Un mois, voire trois avant d`obtenir le nouveau permis de conduire. A qui la faute ? Enquête sur les raisons profondes qui empêchent la délivrance d`un document qui aurait pu être délivré " en deux minutes ", selon les premières promesses au lancement du projet.
Ce lundi matin du 18 janvier, il y a du monde devant les locaux de Starten, l’entreprise chargée du pré-enregistrement des dossiers en vue de la délivrance du nouveau permis de conduire. Tous ceux qui sont présents dans ce lieu, situé à Cocody-Angré, ne sont pas là pour se faire pré-enregistrer en vue d`échapper aux contrôles intempestifs des agents de l`ordre depuis que le gouvernement laisse croire que l`ancien format du permis de conduire est devenu caduc. "J`ai déposé mes dossiers depuis le début du mois de décembre, on m`a remis ce papier jaune que voici. Depuis deux semaines, je passe ici pour savoir si je peux entrer en possession de mon permis. On me répond invariablement que ce n`est pas encore prêt. Heureusement que j`habite le quartier, autrement ce serait insupportable", déclare Huberson Dandi, cadre commercial dans une entreprise privée située non loin de la mosquée de Cocody-Aghien. Pour sa part, Fofana Yssouf, chauffeur de taxi contractuel résidant à Marcory, et rencontré sur le site de pré-enrôlement de Attécoubé-Sébroko se déclare à bout de souffle : "Je n`ai plus d`argent pour venir ici. Cela fait plus de deux mois que j`ai déposé mes dossiers. Je ne peux plus faire mon travail à cause des policiers qui ne reconnaissent pas le reçu qu`on m`a donné et je ne peux pas avoir mon permis de conduire, non plus". En effet, les faits contredisent les promesses faites lors du lancement du projet du nouveau permis de conduire. En cause, les trois entreprises impliquées dans le processus de délivrance du document, principalement les sociétés Starten et Interflex.
"ça dépend du temps…"
Au siège de Starten, le directeur général, Florian Klinger, déplore les retards constatés par les candidats à l`obtention du nouveau permis de conduire. "Mais cela ne dépend pas de nous", précise-t-il. "Nous avons dit avant le lancement du projet et avant que le gouvernement ne confie le volet de l`édition à une autre entreprise, que nous étions capables de délivrer le permis de conduire sur place", explique-t-il. Précisant que le travail d`enregistrement des données personnelles des candidats, mission essentielle de son entreprise, selon la volonté du gouvernement, ne prend que quelques minutes. "A l`heure où je vous parle (aux alentours de 16H), j`ai devant mes yeux, le bilan du moment. Dans tous nos sites, nous avons enregistré 1211 personnes. C`est automatique. On a un logiciel qui nous permet de suivre en temps réel, l`évolution du travail sur le terrain et dans tous nos sites d`Abidjan, de Yamoussoukro et de Daloa", démontre Florian Klinger.
Interflex, chargé de l`édition et de l`impression des permis de conduire est mis au banc des accusés. Le directeur général, Bafa Koné, ne nie pas les promesses de son entreprise qui avait fait savoir qu`elle était capable de produire les permis de conduire en quarante-huit (48) heures.
Cependant, la réalité est tout autre. Et pour cause, "après le passage du pré-enregistrement, on attend d`une part que Starten et Bio Médical transmettent les dossiers chez nous. D`autre part, on attend aussi que les dossiers physiques de la SONATT, le maître d`œuvre, nous parviennent. Les retards ne relèvent donc pas de notre responsabilité. ça dépend du temps que le dossier met avant de nous parvenir", fait savoir Bafa Koné. Celui-ci soutient qu`autrement, ses agents "mettent deux minutes pour éditer un permis. On peut traiter au total 3.000 dossiers par jour. Nous avons augmenté notre capacité de production".
Sites insuffisants
Quid des sites annoncés et promis qui n`ont jamais été ouverts ? "On avait trois sites à ouvrir à Abidjan, explique le directeur général de Interflex. On en a ouvert deux à Angré et à Sébroko. Le troisième site prévu en Zone 4 n`est pas ouvert et ce n`est pas notre faute. Il se pose un problème de disponibilité de l`espace. C`est l`Etat qui devrait en effet mettre un espace à notre disposition. Nous attendons qu`il s`exécute". A l`intérieur du pays, Bafa Koné assure que les sites de Yamoussoukro et de Daloa sont fonctionnels depuis 2008 pour le premier et mars 2009 pour le second. Quant aux sites de Korhogo, de Bouaké et de Man, ils "sont terminés mais pas encore fonctionnels. ça ne saurait tarder". A la Société nationale de transports terrestres (SONATT), on dément toute lenteur. "Les dossiers sont transmis à temps", clame un responsable qui s`exprime sous le couvert de l`anonymat parce qu`il "ne souhaite pas entrer dans une polémique inutile". En attendant que l`Etat de Côte d`Ivoire prenne ses responsabilités, autant dans le sens de garantir aux candidats à l`obtention du nouveau permis de conduire, un service rapide et accessible à tous sur toute l`étendue du territoire que dans la décision de prorogation du délai de renouvellement du permis de conduire (qui n`est pas interrompu), les dossiers non encore traités s`accumulent de jour en jour à un rythme exponentiel, sur la table de Interflex.
