sa mère est devenu Nabintou Cissé d’Odienné. Et je ne croyais pas si bien dire, quand je faisais remarquer qu’il fallait craindre que cet homme se trouve une troisième mère à qui il donnerait le nom de Nabintou Kwasséa. Eh bien, au moment où les membres de son club se débattent pour le défendre, il vient de reprendre sa vraie mère Nabintou Ouattara. Parce qu’il est désormais sûr d’être candidat en vertu de l’article 48 actionné pour lui, par le Président Laurent Gbagbo. Il ne trouve donc plus l’intérêt d’avoir une mère ivoirienne. Ainsi donc, il vient de rejeter la pauvre Nabintou Cissé après s’être servi d’elle. Elle doit certainement se retourner dans sa tombe. Qu’on se comprenne très bien, ce n’est pas le fait que Ouattara soit ivoirien ou Burkinabè qui est mon problème. Mon problème, c’est qu’un candidat à la présidence de la République, qui doit être un exemple de probité morale, se rende coupable de faux et usage de faux. Quel exemple veut-il donner aux ivoiriens ? C’est donc le faux et l’usage de faux qui me préoccupe. Car dans l’histoire des hommes, il y a des exemples d’étrangers qui ont été bien intégrés par leurs hôtes et qui sont même devenus chefs. Mais à certaines conditions. Il y en a un dans le pays bété que je vais vous révéler. Une histoire vraie recueillie par feu le professeur Harris Memel Fôté, et non une légende. Au temps de l’esclavage, un convoi d’esclaves qui passait par Guibéroua pour Sassandra s’arrête dans l’actuel village de bassi dans la sous-préfecture de Guibéroua. Dans ce convoi, il y avait un esclave d’origine gouro. Celui-ci par sa beauté attira sur lui l’attention du chef du village. Ce chef qui ne pouvait admettre qu’on aille vendre un aussi bel homme, retarda le convoi en vue de l’en extraire. Ce qu’il fit en le remplaçant par son propre fils. Il l’installa, l’adopta comme son fils et lui donna le nom de Guédé Titikou. Le chef du village lui-même s’appelait Guédé Gnokibheu. On avait dit au chef Gnokibheu que le bel homme gouro avait été vendu parce qu’il était sorcier dans son village. Mais la vision du beau chez le Bhété et donc du chef fut plus forte que le fait qu’on le traite de sorcier. Quelques jours après, le prétendu sorcier se révéla être un thérapeute extraordinaire réalisant des guérisons miraculeuses dans le village de Bassi. Notamment la guérison des fractures. Dans le village de Bassi le présumé sorcier Guédé Titikou devint un bienfaiteur dont la bonté du coeur vint compléter la beauté physique. Sur cette base, son père adoptif, le chef Guédé Gnokibheu dota une femme pour lui avec qui il eût des enfants. On lui réserva, des années plus tard, une récompense suprême. Parce qu’à la mort du chef Guédé Gnokibheu, un consensus se fit pour remplacer le chef par son fils adoptif Guédé Titikou. Ainsi, Guédé Titikou, le gouro, l’esclave, le prétendu sorcier devint chef en pays bhété pour avoir rendu des grands services à son village d’adoption. Peu avant sa mort, Guédé Titikou, reconnaissant, réunit les membres du lignage et leur transmit son don de guérison des fractures. Ce don ou savoir est devenu aujourd’hui héréditaire pour les ressortissants de Bassi. Un étranger peut donc devenir chef dans son village ou pays d’adoption, mais à la condition qu’il ait rendu d’énormes services à celui-ci. Mais qu’a fait notre “Guédé Titikou” venu du Burkina ? Il nous a amené la guerre qui a fait tant de mal aux Ivoiriens. Des Ivoiriens ont été massacrés. Des femmes ont été violées. Des gendarmes ont été froidement abattus et jetés dans une fosse commune. Il y a eu des déplacés de guerre. Des Ivoiriens ont perdu tous leurs biens acquis de durs labeurs etc. Notre “Guédé Titikou” venu du Burkina est tout le contraire de Guédé Titikou de Bassi. C’est pourquoi les Ivoiriens ne permettront jamais qu’il soit leur chef.
Interview réalisé par Boga Sivori
bogasivo@yahoo.fr
Interview réalisé par Boga Sivori
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