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Politique Publié le mardi 19 janvier 2010 | Nord-Sud

Kouadio Konan Bertin, Pdt JPdci-Rda : “Nous avons décidé d`équilibrer les débats de la rue”

Le président des jeunes du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (Pdci-Rda), Kouadio Konan Bertin, estime que la marche qu'il a organisée et qui a été réprimée, mercredi dernier, de même que celles qu'il projette la semaine à venir vise à rétablir l'équilibre de la terreur. C'est ce qu'il nous confie dans cette interview.


Mercredi dernier, vous avez organisé une marche sur la Rti qui a tourné court à la suite de heurts avec les forces de l'ordre. Pouvez-vous nous dire ce qui s'est passé ?

Mercredi dernier, nous nous sommes retrouvés ici au siège du Pdci-Rda, entre jeunes du parti, à la suite de l'assemblée générale que nous avons eue. J'ai été scandalisé par les propos de Charles Blé Goudé à la télévision qui s'autorise, lui, à mettre Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara en garde comme s'ils étaient ses petits copains. Je pense que mon ami Charles Blé Goudé a franchi le Rubicon. J'ai donc dit que la télévision ne peut pas continuer d'être à la solde de Charles Blé Goudé et de Laurent Gbagbo. C'est une télévision nationale. Il faut donc que l'accès à la Rti redevienne équitable afin qu'elle redevienne, dans le même temps, la télévision des Ivoiriens. Encore que nous payons la redevance pour sa survie. Si ça continue, nous allons demander aux Ivoiriens de ne plus payer les factures de la Cie. Ce faisant, lorsque la Cie arrêtera de mettre sur ses factures les redevances de la Rti, nous pourrons reprendre le paiement desdites factures. C'est ce que nous appelons le boycott à tous les niveaux. Nous avions donc décidé d'aller à la Rti en vue d'y déposer une motion de protestation quand nous avons été stoppés dans notre élan par des policiers qu'on connaît désormais comme étant les forces du désordre. Dans leur barbarie habituelle, avec leur haine inexplicable, ils ont tabassé, frappé, blessé les jeunes du Pdci-Rda. Voilà ce qui s'est passé. Je n'attends pas que vous me posiez la question de savoir si la marche était autorisée. Je vous réponds tout de suite en vous disant que les marches des « jeunes patriotes » n'ont jamais eu besoin d'autorisation. Ils marchent tous les jours, à longueur de journée. On ne va quand même pas me dire que les « jeunes patriotes » sont au-dessus de la loi dans ce pays. La Fesci, quand elle le veut, elle descend comme elle veut et quand elle le veut.


La paix des braves que vous aviez signée avec Charles Blé Goudé est-elle donc enterrée ?

Elle appartient au passé. Je n'ai pas signé d'accord avec Charles Blé Goudé pour qu'il interpelle Henri Konan Bédié comme il le fait avec l'arrogance qui le caractérise. Je n'ai non plus signé un accord avec Charles Blé Goudé pour qu'il insulte Alassane Dramane Ouattara. Je ne peux pas rester les bras croisés devant une telle situation. Ce serait de la lâcheté de ma part. Ce serait fuir mes responsabilités que d'évoquer encore un accord qui appartient à l'histoire. Désormais, nous avons décidé d'équilibrer les débats de la rue. A supposé même que Mambé ait fraudé à la Cei. Est-ce que vous croyez que dans une République organisée, c'est la rue qui sanctionne les fraudeurs ? Quand il y a eu les déchets toxiques où était Charles Blé Goudé ? Charles Konan Banny a situé les responsabilités en démettant ceux qui étaient supposés être les responsables de cette situation aux fins de mener les enquêtes. Où était Charles Blé Goudé en ce moment-là ? Où étaient aussi les « jeunes patriotes » ? Nous savons bien que Gbagbo, après avoir tenté vainement de corrompre Mambé, le scénario qui lui reste, c'est comment mettre Mambé à la touche pour contrôler la Cei parce qu'il sait qu'il est perdant. Il ne veut pas aller aux élections. Mais je peux vous dire une chose, Mambé ne bougera pas. Il a notre soutien. Advienne que pourra, nous le défendrons.


