Le Premier ministre Guillaume Soro pourra-t-il présenter ce lundi un gouvernement comme le lui a recommandé le Chef de l'Etat ? Rien n'est moins sûr, quand on sait que des partis qu'il doit consulter, le RHDP et le PIT semblent ne pas être prêts à reconnaître le gouvernement en gestation. Or, sans tous les fils et filles de Côte d'Ivoire, il lui serait difficile de mettre en place ce Gouvernement. A moins que... Le vendredi, le Chef de l'Etat, dans sa déclaration de dissolution de la CEI et du Gouvernement, a dit : "Je veux un gouvernement de sortie de crise, un gouvernement au service des Ivoiriens et non aux ordres des partis politiques ", comme pour dire à tous que ce qu'il attend n'est pas tant les propositions des partis politiques. A son tour, dans un communiqué lu le lendemain par son porte-parole " Le Premier Ministre réaffirme que la paix en Côte d'Ivoire ne peut se construire qu'avec toutes les filles et tous les fils de ce pays ". Cette réponse sonne comme un désavoeu au Chef de l'Etat. En d'autres termes Soro ne saurait faire un gouvernement en dehors de toutes les sensibilités et toutes les tendances. Celles-ci étant réunies au sein des partis politiques, il va sans dire que Soro consulte lesdits partis. Or, il se trouve que le PDCI-RDA de Henri Konan Bédié, le RDR d'Alassane Dramane Ouattara, l'UDPCI de Albert Mabri Toikeusse et le MFA de Kobena Anaky, réunis au sein du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la paix (RHDP), n'entendent pas une fois de plus laisser le Chef de l'Etat mener le bal à sa guise. Prétextant des décisions qu'ils jugent inappropriées et inopportunes, ils décident de boycotter tout ce qui en découlera : " Le RHDP ne reconnaîtra ni la nouvelle CEI, ni le nouveau gouvernement en formation, selon les termes de Monsieur Laurent GBAGBO ", déclarent-ils. Dans un communiqué rendu public hier, le Parti Ivoirien des Travailleurs de Francis Wodié déclare : " Pour le PIT, il s'agit ni plus ni moins d'un coup d'Etat politique et institutionnel. Le PIT ne peut, en aucune manière, accepter, encore moins cautionner cette aventure politique, en tous points préjudiciable à la paix, à la démocratie et à l'intérêt national. En conséquence: (…) Le PIT exige la démission de Gbagbo Laurent en tant que chef de l'Etat, pour avoir commis cette forfaiture et pour toutes les pressions qu'il exerce sur le processus électoral pour le dévoyer ". C'est dire que de facto, le PIT ne reconnaît pas le nouveau gouvernement voulu par Laurent Gbagbo. Il va sans dire que ni le RHDP, ni le PIT n'enverront des ministres dans ce gouvernement. Ce qui bloquera Soro dans ses consultations. Si Soro ne fait pas de gouvernement dans le délai imposé par Laurent Gbagbo, ce dernier, enfourchant l'article 48 comme il l'a fait, et poussé par les siens pourrait former un gouvernement à son goût. Bien que Soro soit toujours le Premier Ministre issu des accords ! Ce qui ferait deux Premiers Ministres. Voire deux gouvernements pour la même république de Côte d'Ivoire. Le comble.
EP
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