Le président de la Banque mondiale, Robert B. Zoellick, a effectué une visite en Côte d’Ivoire, du 27 au 30 janvier 2010, à l’invitation du Président de la République, Laurent Gbagbo. Avant de s’envoler pour Addis-Abeba (Ethiopie), le samedi 30 janvier, afin d’y prendre part au sommet de l’Union africaine (UA). Au terme de sa visite à Abidjan qui lui a permis de mieux apprécier les réalités économiques et politiques du pays, le patron de la Banque mondiale a exprimé un satisfecit pour le travail abattu au plan économique, mais il a, par ailleurs, affiché son indignation face à certains aspects politiques. Notamment la réunification du pays qui tarde à se traduire dans les faits et l’unicité des caisses de l’Etat qui constitue un vœu pieux. Sur ces faits, il a dénoncé, lors de l’entretien d’une heure qu’il a eu au palais présidentiel, le vendredi 29 janvier 2010, avec le Président Gbagbo, l’attitude des forces nouvelles (ex-rébellion armée) qui traînent visiblement les pas sur la question de la réunification du pays et de l’unicité des caisses. Selon des sources crédibles, Robert Zoelick a confié à Gbagbo que pour la communauté internationale, «la Côte d’Ivoire présente deux visages. Si les investisseurs veulent investir dans la partie sud du pays (où se trouvent des grands pôles comme Abidjan), ils s’adressent au gouvernement. Mais s’ils veulent investir dans la partie nord, ils sont obligés de s’adresser aux forces nouvelles». Le président de la Banque mondiale aurait qualifié cet état de fait d’inadmissible et pas rassurant. M. Zoellick estime qu’il est impératif que la réunification du pays se fasse afin que «la liberté de circuler pour les biens et les personnes soit effective». Sur l’unicité des caisses de l’Etat qui n’est pas encore faite, il a fait le constat que seules les ressources collectées au Sud permettent à s’occuper du pays tout entier y compris la partie nord dont les ressources sont contrôlées par les forces nouvelles. Il souhaite ardemment que le Premier ministre, Guillaume Soro, par ailleurs SG des forces nouvelles, mette fin à cela. Pour que toutes les ressources du pays aillent dans les caisses de l’Etat. Tout en félicitant le chef de l’Etat ivoirien pour le processus de paix, Robert Zoellick, qui est aussi homme politique, a plaidé pour que la question de la réunification du pays soit réglée avant la tenue des élections. Il a dit la même chose, rapportent des sources informées, au cours de sa rencontre, le jeudi 28 janvier, avec Henri Konan Bédié, président du PDCI, et les représentants du RDR, Touré Gaoussou et Maférima Touré (Alassane Ouattara étant en voyage en France). En effet, la réunification du pays avant l’élection présidentielle était en bonne place dans le rapport de la Banque mondiale fait à Robert Zoellick avant son arrivée en Côte d’Ivoire. Mais également dans le rapport de l’ONUCI effectué par Young J. Choi, récemment, à l’ONU sur le processus de sortie de crise en Côte d’Ivoire. Nominé en juillet 2007 à la tête de la Banque mondiale en remplacement de Paul Wolfowitz, Robert Zoellick effectuait récemment sa première visite en Côte d’Ivoire. «Un pays essentiel en Afrique et dans la sous-région ouest-africaine», a-t-il confié au président Laurent Gbagbo. Avant de se réjouir de la gestion rigoureuse des ressources publiques par la Côte d’Ivoire. Il a félicité le ministre d’Etat, ministre du Plan et du Développement, Paul Antoine Bohoun Bouabré, ainsi que le ministre de l’Economie et des Finances, Charles Koffi Diby, pour le travail remarquable qu’ils ont fait en synergie avec le représentant de la Banque mondiale en Côte d’Ivoire dans le ciblage des priorités. Notamment la recherche de financement, pour les emplois jeunes. Sur ce point, Robert Zoellick a rendu hommage, soutiennent les sources, au président Gbagbo pour la priorité qu’il a fait de la question des emplois jeunes. Le président de la Banque mondiale a salué le rôle important joué par les régies financières. Il a encouragé la réforme en cours de la filière café-cacao et s’est dit heureux de la gestion des ressources minières, dont le pétrole. La question de la réunification du pays et de l’unicité des caisses de l’Etat revient au galop. Que feront le président Gbagbo, le facilitateur Blaise Compaoré, le Premier ministre Guillaume Soro et les autres membres du Cadre permanent de concertation (CPC) pour que l’accord politique de Ouagadougou soit respecté à la lettre ? Wait and see, comme disent les Américains, les concitoyens de Robert Zoellick.
Didier Depry
didierdepri@yahoo.fr
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