L’ouvrage «Evangélisation et colonisation au Togo : conflits et compromissions», de Dr Jules Kouassi Adja, paru dans la collection Etudes africaines chez L’Harmattan, au dernier trimestre 2009, est symptomatique du lien historique évident entre colonisation et évangélisation en Afrique.Il traite, en effet, de la problématique des rapports entre les missions chrétiennes et les administrations coloniales, en général, et en particulier, ceux de la Société du Verbe Divin (Mission de Setyl) avec l’administration coloniale d’Atakpamé (dans le Togo sous domination allemande). Vu qu’en ce 19e siècle finissant, colonisation et évangélisation sont étroitement liées, la puissance coloniale germanique fait appel en 1892 à la mission catholique susmentionnée pour remplacer Les missions africaines de Lyon au Togo, devenu depuis le 5 juillet 1885 protectorat allemand. Après une «idylle» entre missionnaires et colons, sans heurts les premières années, les relations deviennent tumultueuses, voire conflictuelles, à cause des traitements inhumains que ces derniers font subir aux populations autochtones.
Dr Adja fait donc de cet épisode de cohabitation mi-figue mi-raisin, le nœud gordien de son analyse : «Un cas typique de contradiction interne du système colonial».
Dans une perspective dialectique, il ne se contente pas, uniquement, de cerner et évoquer les deux parties en conflit, mais aussi et surtout, il met en exergue et de façon décisive la troisième composante de la chaîne, victime (ou parfois complice) : les populations locales. Qui paraissent avoir été décisives dans l’implosion de cette contradiction. Cette donne permet, in fine, d’apprécier de manière plus objective, la réalité de la cohabitation coloniale entre les Blancs, entre eux et les Noirs, ainsi que les actions et réactions effectives de ces derniers dans le processus de résistance à l’impérialisme. A cet effet, Pr Aka Komenan Landry, néo-membre de l’Académie des sciences, des arts, des cultures d’Afrique et des diasporas africaines (Ascad) et ex-président de l’Université de Bouaké, indique dans la préface: «Alors que la colonisation avait été présentée par ses initiateurs comme une mission salvatrice de l’Europe chrétienne à l’endroit des peuples colonisés, elle va étaler au grand jour et au fil du temps, l’inhumanité, la perversité, la déchéance morale, les coups tordus et les coups bas comme administrateurs et missionnaires en donnent la preuve dans les évènements d’Atakpamé. Ayant pris conscience du sort qui leur est réservé, s’ils ne prenaient pas leur destin en main, quelques indigènes (…) soutenus par quelques missionnaires téméraires et dissidents de la solidarité qu’impose la mission civilisatrice, vont se rebeller contre l’autorité coloniale».
Cette étude historique est inspirée d’une thèse de Doctorat unique d’études germaniques que l’auteur a soutenue à l’Université de Lomé (Togo). Elle est d’un intérêt historique de haute portée, en ce sens qu’elle enseigne sur ce qui différencie la colonisation allemande de celles française et britannique dont les bibliographies sont légion. Et l’auteur, par son acte de recherche et d’écriture, invite à partager cette réflexion : «Aussi longtemps que les lions n’auront pas leur historien, les récits de chasse tourneront toujours à la gloire du chasseur».
Jules Kouassi Adja est assistant au département d’allemand de l’Université de Bouaké.
Remi Coulibaly
Dr Adja fait donc de cet épisode de cohabitation mi-figue mi-raisin, le nœud gordien de son analyse : «Un cas typique de contradiction interne du système colonial».
Dans une perspective dialectique, il ne se contente pas, uniquement, de cerner et évoquer les deux parties en conflit, mais aussi et surtout, il met en exergue et de façon décisive la troisième composante de la chaîne, victime (ou parfois complice) : les populations locales. Qui paraissent avoir été décisives dans l’implosion de cette contradiction. Cette donne permet, in fine, d’apprécier de manière plus objective, la réalité de la cohabitation coloniale entre les Blancs, entre eux et les Noirs, ainsi que les actions et réactions effectives de ces derniers dans le processus de résistance à l’impérialisme. A cet effet, Pr Aka Komenan Landry, néo-membre de l’Académie des sciences, des arts, des cultures d’Afrique et des diasporas africaines (Ascad) et ex-président de l’Université de Bouaké, indique dans la préface: «Alors que la colonisation avait été présentée par ses initiateurs comme une mission salvatrice de l’Europe chrétienne à l’endroit des peuples colonisés, elle va étaler au grand jour et au fil du temps, l’inhumanité, la perversité, la déchéance morale, les coups tordus et les coups bas comme administrateurs et missionnaires en donnent la preuve dans les évènements d’Atakpamé. Ayant pris conscience du sort qui leur est réservé, s’ils ne prenaient pas leur destin en main, quelques indigènes (…) soutenus par quelques missionnaires téméraires et dissidents de la solidarité qu’impose la mission civilisatrice, vont se rebeller contre l’autorité coloniale».
Cette étude historique est inspirée d’une thèse de Doctorat unique d’études germaniques que l’auteur a soutenue à l’Université de Lomé (Togo). Elle est d’un intérêt historique de haute portée, en ce sens qu’elle enseigne sur ce qui différencie la colonisation allemande de celles française et britannique dont les bibliographies sont légion. Et l’auteur, par son acte de recherche et d’écriture, invite à partager cette réflexion : «Aussi longtemps que les lions n’auront pas leur historien, les récits de chasse tourneront toujours à la gloire du chasseur».
Jules Kouassi Adja est assistant au département d’allemand de l’Université de Bouaké.
Remi Coulibaly
