Abengourou paralysé, hier

La ville d’Abengourou, la cité royale, de la paix a perdu de sa sérénité habituelle. Ce lundi 15 février, la capitale du Royaume de l’Indénié ressemblait à un véritable champ de bataille. Des pneus brûlés dans les artères de la ville faisaient dégager une fumée noire dans le ciel. Les boutiques et magasins étaient soigneusement fermés. La ville paralysée, la circulation bloquée. Seules quelques motos réussissaient à se frayer un chemin. Des ordures ménagères sont même déversées sur la chaussée. Les jeunes du Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) debout depuis 5h du matin sont en colère. Badigeonnés de charbon, ils manifestent dans la rue, contre la décision prise par Laurent Gbagbo de dissoudre le gouvernement et la Commission Electorale Indépendante (CEI). « Gbagbo voleur ! Gbagbo Voleur ! » scandent les manifestants en nombre très important, qui exigent la démission du président de la république. « Trop c’est Trop, il faut que Gbagbo quitte le pouvoir » lance quelqu’un. La foule très excitée entonne un chant « Au revoir, au revoir, Laurent Gbagbo, Laurent Gbagbo s’en va, Laurent Gbagbo s’en va ». D’autres d’ajouter, « plus de gouvernement, plus de préfet, plus de président, plus d’autorité. » Les forces de défense et de sécurité postés à plusieurs endroits pour dissuader les manifestants lancent des gaz lacrymogènes pour disperser la foule. Cependant, les jeunes ne démordent pas et la foule s’agrandit malgré l’odeur suffocante des gaz lacrymogènes. Les jeunes du RHDP en présence de leurs responsables respectifs, Bah Aboulaye du RDR et Adou Inocent du PDCI qui n’avaient peur de rien, ont sillonné la commune d’Abengourou pour exprimer leur ras-le-bol face à « l’imposture » de Laurent Gbagbo. Un fou au milieu des manifestants faisant également de grands signes pour dire non à Gbagbo. Un marcheur de dire : « même les fous sont fatigués de la misère car ils ne trouvent même plus a mangé dans les poubelles ». Après avoir fait le tour de la ville selon un itinéraire précis, les jeunes qui n’ont rien cassé se sont retrouvés à la place de la solidarité pour un meeting. Le porte-parole des marcheurs, Delmas Mohamed Sadis dit ‘’Fantomas’’ a donné les raisons de ces manifestations. Pour lui, il s’agit de répondre au mot d’ordre du RHDP, lancé par le secrétaire général du PDCI, Alphonse Djédjé Mady, qui stipule qu’ils ne se reconnaissent plus en Laurent Gbagbo comme leur président. Il a donc invité les jeunes à se tenir prêts pour les jours à venir, car le combat ne fait que commencer. Aussi, ont-ils invité les jeunes à rentrer chez eux et à rester à l’écoute. Depuis le vendredi 12 Février, le président Laurent Gbagbo a dissous le gouvernement et la CEI après son arrivée de Ouagadougou tout en exigeant un nouveau gouvernement au Premier ministre Soro Guillaume.
Moyé Blassonni Kédjébô (Correspondante)