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Politique Publié le vendredi 29 janvier 2010 | Le Patriote

Blé Goudé - Un petit voyou qui s’attaque aux Grands

Consacrer un article, donc du temps et de l’espace, à un individu comme Charles Blé Goudé – pour, de surcroît et fatalement, en étaler la laideur morale, qui est sa principale marque définitoire – est un exercice sacrément difficile, qui ne s’apparente rien moins qu’à de l’auto-souillure intellectuelle.
C’est comme si on vous tendait un chiffon maculé d’escriment et qu’on vous demandait de vous en enduire. C’est clair que vous vous en sortirez avec de profondes salissures.
Mais l’exercice en devient autrement plus pénible quand vous savez que ce que vous êtes amené à écrire sera lu par d’innocents et honnêtes concitoyens, notamment la jeune génération d’Ivoiriens, qui sont à la recherche de modèles et qui ne méritent pas qu’on leur propose – j’allais dire impose – des contre-modèles de l’acabit de Blé, capables de ruiner leur avenir.
Il est donc de cet article sur ce quidam comme d’une faillite – à notre corps défendant – à la mission d’éducation des masses, notamment juvéniles, que Le Patriote a le devoir éthique d’assumer chaque jour.
Mais bon ! Il faut faire avec ! Dans l’espoir que l’intéressé soit un jour traversé par l’idée d’opérer une mue qualitative intérieure, une sorte d’ascèse morale, qui débouche sur la renaissance d’un nouveau Blé Goudé, débarrassé des pathogènes attentatoires à une éducation de base par trop avariée.
Tenez ! Un Blé Goudé qui, par exemple, dans une confession publique télévisée (puisque c’est ce canal qui lui sert d’exutoire verbal contre d’honnêtes citoyens), reconnaisse qu’il a été une véritable arsouille nationale, un bandit de grand chemin qui aurait dû échouer depuis bien longtemps, dans une prison de ce pays. N’est-ce pas que le destin d’un bandit est bien l’univers carcéral ? Après la rue qu’il revendique si fièrement, ce jeune mythomane – qui n’est plus si jeune que ça ! – aurait dû atterrir tout droit à la Maca. Et cela depuis bien longtemps.
Car c’est depuis la fin des années 80, à l’université d’Abidjan où il passa quinze longues années, dans un cycle qui en compte seulement trois, que Blé Goudé s’est signalé comme un voyou, en introduisant dans le milieu syndical, la où jusque-là la recherche du savoir et les revendications purement académiques se côtoyaient paisiblement, un outil inattendu : la machette.
La guerre des machettes qu’il déclencha dans le temple du savoir dès son accession à la tête de la Fesci, transformera du coup cette organisation syndicale en une guérilla antiacadémique, au sein de laquelle des factions d’étudiants se découperont en morceaux, quand certains se feront défenestrer et que, sacrilège des sacrilèges, des enseignants, les maîtres, se feront battre comme plâtre par leurs étudiants.
C’est sous la houlette de Blé Goudé que cette fédération étudiante, au départ puissante machine reconnue et respectée pour sa capacité de mobilisation autour des questions corporatistes, se transformera en une organisation quasi terroriste, qui inaugurera même l’ère des armes à feu, dont, selon plusieurs témoignages concordants, la chambre de Blé Goudé et de certains de ses lieutenants serviront de caches. Où est-ce que ce jeune homme se procurait cette artillerie ? Avec la complicité de qui ? A quoi servaient réellement ces armes à une époque où les hold-up et autres braquages foisonnaient ? Blé était-il le parrain déguisé d’une filière criminelle avec qui il se partageait le butin des opérations ? Un témoin de l’époque, proche de Blé, qui a préféré garder l’anonymat, est formel : « il avait des rencontres douteuses, souvent très tard dans la nuit, avec des individus – qui n’étaient pas des étudiants – dont il n’aimait jamais parler avec nous ». Un autre témoin, toujours sous le sceau de l’anonymat, raconte qu’à la Maca où il avait été incarcéré en 1998, Blé avait eu maille à partir avec un certain « Doukis », du petit nom d’un dur de la pègre, qui lui réclamait sans cesse « son du ». L’affaire aurait été rapidement étouffée, parce que Blé se serait acquitté de ce « du » en battant le rappel dehors, d’un de ses lieutenants.
C’est de là, poursuit notre source, que vient l’enchaînement de Blé Goudé sur son lit d’hôpital, au Chu de Yopougon, et qui défraya la chronique en son temps. En fait, les gardes pénitentiaires, alertées par la police judiciaire, redoutaient sérieusement une évasion d’un jeune homme qu’ils voyaient plus en brigand qu’en étudiant. Blé Goudé avait des attaches avec le milieu de la pègre et il n’était pas question pour les autorités policières de l’époque de le traiter autrement qu’un bandit.
Comment s’étonner donc qu’un tel individu, qui avait plus trempé sa plume dans le sang de ses camarades que dans l’encrier du savoir et flirté avec des pratiques de coupe-jarret, ne puisse pas buter sur une simple licence, en quinze ans de présence universitaire ?!

