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Politique Publié le lundi 15 février 2010 | Le Nouveau Réveil

Consultations de Ouaga, affaire Cei : Comment Gbagbo a trahi Compaoré

A Ouagadougou et particulièrement dans l'entourage du chef du Palais Koysan, le sentiment général est à l'étonnement. L'on continue de s'interroger sur la volte-face de M. Laurent Gbagbo qui, sans attendre les conclusions des consultations initiées par le Facilitateur dans la crise ivoirienne, a pris des mesures extrêmes contre la Commission électorale et le gouvernement d'union nationale. Et pourtant, selon des sources très bien informées, Blaise Compoaré était sur le point d'adresser à Gbagbo Laurent une palette de propositions en six points pour juguler cette crise dans la crise. Hélas !
Nos sources sont formelles. Le facilitateur Blaise Compoaré a été pris de court par Laurent Gbagbo. Il a même été mis devant le fait accompli, un seul coup de fil pour l'avertir, pour l'informer du changement, du revirement à 180 degrés. Gbagbo n'a donc pas associé le facilitateur, pas plus qu'il n'a demandé son avis avant de prendre ses décisions.
Nous sommes le jeudi 11 février, il est un peu plus de 18h 30, Blaise Compoaré vient de boucler sa série de consultations avec les acteurs de la crise ivoirienne. Les délégations du Cnrd, du Rhdp et de la Cei n'ont même pas encore quitté la capitale du pays des hommes intègres que Gbagbo balance un coup de fil au président du Faso. L'entretien entre les deux hommes aurait été très bref. En substance, le message de Gbagbo est celui-ci "Je suis le chef de l'Etat d'un pays souverain, je vais utiliser l'article 48 de la constitution ivoirienne pour prendre des décisions que voici : la dissolution de la Cei et la dissolution du gouvernement". Blaise Compoaré est surpris, pour toute réponse, il dit à son interlocuteur qu'il "prend acte".
Il faut indiquer que ce coup de fil est tombé juste au moment où, après avoir reçu et écouté les parties ivoiriennes, le Facilitateur et ses collaborateurs venaient de faire la synthèse de leurs consultations et de dégager les solutions qui leur paraissaient idoines pour régler le problème lié aux "429.000 pétitionnaires".
Selon des indiscrétions dignes de foi, les propositions du Facilitateur se résumaient en 6 points : interdiction de poursuites judiciaires et d'arrestation des membres de la Cei, maintien en l'état de la Cei telle qu'elle découle des accords de Pretoria et de Ouaga, vigilance accrue des activités du gouvernement et de la Commission Electorale Indépendante, la validation des 5,03 millions d’électeurs croisés positivement sur le fichier électoral, accès équitable des partis aux médias d'Etat, le cas de la démission de M. Mambé pouvait faire l'objet de discussions continues.
Telle est la palette de solutions que Blaise Compoaré était sur le point de porter à la connaissance de Gbagbo et des acteurs clefs de la crise ivoirienne pour relancer le processus électoral. Il nous revient même que la délégation conduite par Affi N'guessan aurait été informée qu'un courrier serait adressé en urgence à Gbagbo au terme des consultations avant dimanche. Pour lui faire le point des propositions arrêtées.
Gbagbo n'a donc pas attendu d'être informé des propositions du Facilitateur qu'il a pris sur lui d'effectuer un raid solitaire et dévastateur sur le processus de sortie de crise.
Selon toute vraisemblance, c'est au vu du point que Affi N'guessan a fait depuis son hôtel à Ouaga que Gbagbo a pris ces décisions. Il savait peut-être d'avance que les solutions de Compaoré ne l'agréraient pas. Il a donc pris les devants. Et le Facilitateur a été mis devant le fait accompli.
Akwaba Saint Clair


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