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Art et Culture Publié le lundi 15 février 2010 | Nord-Sud

Défilé de mode à la Maca : Pari réussi pour Momo Che

Insolite, pourrait-on dire. Mais réel, a prouvé Momo Che. La styliste modéliste a, au-delà de toutes les spéculations, organisé le tout premier défilé de mode à la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan.


L'enjeu était de taille. Sanogo Man, plus connu sous le ''nom de ciseaux'' de Momo Che, styliste modéliste en était consciente. Sa dextérité et son grand cœur ont donc suffi pour faire la différence. Que d'émotions, vendredi dernier, lors du tout premier défilé de mode organisé à la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (Maca). Il était question, pour cette mordue de mode, d'établir un pont entre l'incarcération et la liberté, la volonté et l'inaction. Un passage du « désespoir à l'espoir », qui était le thème du défilé. Des larmes de joie ont ruisselé sur les pommettes de la styliste dès qu'elle a vu des détenues se prêter au jeu (1ere émotion). Des invités de taille, de la maison d'arrêt et de correction se sont eux-aussi associés à la mise en scène. Et l'ex-président du conseil d'administration de la Bourse de café-cacao (Bcc) Tapé Doh Lucien, incarcéré depuis un moment et Eric Didia, animateur à radio Nostalgie Abidjan lui aussi détenu, étaient en première ligne. Roro (Eric Didier) a prouvé qu'il n'avait pas perdu son amour pour la bonne musique, surtout la rumba (musique d'origine congolaise), dont il est l'un des promoteurs sur les bords de la lagune Ebrié. En témoignaient les hochements pour en apprécier la qualité (2e émotion). Les détenues, jeunes ou âgées, mannequins d'un soir, ont rivalisé avec des divas du monde entier comme Claudia Schiffer ou autres Naomi Campbell sur le T (un tapis rouge commis pour l'occasion) (3e émotion).

14h, vendredi, dans la commune de Yopougon. Une pluie battante vient de briser ses barres. Permettant aux invités de Momo Che d'aller se réfugier derrière les barreaux de la Maca. A l'entrée de l'antre des prisonniers, les instructions sont fermes. Pas d'appareils photos, de téléphones portables, hormis les pièces d'identité déposées aux gardiens, aucun autre objet ne doit être emporté à l'intérieur. Un détour par le garage permet de rejoindre le bâtiment des femmes. De belles jeunes filles, de t-shirts fleuris vêtues (body), accueillent les invités. Celles-là aussi sont des détenues ? S'interrogent de nombreux invités. De la bonne musique est distillée. L'atmosphère festive a fait oublier un instant l'univers dans lequel on se trouvait. Selon Coulibaly Awa, porte-parole des détenues, la vie, quoique linéaire, est aussi faite de plis. Ainsi, pense-t-elle, que venir en prison n'a jamais été une option pour les personnes qui s'y trouvent. Pour la simple raison que ce lieu n'est pas destiné à une catégorie spécifique de personnes. C'est pourquoi, elle demande aux responsables de la Maca de faire de ce cachot, un véritable espace de correction. Revenant sur sa volonté d'organiser un défilé dans le fief des prisonniers, Momo Che a soutenu que « la prison n'est pas une fatalité ». C'est pourquoi, elle croit que c'est « un lieu de méditation ». Réflexion qui doit aboutir à un choix judicieux de ce qu'on pourra faire après l'incarcération. Le défilé proprement dit était divisé en trois parties selon les morphologies. Les formes fines, moyennes et en chair. Les stars d'un soir n'ont manqué aucune occasion pour briller sous les flashs du seul photographe admis à l'intérieur. Déhanchement aguichants, petits détours, bisous, ont chaleureusement été applaudis par le public. Montrant qu'elles n'ont rien perdu de leur joie de vivre. La ''go'' choc, Blanche neige, Adiza, Clara la belle, la première dame, pour ne citer que celles-là, ont, un tant soit peu, communié avec leurs hôtes. Pour Ouattara Korotoumou, responsable du service socio-éducatif en milieu carcéral, c'est un premier pas que vient de faire dans le processus de socialisation des détenues après l'incarcération. Claire Bahi et Béatrice Gnoupalé « version Maca » ont enflammé la foule. A 16 h 30, le jeu tirait à sa fin. Les invités venus de l'extérieur se retiraient. Les jeunes mannequins, bien que le cœur meurtri, savaient qu'elles venaient de donner le meilleur d'elles-mêmes et que, dès leur sortie de prison, elles pourront embrasser une carrière de top-modèle. Sinon, rejoindre Momo Che couture, qui leur offre une formation de styliste après qu'elles ont purgé leurs peines.

Sanou Amadou (stagiaire)
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