Quand M. Laurent Gbagbo annonçait le vendredi dernier la dissolution de la CEI et du Gouvernement, il avait certainement son idée de la réaction de l'opposition, même s'il a pris l'habitude de dire qu'en face, il n'y a rien. Les observateurs s'attendaient aussi à une réaction certaine de l'opposition. La réaction, il y en a eu, mais pas comme chacun se l'imaginait. Du moins pas dans le sens attendu. Prenant ainsi M. Gbagbo et tout le reste à contre-pied.
La phrase de M. Gbagbo qui disait: "Je rappelle que cet accord, signé entre les Forces nouvelles et le président de la république, vient de notre volonté de donner un instrument à la Côte d'Ivoire pour aller à la paix… Je veux un gouvernement de sortie de crise, un gouvernement au service des Ivoiriens et non aux ordres des partis politiques" n'avait pas pour seul objectif de baliser le nouveau gouvernement, elle devait aussi et surtout piquer ses opposants au point de les amener à revendiquer le partage équitable du gouvernement. Mieux, en mettant le gouvernement et la CEI dans le même box, le candidat du FPI visait sans doute à pousser l'opposition à mener la lutte pour le maintien du gouvernement, en lieu et place de celle pour la poursuite du processus électoral, grâce à la sauvegarde de la CEI. Car en fait, le vrai problème de la Côte d'Ivoire aujourd'hui, c'est l'organisation des élections propres et ouvertes qui permettraient à l'ensemble des Ivoiriens de choisir librement leurs prochains dirigeants. Et la solution à ce problème réside dans le maintien d'une Commission Electorale Indépendante et la poursuite du travail déjà accompli et pour lequel le Chef de l'Etat avait alors publiquement félicité le président Mambé et ses collaborateurs.
Mélanger pour
mieux doubler
Le gouvernement n'est en tout cas pas le problème dont la résolution fera avancer véritablement la Côte d'Ivoire. Par exemple depuis vendredi dernier et jusqu'au vendredi prochain (soit pendant une semaine), la Côte d'Ivoire n'aura pas de gouvernement officiel, mais elle fonctionnera tant bien que mal. Par contre, si les élections ne sont pas organisées le plus tôt possible, il sera difficile au pays de suivre le rythme normal. Et puis, à quoi servirait un gouvernement même de technocrate, si le pays est exposé aux conflits internes ? En mettant donc dans le même panier la CEI et le Gouvernement, le Chef de l'Etat entendait secrètement amener l'opposition à prendre l'ombre pour la proie. La proie étant les élections par la CEI et l'ombre étant les disputes pour la formation du Gouvernement. Il espérait que les gens en face de lui se perdent dans la bataille pour imposer leurs hommes au gouvernement, tout en délaissant le problème de la CEI, tandis que le camp présidentiel s'activerait à peaufiner ses plans pour le contrôle exclusif de la machine électorale. Mais, il a été à son tour pris au dépourvu. Ses adversaires ne sont pas apparus là où il les attendait le plus.
Dans sa déclaration du samedi dernier, le RHDP est on ne peut plus clair : "Ces décisions de Monsieur Laurent GBAGBO sont antidémocratiques et anticonstitutionnelles. Elles constituent un véritable coup d'Etat. En conséquence, le RHDP proclame qu'à compter de ce même jour vendredi 12 février 2010, il ne reconnaît plus Monsieur Laurent GBAGBO comme Chef de l'Etat de Côte d'Ivoire… Le RHDP ne reconnaîtra ni la nouvelle CEI, ni le nouveau gouvernement en formation, selon les termes de Monsieur Laurent GBAGBO. Le RHDP demande à ses militants et sympathisants de se conformer strictement à ces décisions", a-t-il dit.
Tel est pris qui croyait prendre
Hier encore, au moment où le Premier Ministre Soro Guillaume entamait ses consultations en vue de la formation du nouveau gouvernement, les responsables du RHDP ont fait savoir que le gouvernement n'est pas leur priorité. En d'autres termes, le gouvernement qu'on veut former dans les conditions que tout le monde sait, ne les intéresse pas. Ils sont plutôt préoccupés par la situation de la CEI et ils entendent se battre pour cela. De fait, ils retournent le piège contre M. Gbagbo qui se retrouve sous la pression. Il a demandé au premier ministre de lui proposer dans 72 heures (soit hier lundi) un gouvernement débarassé de l'influence des partis politiques. Le premier ministre lui rétorque que "… la paix en Côte d'Ivoire ne peut se construire qu'avec toutes les filles et tous les fils de ce pays". Ce qui revient à dire que Soro ne veut pas faire un gouvernement sans associer les partis politiques. Et la consultation prend du temps, le temps que le Premier ministre se donnera. Tant que Soro n'est pas prêt, il ne pourra pas proposer de gouvernement. Nonobstant le délai voulu par Gbagbo. De fait, le chef de l'Etat se retrouve devant une équation : doit-il attendre que Soro prenne son temps ? Ou alors doit-il accélérer les choses en faisant un gouvernement ? Dans le premier cas, il aura démontré que contrairement à ce qu'il veut faire croire, il n'a pas toutes les cartes du pays en main. Dans le second cas, il aura démontré à la face du monde une allure de dictateur. Dans les deux cas, il ne pourra s'en sortir sans y laisser des plumes. Beaucoup s'attendaient sans doute à une réaction épidermique et spontanée de l'opposition, à un appel à prendre les rues, mais la stratégie patiente et ferme adoptée par le RHDP fait que le piège a été non seulement évité, mais se retourne contre son concepteur.