Vos partisans disent de vous que vous êtes plus que jamais déterminé dans vos actions. Qu'est-ce qui justifie cette détermination sur ce coup-ci ?

Quand le coup d'Etat de 1999 a été perpétré, j'avais 30 ans. Aujourd'hui, j'an ai 40. Ce qui veut dire que j'ai passé dix ans de ma vie à ne rien faire. Mais même si j'ai pris mon exemple, cela est valable pour la quasi-totalité des jeunes de Côte d'Ivoire qui ont passé dix années de leur vie sans se rendre compte qu'ils finiront par prendre leur retraite sans jamais avoir eu à travailler. Voilà le drame. Allez-y à l'université, vous y verrez cinq générations de jeunes bacheliers qui traînent dans la rue, qui usent le fond de leurs culottes sur les bancs ou qui ne vont pas à l'école parce que ceux qui ont obtenu le baccalauréat en 2005 terminent à peine leurs examens de passage en deuxième année. Cela fait donc cinq générations de bacheliers qui ont disparu de la nation. Cela n'est-il pas suffisamment grave pour révolter la Côte d'Ivoire, pour révolter les populations et pour révolter les leaders ? J'ai été clair, je ne prendrai plus aucun mot d'ordre auprès d'une quelconque hiérarchie. Nous allons nous affirmer, clairement et entièrement.


Jusqu'où irez-vous dans cette détermination ?

Jusqu'à ce que nous ayons une liste électorale fiable, qui soit le moins contestable possible parce que je ne pense pas que dans cette Côte d'Ivoire on ait une liste électorale qui ne soit pas contestée. Aucun de nous n'a intérêt à frauder. Nous avons besoin d'être réconciliés par ces élections à venir. Nous voulons qu'elles soient ouvertes, propres et libres de telle sorte que les Ivoiriens se choisissent eux-mêmes leurs responsables pour donner la légitimité qu'il faut aux institutions de la République de Côte d'Ivoire. Donc nous veillons tous à la transparence de ces élections. C'est pourquoi nous soutenons Mambé qui fait de son mieux. Nous avons la preuve que Mambé n'a pas fraudé. Il a donc notre soutien. Nous sommes déterminés à manifester jusqu'à ce que les médias d'Etat soient libérés. Jusqu'à ce que ceux qui ont été formés à grands frais par le pays soient opérationnels et fonctionnels. Jusqu'à ce que la Côte d'Ivoire connaisse enfin des élections pour que les Ivoiriens soient libérés et ceux-ci, parce qu'ils se seront mis au travail et ne passeront plus tout leur temps à bayer aux corneilles ou à descendre dans la rue.


N'êtes-vous pas en train de tomber dans le piège du clan présidentiel qui, dit-on, veut prétexter d'une chienlit pour ne pas aller aux élections ?

Pensez-vous que s'il y a la chienlit il va continuer à rester là ? S'ils pensent que c'est par la chienlit qu'on va régler les problèmes de la Côte d'Ivoire, nous sommes partants. Si c'est par des élections, qu'on y aille alors sans contorsions farfelues. Mais je dis que nous allons désormais équilibrer les forces de sorte à créer les conditions de ces élections. Sans doute qu'avec l'équilibre de la terreur, il y aura enfin une paix définitive dans ce pays.


Vos compagnons du Rhdp ont décidé de venir vous soutenir dans vos marches. Croyez-vous en la force de votre coalition ?

Nous avons organisé des meetings éclatés le week-end écoulé. Le seul cas que je peux évoquer, parce que j'y étais, c'est le meeting de Yopougon. Ce sont, au bas mot, 4.000 jeunes qui étaient mobilisés alors que c'est seulement la veille que nous avons passé le message. Vous croyez que les jeunes du Pdci-Rda, du Rdr, du Mfa et de l'Udpci, mis ensemble, peuvent être moins mobilisés que les « jeunes patriotes » ? Je n'en suis pas si sûr ? Nous avons proclamé que nous sommes majoritaires. Nous voulons donc démonter notre majorité.


Entretien réalisé par Marc Dossa
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