Droit au but : Pauvre Dadis

Une voix à peine audible, et en plus balbutiante ; un appel à soutenir le ministre de la Défense à qui il a demandé de conduire en toute connaissance de cause et sans y avoir été forcé l’intérim.

La sortie du capitaine Dadis Camara, dimanche dernier à Ouagadougou, portait à la fois du pathétique et du révoltant. Le pathétique devant un homme très diminué physiquement, les séquelles de l’attentat du 4 décembre 2009 contre sa personne, réduit à sa simple condition d’être humain. Le désormais ex-chef de la junte militaire de la Guinée n’est plus que l’ombre du flamboyant officier plein d’orgueil et de gloriole. Sa voix fluette et ses appels à ses partisans à garder le calme et à soutenir le nouveau chef, Sékouba Konaté, sont quasiment un appel à la clémence et à la magnanimité. En réalité, l’homme n’a plus d’influence sur les événements dans son pays. Plus important, son propre sort ne lui appartient plus. Aujourd’hui, celui qui avait droit de vie et de mort et qui l’exerçait avec toute l’arrogance des « surpris par le pouvoir » est une loque humaine. De sa convalescence, il peut se retrouver dans les barreaux si sa santé lui permet de subir un procès. Le Guinéen le plus modeste, ceux sur qui sa fougue et son mépris se sont exercés, est présentement plus libre que le chef du Conseil national pour la démocratie et le développement Cndd jusqu’au 4 décembre fatidique. Le révoltant vient de la folie qui s’empare des individus une fois le pouvoir en main. Et sur ce point, Dadis a une fois de plus confirmé la règle. Applaudi comme un sauveur par le peuple qui n’en pouvait plus des années Lansana Conté, le jeune Capitaine s’est enivré du pouvoir rapidement. Les courtisans et les conseillers occultes l’ont persuadé que le ciel avait tracé son destin d’exception. Son exil est là pour montrer le sort des dictateurs. Naissant ou ancien.

D. Al Seni