Vous avez dit voleur
de diplôme ?

A partir de là, il est aisément compréhensible que Blé Goudé ait emprunté la trajectoire de vie qu’on lui connaît dans ce pays. Celle qui l’a mené, alors que son fiasco universitaire pour le moins patent lui commandait le recours à un concours administratif, qui en aurait fait un bon petit commis de bureau, a préféré – l’habitude étant une seconde nature - par une nuit noire et avec la complicité d’un certain Toro Sery (qui passera aux aveux plus tard) et le parapluie protecteur du nouveau pouvoir en place, voler purement et simplement un diplôme, la licence, qu’il n’a jamais pu obtenir malgré les innombrables tentatives. Vous avez dit un voleur de diplôme ? Eh bien, à quoi devrait-on s’entendre de la part d’un homme d’une telle moralité ? Quand on a manipulé la machette, collaboré avec des braqueurs, a-t-on encore les ressources intellectuelles nécessaires pour affronter un diplôme universitaire, fut-il le tout premier de son cursus universitaire ?
Blé a donc choisi le chemin de la facilité. Celui qui accuse aujourd’hui d’honorables citoyens de tricheurs, de fraudeurs, s’est révélé au moins vingt ans en arrière, un redoutable fraudeur, un tricheur patenté, un voleur. Blé s’est rendu coupable du maraudage d’un diplôme universitaire, là où ses camarades étudiants ont cravaché dur en passant des nuits blanches pour s’approprier les enseignements reçus par leurs maîtres.
Et savez-vous où il s’est enfui avec son « butin » ? Loin, très loin de la Côte d’Ivoire, en Angleterre, au pays de la mythique Reine Elisabeth!
Quelqu’un à qui ses enseignants ne sont pas parvenus, ici en Côte d’Ivoire, à faire assimiler les rudiments de la langue anglaise – puisqu’il prétendait étudier l’anglais – que pouvait-il bien apprendre (et comprendre) dans une université anglaise – à Manchester parait-il – où tout le monde, profs comme étudiants, ne s’expriment que dans la langue de Shakespeare ? Qu’est-ce qu’un vaurien, activiste notoire dans son pays, pouvait-il assimiler dans une université illustre et respectable comme celle de Manchester, qui forme des élites de ce grand pays?
S’il avait été un parfait cancre en Côte d’Ivoire au point de ne pouvoir venir à bout, pendant toutes ces années, de quelques unités de valeur à même de lui faire obtenir ce modeste parchemin, pourquoi deviendrait-il subitement un brillant étudiant outre atlantique, qui décrocherait diplôme sur diplôme ?
Car, tenez-vous bien, ce cher Blé prétendra même qu’en plus de l’anglais, il étudiait les Sciences Politiques et qu’en cette matière-là, il avait obtenu les lauriers universitaires qu’il recherchait ! Sciences politiques ou sciences du mensonge ? On en est encore aujourd’hui à se poser cette question. Car, il faut être un véritable mythomane, un bonimenteur sans vergogne pour abuser avec autant d’aisance de l’intelligence de ses compatriotes. Sr faire passer pour l’éléphant quand on n’a même pas les mensurations d’une truie, il faut le faire !
C’est sans doute pour noyer ses turpitudes et embrumer sa finitude dans le brouhaha de la crise, qui éclata entretemps en Côte d’Ivoire, que l’homme accouru dare-dare sur les bords de la lagune Ebrié, courant 2002, pour se jeter corps et âme dans les rues de la capitale économique, à la tête d’une horde de jeunes désœuvrés, abusivement assimilés à des «jeunes patriotes».
Comment être un patriote quand on a contribué à la ruine du système scolaire et universitaire de son pays en y introduisant la violence et le meurtre ? Comment est-on patriote quand on vole un diplôme pour espérer en monnayer les dividendes sociaux à travers un emploi dont on n’a pas le niveau intellectuel et la formation ? Y a-t-il pire ennemi de sa patrie que celui qui est malhonnête vis-à-vis de cette patrie ? Y a-t-il pire traître à sa patrie que celui qui en bafoue les valeurs morales et citoyennes ? Blé Goudé, s’il ne le savait pas, est un antipatriote invétéré. Il est une plaie purulente à sa patrie, la Côte d’Ivoire.
Malheureusement, c’est cet homme, qui, après avoir fait tant de tort à son pays, s’y retrouvera en première ligne, lorsque surviendront les événements du 19 septembre 2002.
Si on devrait suivre la logique, le retour à Abidjan de cet énergumène – assimilable à celui du voleur sur le lieu du crime – aurait du donner lieu à son arrestation pure et simple. La justice aurait dû le juger et le condamner pour faux et usage de faux, aggravé de vol.
Las ! Le contexte de ce retour et les circonstances qui l’ont entourées, ont sauvé Blé, le voleur de diplôme, l’homme à la machette facile !
C’est d’ailleurs, précisément, pour ces « qualités » de l’homme, notamment sa propension à l’anarchie, à la violence, physique et verbale, qu’il lui a été fait appel par Laurent Gbagbo.
Et, on petit le dire, Blé Goudé n’a pas failli à sa mission, en instaurant une chienlit sans précédant pour un pays déjà suffisamment meurtri par sa première crise armée. Très vite, celui qui s’est surnommé le « Général de la rue », allait se poser en maître incontesté de cette pagaille sociale.
Hyper protégé et financé par le pouvoir et les forces républicaines, Blé allait brutalement basculer dans une violence urbaine sans commune mesure. Lui qui, avant de s’enfuir pour Manchester, avait laissé une bien triste carte d’identité au souvenir de ses compatriotes, lui, le voleur de diplôme, lui, le père du crime à l’université, lui, l’antipatriote qui a bloqué l’évolution du système scolaire et universitaire de son pays, allait se présenter comme le chef des « jeunes patriote ».
Entouré d’un conglomérat d’opportunistes, qui voyaient en cette aventure un providentiel moyen de se sortir de la galère épizootique qui les tourmentait, Blé allait littéralement prendre la rue. Pour ne plus la lâcher. Tue-t-on la poule aux œufs d’or ?