Eddy PEHE
La phrase de M. Gbagbo qui disait: "Je rappelle que cet accord, signé entre les Forces nouvelles et le président de la république, vient de notre volonté de donner un instrument à la Côte d'Ivoire pour aller à la paix… Je veux un gouvernement de sortie de crise, un gouvernement au service des Ivoiriens et non aux ordres des partis politiques" n'avait pas pour seul objectif de baliser le nouveau gouvernement, elle devait aussi et surtout piquer ses opposants au point de les amener à revendiquer le partage équitable du gouvernement. Mieux, en mettant le gouvernement et la CEI dans le même box, le candidat du FPI visait sans doute à pousser l'opposition à mener la lutte pour le maintien du gouvernement, en lieu et place de celle pour la poursuite du processus électoral, grâce à la sauvegarde de la CEI. Car en fait, le vrai problème de la Côte d'Ivoire aujourd'hui, c'est l'organisation des élections propres et ouvertes qui permettraient à l'ensemble des Ivoiriens de choisir librement leurs prochains dirigeants. Et la solution à ce problème réside dans le maintien d'une Commission Electorale Indépendante et la poursuite du travail déjà accompli et pour lequel le Chef de l'Etat avait alors publiquement félicité le président Mambé et ses collaborateurs.
Mélanger pour
mieux doubler
Le gouvernement n'est en tout cas pas le problème dont la résolution fera avancer véritablement la Côte d'Ivoire. Par exemple depuis vendredi dernier et jusqu'au vendredi prochain (soit pendant une semaine), la Côte d'Ivoire n'aura pas de gouvernement officiel, mais elle fonctionnera tant bien que mal. Par contre, si les élections ne sont pas organisées le plus tôt possible, il sera difficile au pays de suivre le rythme normal. Et puis, à quoi servirait un gouvernement même de technocrate, si le pays est exposé aux conflits internes ? En mettant donc dans le même panier la CEI et le Gouvernement, le Chef de l'Etat entendait secrètement amener l'opposition à prendre l'ombre pour la proie. La proie étant les élections par la CEI et l'ombre étant les disputes pour la formation du Gouvernement. Il espérait que les gens en face de lui se perdent dans la bataille pour imposer leurs hommes au gouvernement, tout en délaissant le problème de la CEI, tandis que le camp présidentiel s'activerait à peaufiner ses plans pour le contrôle exclusif de la machine électorale. Mais, il a été à son tour pris au dépourvu. Ses adversaires ne sont pas apparus là où il les attendait le plus.
Dans sa déclaration du samedi dernier, le RHDP est on ne peut plus clair : "Ces décisions de Monsieur Laurent GBAGBO sont antidémocratiques et anticonstitutionnelles. Elles constituent un véritable coup d'Etat. En conséquence, le RHDP proclame qu'à compter de ce même jour vendredi 12 février 2010, il ne reconnaît plus Monsieur Laurent GBAGBO comme Chef de l'Etat de Côte d'Ivoire… Le RHDP ne reconnaîtra ni la nouvelle CEI, ni le nouveau gouvernement en formation, selon les termes de Monsieur Laurent GBAGBO. Le RHDP demande à ses militants et sympathisants de se conformer strictement à ces décisions", a-t-il dit.
Tel est pris qui croyait prendre
Hier encore, au moment où le Premier Ministre Soro Guillaume entamait ses consultations en vue de la formation du nouveau gouvernement, les responsables du RHDP ont fait savoir que le gouvernement n'est pas leur priorité. En d'autres termes, le gouvernement qu'on veut former dans les conditions que tout le monde sait, ne les intéresse pas. Ils sont plutôt préoccupés par la situation de la CEI et ils entendent se battre pour cela. De fait, ils retournent le piège contre M. Gbagbo qui se retrouve sous la pression. Il a demandé au premier ministre de lui proposer dans 72 heures (soit hier lundi) un gouvernement débarassé de l'influence des partis politiques. Le premier ministre lui rétorque que "… la paix en Côte d'Ivoire ne peut se construire qu'avec toutes les filles et tous les fils de ce pays". Ce qui revient à dire que Soro ne veut pas faire un gouvernement sans associer les partis politiques. Et la consultation prend du temps, le temps que le Premier ministre se donnera. Tant que Soro n'est pas prêt, il ne pourra pas proposer de gouvernement. Nonobstant le délai voulu par Gbagbo. De fait, le chef de l'Etat se retrouve devant une équation : doit-il attendre que Soro prenne son temps ? Ou alors doit-il accélérer les choses en faisant un gouvernement ? Dans le premier cas, il aura démontré que contrairement à ce qu'il veut faire croire, il n'a pas toutes les cartes du pays en main. Dans le second cas, il aura démontré à la face du monde une allure de dictateur. Dans les deux cas, il ne pourra s'en sortir sans y laisser des plumes. Beaucoup s'attendaient sans doute à une réaction épidermique et spontanée de l'opposition, à un appel à prendre les rues, mais la stratégie patiente et ferme adoptée par le RHDP fait que le piège a été non seulement évité, mais se retourne contre son concepteur.
Eddy PEHE