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Politique Publié le mardi 9 février 2010 | Le Patriote

Le jeu dangereux des juges

Anatole Mendez France disait : « La justice est sociale. On l’administre avec les règles fixes et non avec les frissons de la chair et les clartés de l’intelligence. » Pour dire que la justice, ce sont d’abord les textes de loi. Il faut les appliquer. Un point et un trait. Loin de toute considération ou pesanteur partisanes ou personnelles. Autrement dit, ceux qui sont chargés d’appliquer la justice doivent le faire en toute impartialité. Ce n’est malheureusement pas le cas en ce temps de contentieux électoral où certains de nos juges montrent une image peu reluisante de notre Justice. Au lieu de faire baisser la tension dans cette période délicate et sensible, ces juges par leurs jugements contribuent fortement à détériorer la cohésion sociale. Ces acteurs du temple de Thémis plutôt que dire le droit, ont décidé de faire le jeu de certains hommes politiques. Or tout le monde sait que politique et justice n’ont jamais fait bon ménage. Quand la politique entre par la porte d’un tribunal, le droit et la justice sortent par la fenêtre. Les exemples les plus parlants sont les cas qui se sont déroulés à Divo, Bouaflé, Sinfra et Zuénoula où des juges ont pris des jugements au mépris des règles élémentaires du droit. A Divo, le juge Tié Bi Foua Gaston a pris sur lui de faire radier plus de 400 personnes de la liste électorale sur demande des responsables locaux du FPI. Au motif que les personnes concernées sont d’origine étrangère. Or il est avéré que les plaignants n’ont non seulement soumis au préalable leur demande de radiation à la CEI comme l’exige la procédure. Mais surtout n’ont produit le moindre document justificatif pour soutenir leurs allégations. Pire. Le tribunal dans cette affaire n’était pas légalement constitué. Car le substitut du procureur n’était pas présent à l’audience. A la première séance, le représentant du Parquet avait clairement requis l’irrecevabilité pour les demandes en radiation pour non respect de la procédure et absence de pièces justificatives comme le stipulent les textes en vigueur. En outre, les concernés n’étaient pas pour la plupart informés et nulle part l’affaire n’a été dans ce sens inscrite dans un rôle. L’audience s’est donc déroulée sans que les intimés aient eu la chance de faire usage de leur droit de défense. Malgré ces vices graves tant dans la forme que dans le fond, le juge Tié Bi Foua Gaston a décidé d’ordonner la radiation de citoyens régulièrement inscrits sur la liste provisoire électorale. Le même scenario s’est déroulé à Sinfra, Zuénoula, Bouaflé où des centaines de citoyens ont été radiés sans preuve. Par la faute de magistrats qui ont apparemment oublié leur serment. Malheureusement, les magistrats qui ont décidé d’ôter leur toge pour enfiler leurs habits de militant du FPI sont plus nombreux qu’on le croit. Selon nos sources, ce sont au moins 50 magistrats qui ont été contactés par le pouvoir en place pour « désinfecter » la liste électorale de supposés « étrangers voleurs de la nationalité ivoirienne ». Si l’on n’y prend garde, cette affaire risque de plonger notre pays dans le désordre et le chaos. Les événements douloureux qui se sont déroulés à Divo, Katiola et à Man doivent interpeller les magistrats qui prennent le malin plaisir de tordre le cou au droit. Pour des considérations politiques. Leur responsabilité historique est grandement engagée dans tout ce qui peut arriver à la Côte d’Ivoire. Car, ce que le peuple ne peut obtenir au tribunal, il va le chercher dans la rue.
Jean-Claude Coulibaly
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