Le fou du roi Gbagbo

Il s’attaquera alors, au nom de ce prétendu patriotisme, à tout ceux de ses compatriotes ou non qu’il soupçonnait de ne pas rouler pour la cause qu’il défendait : Laurent Gbagbo. Il défendra cette cause comme un forcené, un fou à lier !
Avec Gbagbo comme le marionnettiste, Blé tirera à hue et à dia sur ses compatriotes. Quand Gbagbo, à l’aide de ses MI-24 et Sukkhoi, faisait descendre depuis les airs la foudre sur les « assaillants » – dont le trait commun était le faciès et le patronyme du Nord –, lui Blé, achevait le travail « terrestre » avec ses « jeunes patriotes » en les pourchassant, aidés en cela par les forces de l’ordre, jusque dans leurs cours et maisons. La terreur était à son paroxysme dans la journée avec Blé et dans la nuit avec les escadrons de la mort, tout cela dans une parfaite symbiose.

Il a tenté d’assassiner
Yves Zogbo Junior

Beaucoup d’Ivoiriens ont eu leur salut dans l’exil. L’exemple le plus saisissant reste bien celui de l’animateur vedette de la Télé, Yves Zogbo Junior, qui échappa à deux reprises à un assassinat à son domicile. Une tentative de meurte que tout le monde, y compris le malheureux Yves, imputa au Génie de Kpo, qui a manifestement actionné ses amis des Escadrons de la mort pour la macabre besogne. D’ailleurs, depuis son exil en RDC pour échapper à Blé, ce dernier continue de le traquer dans son pays d’exil en y envoyant régulièrement des malabars à ses trousses. Aujourd’hui, à la tête d’une immense fortune et propriétaire de multiples entreprises, dont bon nombre sont des sociétés écrans, l’homme se singularise par une arrogance ostentatoire, qui n’épargne personne.
Pour quelqu’un qui n’a jamais travaillé, qui n’a même pas pu achever honnêtement ses études – et qui fait écrire ses livres par des journalistes – être à la tête d’une fortune estimée à quelques milliards de nos francs, véritable injure à une jeunesse ivoirienne dont l’avenir a été totalement ruinée par Laurent Gbagbo, son parrain, comment ne pas comprendre cette insolence ? Comment ne pas comprendre qu’une petite frappe comme Blé Goudé se permette d’insulter à tout bout de champ une personnalité de la carrure de Ouattara. S’il n’est pas saoulé par les milliards volés dans les caisses nationales, comment comprendre que ce vaurien traite par exemple un homme comme Robert Mambé de tricheur !
A la vérité, Blé se croit investi d’un destin national, qu’il a hâte de voir se matérialiser après Gbagbo Laurent. Car, il ne voit personne au FPI lui ravir ce destin tout tracé. « Après Gbagbo, c’est moi », se bomberait-il la poitrine devant tous ceux qui osent lui nier cette « légitimité naturelle ».
C’est sans doute dans cette disposition d’esprit que se trouve Gbagbo pour oser désigner un tel individu comme son directeur de campagne chargée de la jeunesse. Quel exemple peut-il donner à cette jeunesse désemparée, qui attend avec espoir de se reconstruire un nouveau destin après la honteuse parenthèse de ces dix années de calvaire existentiel ? Qu’est-ce que Blé Goudé peut dire de bon, de constructif pour leur avenir, aux jeunes Ivoiriens qui soit le reflet de sa propre personne?

Edgar Kouassi
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