André Silver Konan
Ce lundi matin du 18 janvier, il y a du monde devant les locaux de Starten, l’entreprise chargée du pré-enregistrement des dossiers en vue de la délivrance du nouveau permis de conduire. Tous ceux qui sont présents dans ce lieu, situé à Cocody-Angré, ne sont pas là pour se faire pré-enregistrer en vue d`échapper aux contrôles intempestifs des agents de l`ordre depuis que le gouvernement laisse croire que l`ancien format du permis de conduire est devenu caduc. "J`ai déposé mes dossiers depuis le début du mois de décembre, on m`a remis ce papier jaune que voici. Depuis deux semaines, je passe ici pour savoir si je peux entrer en possession de mon permis. On me répond invariablement que ce n`est pas encore prêt. Heureusement que j`habite le quartier, autrement ce serait insupportable", déclare Huberson Dandi, cadre commercial dans une entreprise privée située non loin de la mosquée de Cocody-Aghien. Pour sa part, Fofana Yssouf, chauffeur de taxi contractuel résidant à Marcory, et rencontré sur le site de pré-enrôlement de Attécoubé-Sébroko se déclare à bout de souffle : "Je n`ai plus d`argent pour venir ici. Cela fait plus de deux mois que j`ai déposé mes dossiers. Je ne peux plus faire mon travail à cause des policiers qui ne reconnaissent pas le reçu qu`on m`a donné et je ne peux pas avoir mon permis de conduire, non plus". En effet, les faits contredisent les promesses faites lors du lancement du projet du nouveau permis de conduire. En cause, les trois entreprises impliquées dans le processus de délivrance du document, principalement les sociétés Starten et Interflex.
"ça dépend du temps…"
Au siège de Starten, le directeur général, Florian Klinger, déplore les retards constatés par les candidats à l`obtention du nouveau permis de conduire. "Mais cela ne dépend pas de nous", précise-t-il. "Nous avons dit avant le lancement du projet et avant que le gouvernement ne confie le volet de l`édition à une autre entreprise, que nous étions capables de délivrer le permis de conduire sur place", explique-t-il. Précisant que le travail d`enregistrement des données personnelles des candidats, mission essentielle de son entreprise, selon la volonté du gouvernement, ne prend que quelques minutes. "A l`heure où je vous parle (aux alentours de 16H), j`ai devant mes yeux, le bilan du moment. Dans tous nos sites, nous avons enregistré 1211 personnes. C`est automatique. On a un logiciel qui nous permet de suivre en temps réel, l`évolution du travail sur le terrain et dans tous nos sites d`Abidjan, de Yamoussoukro et de Daloa", démontre Florian Klinger.
Interflex, chargé de l`édition et de l`impression des permis de conduire est mis au banc des accusés. Le directeur général, Bafa Koné, ne nie pas les promesses de son entreprise qui avait fait savoir qu`elle était capable de produire les permis de conduire en quarante-huit (48) heures.
Cependant, la réalité est tout autre. Et pour cause, "après le passage du pré-enregistrement, on attend d`une part que Starten et Bio Médical transmettent les dossiers chez nous. D`autre part, on attend aussi que les dossiers physiques de la SONATT, le maître d`œuvre, nous parviennent. Les retards ne relèvent donc pas de notre responsabilité. ça dépend du temps que le dossier met avant de nous parvenir", fait savoir Bafa Koné. Celui-ci soutient qu`autrement, ses agents "mettent deux minutes pour éditer un permis. On peut traiter au total 3.000 dossiers par jour. Nous avons augmenté notre capacité de production".
Sites insuffisants
Quid des sites annoncés et promis qui n`ont jamais été ouverts ? "On avait trois sites à ouvrir à Abidjan, explique le directeur général de Interflex. On en a ouvert deux à Angré et à Sébroko. Le troisième site prévu en Zone 4 n`est pas ouvert et ce n`est pas notre faute. Il se pose un problème de disponibilité de l`espace. C`est l`Etat qui devrait en effet mettre un espace à notre disposition. Nous attendons qu`il s`exécute". A l`intérieur du pays, Bafa Koné assure que les sites de Yamoussoukro et de Daloa sont fonctionnels depuis 2008 pour le premier et mars 2009 pour le second. Quant aux sites de Korhogo, de Bouaké et de Man, ils "sont terminés mais pas encore fonctionnels. ça ne saurait tarder". A la Société nationale de transports terrestres (SONATT), on dément toute lenteur. "Les dossiers sont transmis à temps", clame un responsable qui s`exprime sous le couvert de l`anonymat parce qu`il "ne souhaite pas entrer dans une polémique inutile". En attendant que l`Etat de Côte d`Ivoire prenne ses responsabilités, autant dans le sens de garantir aux candidats à l`obtention du nouveau permis de conduire, un service rapide et accessible à tous sur toute l`étendue du territoire que dans la décision de prorogation du délai de renouvellement du permis de conduire (qui n`est pas interrompu), les dossiers non encore traités s`accumulent de jour en jour à un rythme exponentiel, sur la table de Interflex.
André Silver Konan
