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Politique Publié le mercredi 17 février 2010 | Le Nouveau Réveil

Nouveau gouvernement, Cei nouveau format, contentieux électoral : Compaoré désavoue Gbagbo sur toute la ligne

Blaise Compaoré n'adhère pas aux dernières décisions de Gbagbo pas plus qu'il n'entend lui laisser le soin de mener comme bon lui semble le processus de sortie de crise. C'est tout le sens du courrier confidentiel que le Facilitateur a chargé son représentant spécial en Côte d'Ivoire de remettre en main propre à Gbagbo, retranché depuis la fin de la semaine dernière à Yamoussoukro. Blaise Compoaré lui fait non seulement injonction de demeurer dans le strict cadre tracé par les accords de Ouaga, mais lui donne des directives précises pour mettre fin à la crise institutionnelle occasionnée par ses décisions ainsi impopulaires qu'inopportunes. Exclusif !
"Je veux pour la Côte d'Ivoire, un gouvernement de sortie de crise, un gouvernement au service des Ivoiriens et non aux ordres des partis politiques". En lançant ce message vendredi dernier, Laurent Gbagbo exprimait clairement sa volonté de rompre avec les mécanismes du passé, de défaire le gouvernement des partis politiques, de couper avec l'esprit de Marcoussis. C'est pourquoi, l'on a entendu parler de gouvernement de technocrates qui devrait se former sans se référer aux partis politiques.
Il faut le dire tout net, Blaise Compoaré ne voit pas les choses de cette façon. Il prend acte de la volonté de Gbagbo de rester dans l'Apo, mais il n'entend pas l'accompagner dans une toute autre direction. Aussi après avoir donné l'impression de laisser faire, le Facilitateur a repris la main. Il s'est réinstallé dans son rôle, entièrement.
Ce lundi, son représentant spécial en Côte d'Ivoire a effectué un voyage aller-retour Abidjan-Ouaga-Yamoussoukro pour récupérer et porter un courrier qui s'apparente à une note circulaire au chef de l'Etat ivoirien. Selon des sources dignes de foi, le contenu de ce courrier confidentiel sonne comme un cinglant désaveu pour Gbagbo qui voulait une Cei nouveau format et un gouvernement de type nouveau dans la formation duquel l'opposition, principale cible de ces décisions à polémique, n'aurait rien à dire. Ramant ainsi à contre-pied de Gbagbo, le Facilitateur fait observer que si nouveau gouvernement il devrait y avoir, cela devrait se faire suivant les règles de répartition des portefeuilles ministériels comme on a toujours procédé depuis les accords de Marcoussis, accords-cadres auxquels tous les autres dont ceux de Ouaga se réfèrent sans exception.
De sorte que dans la formation du futur gouvernement à naître aux termes des consultations du Premier ministre Soro Guillaume, l'on doit tenir compte de la représentativité des partis politiques et mouvements politiques à l'Assemblée nationale et dans les municipalités. Bien entendu, il s'agit des partis politiques créés avant la signature des accords de Marcoussis. L'échec de Gbagbo est donc retentissant, le désaveu cinglant. Car M. Gbagbo sera bien obligé de composer avec les partis politiques. Bédié, Ouattara, Mabri et Anaky auront donc leur mot à dire.

Le dilemme Cei
A ce niveau également, Gbagbo essuie un cuisant échec. Il avait souhaité en effet que le Premier ministre lui propose une Cei dans un nouveau format, dans un délai de 7 jours. Il faut rappeler que depuis toujours, le camp présidentiel se plaignait d'être sous-représenté au sein de la Commission électorale indépendante. Que la balance était bien trop favorable à l'opposition et qu'il urgeait de rééquilibrer les forces politiques en présence.
En provoquant donc le clash du 12 février, Gbagbo voulait régler deux problèmes : le cas de M. Beugré Mambé et remédier à la sous représentation du bloc présidentiel à la Cei.
Mais là encore, il n'aura pas gain de cause. Le Facilitateur refuse de le suivre dans sa démarche.
Aussi fait-il savoir que la mouture de la nouvelle Cei, si nouvelle Cei il y a, devra être conforme à l'ancienne. C'est-à-dire que le format de la Cei ne changera pas. La clef de répartition ou de représentation restera la même. Pas de nouvelle entrée, pas de modification au niveau de la représentativité. Seconde exigence formelle du Facilitateur sur la question, la préservation des acquis. Blaise Compoaré tient à ce que les acquis du passé ne soient pas remis en cause, notamment que la masse des 5,03 millions d'enrôlés croisés positivement ne soient pas contestés.
De manière à ce que lorsque la Cei renaîtra de ses cendres, le travail soit accéléré puisqu'en réalité il ne reste plus que le cas des 1,03 million de personnes à élucider. Ensuite, il faudra fixer la nouvelle date des élections présidentielles. Compaoré exige enfin l’accès équitable des partis politiques aux médias d’Etat, en particulier la Rti.
On peut le dire, la moisson ne sera pas très abondante pour Gbagbo. Car au finish, c'est un retour à la case de départ. Un point de vue du reste conforme aux exigences du Rhdp d'une manière générale, des Forces nouvelles, du Premier ministre et de la France. L'accord de Ouaga sera le baromètre, la seule et unique référence dans les décisions à prendre pour mettre fin au désordre que Gbagbo a créé au sein des institutions chargées de piloter le programme de sortie de crise.
Akwaba Saint Clair

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