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Politique Publié le mercredi 17 février 2010 | Partis Politiques

Dissolution du gouvernement et de la Cei / Joel N’Guessan (Porte-parole d’ADO): "Laurent Gbagbo est un dictateur"

Le chef de l’Etat ivoirien, Laurent Gbagbo a dissout le 12 février 2010 le gouvernement la Commission électorale indépendante (Cei). Le porte-parole du candidat du Rdr à la présidentielle Alassane Ouattara, le ministre Joel N’Guessan en parle dans cet entretien.

Monsieur le Ministre Joël N’GUESSAN, Porte Parole du candidat Alassane Dramane OUATTRARA ! Quels sont vos commentaires après la décision du Président Gbagbo de dissoudre le Gouvernement et la Commission Electorale Indépendante ?

JN : Sa décision m’est incompréhensible ! En même temps, elle donne le sentiment que Laurent Gbagbo est un dictateur. Il a, durant plusieurs années, trompé les Ivoiriens et la communauté internationale en faisant croire qu’il était un démocrate. J’espère que tout le monde a enfin compris le véritable caractère de l’homme qui, par peur de quitter très bientôt le Palais présidentiel, utilise tous les artifices pour ne pas organiser les élections. Le plus grave dans tout çà, c’est qu’il met en danger la vie des siens et crée les conditions d’émeutes sociales aux conséquences imprévisibles.

Ne craignez-vous pas une guerre civile ?

JN : Vous savez Monsieur Laurent Gbagbo est un adepte de la violence gratuite qui n’a jamais rien apporté à la Côte d’Ivoire. Souvenez-vous, en 2000, au moment où il arrivait au pouvoir, il a utilisé la force pour s’imposer et nous offrir le premier charnier ; plus de 300 morts et des centaines de disparus. En septembre 2002, au lieu d’opter pour le dialogue dès le déclenchement de la rébellion, il choisit l’option militaire et belliciste, alors qu’il savait pertinemment que l’armée ivoirienne n’était pas outillée pour affronter une rébellion. La suite, on la connaît. Il a envoyé à l’abattoir des centaines de soldats. Des milliers d’ivoiriens sont aujourd’hui orphelins du fait de cette option sans issue. En 2004, il lance une attaque militaire contre les populations ivoiriennes des zones centre nord et ouest de la Côte d’Ivoire sans se soucier également des conséquences sociales et humaines. Vous comprenez bien que dans chacun des cas que je viens de rappeler, il a échoué. Il n’y aura pas de guerre civile car je ne crois pas que les militaires sont encore prêts à suivre les dérives de Gbagbo.

Le RHDP vient de décider de ne plus reconnaître le Président Gbagbo comme Chef de l’Etat après la décision de dissolution du Gouvernement et de la CEI. Selon vous, quelles peuvent être les conséquences de la position prise par le RHDP?

JN : La décision du RHDP est totalement justifiée en ce que, depuis octobre 2005, Monsieur Gbagbo était considéré comme le Chef de l’Etat de la République de Côte d’Ivoire, sur la base des accords internationaux. Il a décidé de déchirer tous les accords qui le maintenaient encore au pouvoir en prenant sa décision unilatérale de dissoudre le Gouvernement et la CEI qui résultent de ces accords. Partant de là, vous comprenez qu’il ne peut plus être considéré désormais comme le Chef de l’Etat car il a lui-même scié la branche sur laquelle il était assis. Il se prévaut aujourd’hui de l’article 48 alors que ce n’est plus la Constitution de Côte d’Ivoire qui le maintenait au pouvoir mais les différents accords politiques conclus depuis octobre 2005. Observons que Laurent Gbagbo a la fâcheuse manie d’interpréter et d’utiliser la Constitution ivoirienne pour ne servir uniquement que ses ambitions politiques. Cette même Constitution dont il fait abusivement usage indique, entre autres, qu’il doit maintenir l’intégrité du territoire national. Il a échoué dans cette mission et il est passible de Haute Trahison donc il doit être poursuivi devant le Haute Cour de Justice.

