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Politique Publié le samedi 13 février 2010 | Nord-Sud

Affaire des 429.000 enrôlés : Discours du président de la République - L’affaire Mambé emporte le gouvernement

“Depuis près de deux mois, une grave crise secoue la Commission Electorale Indépendante (CEI). Comme nous le savons, en particulier à l`issue de l`enquête diligentée par le procureur de la République près le tribunal de première instance d`Abidjan Plateau, le Président de cette institution, Monsieur Robert Beugré Mambé a mené une opération illégale, visant à obtenir l`inscription frauduleuse de 429 030 personnes sur la liste électorale.

Cette affaire intervient alors que nous sommes dans la dernière phase de l`établissement de la liste électorale, dernière étape vers l`organisation du scrutin présidentiel.

Ainsi, au moment où nous pensions être au bout de nos efforts pour avoir des élections propres, nous constatons qu`en réalité le processus de paix que nous avons patiemment élaboré est pris en otage par des partis politiques à travers leurs représentants au sein des institutions chargées de le mettre en œuvre. Le président de la Commission Electorale Indépendante n`a pas agi conformément à ce que la nation était en droit d`attendre de lui à savoir, demeurer rigoureux, neutre et impartial.

C`est dans ce contexte que l`on voit se multiplier des attaques contre les symboles de l`Etat : Des tribunaux saccagés à Divo, Man, et Katiola. Des sous-préfectures incendiées, notamment dans le département de Vavoua.

Ces faits montrent que nous ne sommes pas face à une simple crise dans la crise. Au-delà du processus électoral, c`est l`Accord Politique de Ouagadougou dans son ensemble que l`on veut saboter. Je rappelle que cet accord, signé entre les Forces Nouvelles et le Président de la République, vient de notre volonté de donner un instrument à la Côte d`Ivoire pour aller à la paix. Il nous a permis de faire des progrès qu`aucun autre instrument ne nous avait donné l`occasion de réaliser. Nous n`avons aucune raison de l`abandonner. Au contraire, nous devons lever tous les obstacles à sa mise en œuvre.

Aujourd`hui, malgré tous les acquis, le processus de paix est à nouveau en panne. Nous sommes toujours face aux mêmes circonstances qui nous ont amenés hier, à prendre des mesures exceptionnelles pour ouvrir une perspective de paix à notre pays.

C`est pourquoi, afin de lever toute hypothèque sur le processus de paix et permettre à la Côte d`Ivoire d`aller, en toute confiance, à des élections propres, je prends, en vertu de l`article 48 de notre constitution, les mesures suivantes :

- Premièrement, la Commission Electorale Indépendante (CEI) est dissoute. Je demande au Premier ministre de me proposer dans un délai de sept jours, à compter d`aujourd`hui, le format d`une nouvelle Commission Electorale crédible, qui pourra organiser des élections justes et transparentes.

- Deuxièmement, le gouvernement est dissout. Je reconduis le Premier ministre Soro Guillaume, dans ses fonctions. Il est chargé de me proposer dès le lundi 15 février 2010 un nouveau gouvernement.

Je veux, pour la Côte d`Ivoire, un gouvernement de sortie de crise. Un gouvernement au service des Ivoiriens et non aux ordres des partis politiques. La mission de ce gouvernement sera de conduire, sous l`autorité du Président de la République et du Premier ministre, les dernières actions nécessaires pour sortir la Côte d`Ivoire définitivement de la crise”.



Gbagbo avait annoncé les couleurs

Le chef de l`Etat qui ne s`était pas encore prononcé publiquement sur la suite à accorder à l` ``Affaire des 429.000 enrôlés`` ou ``Affaire Mambé``, du nom du président de la Commission électorale indépendante (Cei), l`a fait hier. C`est à la tribune de l`Ecole nationale d`Administration (Ena), où il était invité, que Laurent Gbagbo a annoncé des dispositions en vue de mettre un terme au bras de fer qui oppose l`opposition au pouvoir. Au sujet de la démission ou non du président de la Cei. « Nous sortons d`une crise et nous nous en sortons bien. Le croisement populaire est toujours l`heure de vérité et nous sommes à l`heure de vérité. C`est aujourd`hui que nous allons voir ceux qui sont contre ou pour les élections propres. Le président de la Commission Electorale Indépendante (CEI) a reconnu publiquement des dysfonctionnements relativement à ``l`affaire des 429.000 enrôlés clandestins », a commencé par dire le président. Et de poursuivre en déplorant la bravade du président de la Cei : «Des voix autorisées lui ont demandé de démissionner ; il a refusé. Il y a des paroles qu`il ne faut pas dire. Si l`Etat veut créer les conditions pour que les problèmes se règlent, il ne faut pas croire qu`il est faible. Si tu refuses de démissionner, l`Etat aura toujours une solution. J`ai une palette de solutions ; j`en choisirai une et le problème sera réglé. Aujourd`hui même, ce problème sera réglé ».

Cette annonce faite, Laurent Gbagbo s`est attaqué à l`image de l`école de prestige. Le président a souhaité qu`elle puisse faire son bilan. Avec tout ce qu`elle a connu comme déboires, aux regards des mauvais commentaires faits à son sujet par les populations. « L`Ena, compare le chef de l`Etat, comme la Côte d`Ivoire, a 50 ans ; à 50 ans, on fait un bilan. » Car, dira-t-il, « notre pays sort d`une grave crise. Il faut faire le bilan. Des réflexions critiques seront faites dans tous les domaines. Des propositions seront faites pour des lendemains meilleurs. Mais, il est bon que l`Ena fasse son bilan quant à la gestion des cadres, quant à sa mission de formation. Nous attendons de vous, Monsieur le Ministre, Monsieur le Directeur de l`Ena, que vous fassiez le bilan de cette Ecole». Ceci dit, il a fait injonction aux responsables de l`école de redorer son image : « Monsieur le Ministre, Monsieur le Directeur de l`ENA, notre Ecole, votre Ecole a une mauvaise réputation. Je ne veux plus qu`on dise que l`Ena est l`épicentre, l`antichambre de la corruption ; parce que cela n`est pas bon pour la Côte d`Ivoire et pour son Administration. Si cela est vrai, remédiez à cela. Si cela est, par contre faux, expliquez aux Ivoiriens que c`est faux. A vous d`expliquer que cette Ecole n`est pas l`antre de la corruption ».

La 48ème promotion porte le nom de Laurent Gbagbo. Cette promotion compte 668 élèves-fonctionnaires dont 252 filles. La promotion a pour devise : ``Détermination-Loyauté-Excellence``.

Bidi Ignace
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