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Économie Publié le vendredi 15 janvier 2010 | L’expression

Secteur du carburant : Comment les bons d’essence sont échangés contre de l’argent

L’utilisation des bons d’essence est devenue un business dans les stations services. De plus en plus, les pompistes échangent les bons contre de l’argent liquide.

« Il n’y a pas de problème, tout va bien. Nous prenons toujours les bons d’essence que nos clients nous apportent», explique le pompiste d’une station d’essence située en plein cœur du Plateau. Après cinq ans de service comme pompiste, M. Z., la vingtaine révolue, le regard jovial, sait combien cette pratique d’échange de bons d’essence contre de l’argent lui a rapporté en dehors de son salaire. Et la pratique, selon lui, se déroule dans toutes les stations services. Cette pratique, à l’en croire, se fait aux yeux de tous aujourd’hui, alors qu’il y a quelques années, elle se passait loin des regards indiscrets. L’un des ses collègues exerçant lui aussi dans le quartier des affaires, qui a requis l’anonymat, ne dira pas le contraire. « Le système n’est pas nouveau, tout le monde le fait et nos responsables mêmes en savent quelque chose. Nous pouvons prendre les bons en leur présence et donner de l’argent sans crainte », a-t-il renchéri. Pour lui, cette manière de procéder ne devrait en principe pas poser problème. Les détenteurs de bons, pense-t-il, ont la liberté de prendre du carburant ou de réclamer de l’argent. Et d’ajouter qu’eux n’en font pas un crime. Ainsi, il n’est pas rare de voir des véhicules entrer dans des stations. Après quelques minutes d’échange avec le pompiste, suivi de gestes discrets, le véhicule repart aussitôt. Pourtant, sur la question d’en savoir un peu plus sur les personnes adeptes de cette pratique, les avis sont partagés et les langues hésitent à se délier. Un pompiste rencontré dans une station service Total à Cocody sur le Boulevard Latrille, explique qu’il a pour la plupart du temps affaire aux véhicules aux plaques minéralogiques jaunes (véhicules administratifs, Ndlr). « Dans les différents ministères et d’autres institutions gouvernementales, l’on donne des bons d’essence aux chauffeurs pour les courses et donc certains viennent nous donner quelques bons et récupèrent l’argent. Mais, il arrive aussi que des personnes qui n’ont pas de voiture reçoivent des bons d’essence. Evidemment elles ne peuvent que les échanger contre de l’argent », éclaire-t-il. Et d’ajouter qu’ils prennent 10 pour cent de la valeur des bons. « Pour un bon de 10 000 Fcfa nous prenons 1000 Fcfa », révèle-t-il. Mais un de ses collègues moins disposé à en parler lui reproche sa collaboration. « Qu’est-ce qu’il veut savoir. Tu es prompt à parler aux gens sans savoir leurs intensions », lui reproche ce dernier. Amidou Coulibaly, pompiste dans une station Texaco à Angré, tout en reconnaissant que le système est ancré dans les mœurs des Ivoiriens, souligne que le responsable des lieux a interdit cette pratique depuis de longues dates. N’Guessan Daniel, cadre dans une société, explique avoir déjà échangé un bon qu’un ami lui a donné. Sur l’origine des bons, il révèle qu’ils sont très souvent revendus par des agents qui eux mêmes les reçoivent pour leur dotation en carburant. Il révèle que des informations non encore confirmées, font état de la volonté des responsables du secteur du carburant de mettre un terme à la pratique. L’on adopterait, selon lui, la méthode pratiquée dans certains pays voisins où les bons sont remplacés par des carnets.

K. Anderson
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