Le RHDP a aussi lancé un mot d’ordre à l’endroit de ses partisans pour des actions visant à s’opposer à lui. Ne craignez-vous pas des mesures de répression ?

JN : Bien sûr que nous devons avoir des craintes, car nous savons tous que l’individu est prêt à tout pour se maintenir injustement au pouvoir ! Vous remarquerez au passage que Gbagbo aime s’attaquer aux plus faibles, aux personnes sans armes. Les centaines de morts de mars 2004 sont là pour nous le rappeler. Mais quand il a fallu défendre l’intégrité du territoire national en septembre 2002, il en a été incapable. C’est aussi vrai que pour Gbagbo « 1000 morts à droite, 1000 morts à gauche moi j’avance », mais la volonté de sortir de cette dictature nous incite à vaincre nos peurs. Voyez-vous, le peuple de Côte d’Ivoire est si exaspéré qu’il préfère affronter ce dictateur et le faire partir par tous les moyens pour se libérer de sa dictature. Nous avons conscience qu’il va tenter d’utiliser les quelques rares militaires qui lui restent encore acquis pour tuer une fois de plus les populations. Mais cela ne passera pas cette fois-ci parce que les militaires, pour leur grande majorité, en ont marre de cette situation. Ils entendent bien être désormais républicains, plutôt que être inféodés à un individu. N’oubliez pas que ces mêmes militaires souffrent de voir leurs parents, leurs enfants et les populations continuer à subir et à vivre cette dictature qui n’en finit pas.

Quelle lecture faites-vous de la déclaration du Premier Ministre qui dit avoir pris note de la décision de Gbagbo ?

JN : La déclaration du Premier Ministre vient confirmer qu’il ne s’associe pas à toutes les manœuvres visant à diviser les Ivoiriens. Il veut un dialogue inclusif ; ce qui signifie qu’il est contre l’approche belliciste empruntée par Monsieur Gbagbo dans la résolution de notre crise. Je ne puis que l’encourager à s’éloigner des méthodes de Gbagbo. Vous savez, Gbagbo en le reconduisant comme Premier Ministre, a en arrière-pensée de l’isoler pour mieux l’abattre à terme. Mais, je crois que Soro Guillaume est assez intelligent, il a bien compris le stratagème et il ne tombera pas dans ce piège grossier et inélégant.

Le RHDP demande que la CEI soit rétablie dans ses droits, et conditionne son entrée au Gouvernement par le retour de l’équipe de Mambé. Pensez vous que le Président Laurent GBAGBO va se rétracter ?

JN : Franchement, il gagnerait à rapporter ses décisions de dissolution de la CEI et du Gouvernement. Ceci aura l’avantage d’épargner au pays des troubles dont les conséquences peuvent s’avérer dramatiques pour la cohésion sociale. N’oubliez pas que, au niveau du RHDP, à la suite de ces décisions, nous ne le reconnaissons plus comme le Chef de l’Etat. S’il persiste dans cette voie, c’est qu’il a décidé d’adopter la stratégie du pire. Je pense que ceux qui l’entourent et le conseillent quotidiennement devraient le comprendre et lui demander d’adopter une attitude qui éviterait de plonger le pays dans le chaos.

Votre dernier mot, Monsieur le Ministre

JN : Les Ivoiriens sont fatigués et attendent que l’on organise les élections afin que celui qui sera élu puisse mettre en place un Gouvernement pour reconstruire la Côte d’Ivoire. Le délestage que nous subissons à l’heure actuelle, les augmentations intempestives du prix du carburant, le manque de médicament dans les hôpitaux, l’état de dégradation avancée de nos routes et de nos hôpitaux, l’incapacité pour les familles de s’offrir trois repas par jour et se nourrir convenablement, le chômage endémique de nos jeunes, le mauvais fonctionnement du système éducatif, la corruption généralisée avec comme corollaire la promotion des moins méritants ne sont que quelques exemples patents de des incapacités du pouvoir actuel.
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