Après la rupture des consommables dans les centres de dialyse de Cocody, Treichville et Yopougon, les malades sont confrontés aujourd’hui à la panne des générateurs. Le Dr Kouadio Mathurin, président de la Société ivoirienne de néphrologie), néphrologue depuis 1982, parle des conséquences de cette situation sur près de 200 malades.
Docteur, c’est bientôt la journée mondiale du rein.
Oui, le 11 mars. L’objectif sera d’informer la population et les autorités sur le fléau que représentent les maladies rénales. Elle sera organisée par la Société ivoirienne de néphrologie (Sin). Il y aura une sensibilisation avec une caravane et une conférence. Cette deuxième journée sera consacrée au diabète, l’an dernier c’était l’hypertension. Car, ce sont deux maladies qui entraînent l’insuffisance rénale quand elles sont mal traitées.
Justement, qu’elle est la situation des insuffisants rénaux à Abidjan, notamment dans le centre de dialyse que vous gérez ?
En ce moment, nous avons de graves problèmes de générateurs. Ce sont des machines qui permettent de faire la dialyse. A Cocody, nous avons 19 postes de dialyses, donc 19 générateurs, qui devaient permettre de traiter 114 malades. Malheureusement dix générateurs sont tombés en panne. Il ne reste que 9 postes qui doivent traiter 114 patients. A cause de cela, les malades passent la nuit ici, pour pouvoir faire leur dialyse. Et pour pouvoir dialyser tout le monde, nous sommes obligés de réduire le temps de dialyse.
Normalement, à combien de temps de dialyse à droit un patient?
Normalement, tout patient doit avoir un temps de dialyse de 12 h par semaine, c’est-à-dire, trois fois quatre heures dans la semaine. Mais, vu les difficultés avec les machines, nous avons réduit le temps de séance à 2 fois dans la semaine. Deux séances de 5h, ce qui fait 10 heures dans la semaine. Nous avons été obligés de réduire à 4h le temps de dialyse de chaque malade. Il y a certains malades qui font même 3h de dialyse. Si on ne le fait pas tous les patients ne pourront pas être dialysés.
N’y a-t-il pas de conséquences ?
Si. Les conséquences sont énormes. Les malades sont mal traités. Il y a des malades qui arrivent ici avec des crises de tension. Je ne vous dis pas si on en perd beaucoup. Un malade qui n’est pas bien dialysé sa vie est en danger.
Combien de décès y a-t-il à cause de cette situation?
Il y a eu 12 morts dans les centres de dialyse de Cocody, Treichville et Yopougon depuis décembre. Cela est dû au manque de générateurs.
II y a eu pourtant des dons qui ont été faits au centre de dialyse de Cocody...
C’est vrai, mais ces dons sont faits avec des machines de seconde main. Leur durée de vie ne nous permet pas de résoudre nos problèmes. Vous avez vu les générateurs, sur 19, seuls 9 marchent aujourd’hui.
Oui, mais d’autres dons ont été faits récemment.
Les dons qui ont été faits récemment, sont inutilisables parce qu’il n’y a pas de consommables. Ce sont des consommables spécifiques.
Qu’attend-on pour se procurer des consommables et mettre ces machines en marche ?
On ne les a pas sur place, il faut les commander.
C’est un paradoxe : il y a des générateurs qui ne sont pas utilisés faute de consommables, et vous vous plaignez de la pénurie de machines ?
Je vous ai dit que nous avons un besoin de 33 nouveaux générateurs. Ce sont des machines de seconde main que nous avons, les dons qui ont été faits l’an dernier, ont périclité au bout de 6 mois. Ces machines sont sur-utilisées. Un an c’est beaucoup pour des générateurs de seconde main. Un nouveau générateur ne peut pas fonctionner au-delà de 30.000 heures, or les machines qui nous ont été offertes ont déjà fait environ 20.000 heures d’utilisation. Et quand elles arrivent ici, elles sont surexploitées.
Que vous faut-il pour sauver les 200 insuffisants rénaux que vous soignez dans les centres de dialyse de Cocody, Treichville, Yopougon?
Il nous faut 33 nouveaux générateurs pour Cocody, Treichville et Yopougon et 8 pour Gagnoa. Nous fonctionnons avec l’aide des dons, mais je pense que la solution, c’est de renouveler toutes ces machines. Il faut rendre performant le traitement de la dialyse pour faire face aux cas de décès.
