Concilier études et entreprenariat. C’est un défi que Meless Esmel Armel Deroche dit «président Deroche», a su relever. Cet étudiant en master management des systèmes d’information à l’université de Cocody a plusieurs cordes à son arc. Il est non seulement ingénieur en Communication publicité mais aussi président des étudiants contre la Piraterie, la fraude et la corruption et est propriétaire du groupe informatique Roch à la Cité rouge depuis sept ans. Haut comme trois pommes, vêtu simplement d’un pantalon jean et d’un T-shirt noir à rayures jaunes, Deroche a pourtant tout du chef d’entreprise lorsque nous le rencontrions, installé confortablement dans son bureau. Donnant des ordres. A la question de savoir pourquoi il allie ces activités à lui tout seul, sa réponse est claire. « C’est de l’entreprenariat jeune. Il ne faut pas compter sur l’aide de l’Etat. J’ai commencé avec 18 cabines cellulaires en 2002 et quand cela a commencé à ne plus marcher, je me suis rabattu sur l’informatique. Aujourd’hui, j’ai un groupe informatique qui s’occupe de la vente de matériels informatiques, de l’impression et fait de la maintenance. J’ai aussi des employés à mon service », avoue l’étudiant. Concernant sa lutte contre la piraterie et la fraude, il se veut formel. « A la cité universitaire, il y avait trop de piraterie et il ne fallait pas qu’on assimile les étudiants à ce fléau. Car tuer la culture, c’est tuer le développement tout comme la fraude tue le développement. On ne peut pas construire la Côte d’Ivoire avec la corruption. Les Ivoiriens n’auront jamais d’idées novatrices en continuant sur cette lancée. Je me charge d’inculquer aux étudiants l’amour du travail bien fait », explique ce père d’un enfant. Les idées, il en fourmille. « Je voudrais quitter dans l’informel. Multiplier le nombre de mes machines. Une entreprise qui fait sept ans, cela veut dire qu’elle est forcément appréciée par les clients. Quand j’ai commencé, il y avait d’autres entreprises existantes qui ont fermé aujourd’hui. Je voudrais élargir ma clientèle en dehors des étudiants », espère-t-il. Ce jeune de 25 ans presque, a aussi connu des difficultés. « Les Pme, c’est la gestion, la rigueur du patron. Il y a eu des vols quand je n’étais pas présent. Je suis étudiant et c’est difficile d’être toujours présent. Il y a eu aussi la période pendant laquelle mes cabines ne marchaient pas », se rappelle-t-il. Mais ce jeune entrepreneur n’a qu’un seul mot à la bouche. Entreprendre. « La jeunesse ivoirienne doit prendre conscience qu’on peut assimiler les études et l’entreprenariat. Quand on n’est pas issu d’une famille riche comme nous autres, il faut se battre pour pouvoir faire des études supérieures. L’informel nourrit son homme, il faut toujours essayer. Il ne faut pas compter sur l’Etat. La politique du président de distribuer 10 milliards Fcfa aux jeunes a échoué. On n’a pas besoin qu’on nous distribue de l’argent, il faudrait seulement qu’on finance nos projets. Et il faut que les jeunes sachent que le client en lui-même est un formateur », instruit-il.
Napargalè Marie
Napargalè Marie