Interview réalisée par Raphaël Tanoh
Docteur, c’est bientôt la journée mondiale du rein.
Oui, le 11 mars. L’objectif sera d’informer la population et les autorités sur le fléau que représentent les maladies rénales. Elle sera organisée par la Société ivoirienne de néphrologie (Sin). Il y aura une sensibilisation avec une caravane et une conférence. Cette deuxième journée sera consacrée au diabète, l’an dernier c’était l’hypertension. Car, ce sont deux maladies qui entraînent l’insuffisance rénale quand elles sont mal traitées.
Justement, qu’elle est la situation des insuffisants rénaux à Abidjan, notamment dans le centre de dialyse que vous gérez ?
En ce moment, nous avons de graves problèmes de générateurs. Ce sont des machines qui permettent de faire la dialyse. A Cocody, nous avons 19 postes de dialyses, donc 19 générateurs, qui devaient permettre de traiter 114 malades. Malheureusement dix générateurs sont tombés en panne. Il ne reste que 9 postes qui doivent traiter 114 patients. A cause de cela, les malades passent la nuit ici, pour pouvoir faire leur dialyse. Et pour pouvoir dialyser tout le monde, nous sommes obligés de réduire le temps de dialyse.
Normalement, à combien de temps de dialyse à droit un patient?
Normalement, tout patient doit avoir un temps de dialyse de 12 h par semaine, c’est-à-dire, trois fois quatre heures dans la semaine. Mais, vu les difficultés avec les machines, nous avons réduit le temps de séance à 2 fois dans la semaine. Deux séances de 5h, ce qui fait 10 heures dans la semaine. Nous avons été obligés de réduire à 4h le temps de dialyse de chaque malade. Il y a certains malades qui font même 3h de dialyse. Si on ne le fait pas tous les patients ne pourront pas être dialysés.
N’y a-t-il pas de conséquences ?
Si. Les conséquences sont énormes. Les malades sont mal traités. Il y a des malades qui arrivent ici avec des crises de tension. Je ne vous dis pas si on en perd beaucoup. Un malade qui n’est pas bien dialysé sa vie est en danger.
Combien de décès y a-t-il à cause de cette situation?
Il y a eu 12 morts dans les centres de dialyse de Cocody, Treichville et Yopougon depuis décembre. Cela est dû au manque de générateurs.
II y a eu pourtant des dons qui ont été faits au centre de dialyse de Cocody...
C’est vrai, mais ces dons sont faits avec des machines de seconde main. Leur durée de vie ne nous permet pas de résoudre nos problèmes. Vous avez vu les générateurs, sur 19, seuls 9 marchent aujourd’hui.
Oui, mais d’autres dons ont été faits récemment.
Les dons qui ont été faits récemment, sont inutilisables parce qu’il n’y a pas de consommables. Ce sont des consommables spécifiques.
Qu’attend-on pour se procurer des consommables et mettre ces machines en marche ?
On ne les a pas sur place, il faut les commander.
C’est un paradoxe : il y a des générateurs qui ne sont pas utilisés faute de consommables, et vous vous plaignez de la pénurie de machines ?
Je vous ai dit que nous avons un besoin de 33 nouveaux générateurs. Ce sont des machines de seconde main que nous avons, les dons qui ont été faits l’an dernier, ont périclité au bout de 6 mois. Ces machines sont sur-utilisées. Un an c’est beaucoup pour des générateurs de seconde main. Un nouveau générateur ne peut pas fonctionner au-delà de 30.000 heures, or les machines qui nous ont été offertes ont déjà fait environ 20.000 heures d’utilisation. Et quand elles arrivent ici, elles sont surexploitées.
Que vous faut-il pour sauver les 200 insuffisants rénaux que vous soignez dans les centres de dialyse de Cocody, Treichville, Yopougon?
Il nous faut 33 nouveaux générateurs pour Cocody, Treichville et Yopougon et 8 pour Gagnoa. Nous fonctionnons avec l’aide des dons, mais je pense que la solution, c’est de renouveler toutes ces machines. Il faut rendre performant le traitement de la dialyse pour faire face aux cas de décès.
Interview réalisée par Raphaël Tanoh
