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Politique Publié le mercredi 17 février 2010 | Notre Voie

Dissolution de la CEI et du gouvernement - Arsène Dogba, consultant politique : “C’est une décision historique”

Face au blocage du processus de paix provoqué par l'introduction frauduleuse sur la liste électorale de 429.000 personnes par l'ex-président de la Commission électorale indépendante (CEI) Robert Beugré Mambé, le chef de l'Etat ivoirien Laurent Gbagbo vient, une fois de plus, de prendre une décision historique. M. Arsène Dogba, politologue, consultant politique et spécialiste en stratégies électorales décrypte la situation politique qui prévaut en ce moment en Côte d'Ivoire.

Notre Voie : Le Président Gbagbo vient de procéder à la dissolution du premier gouvernement de Soro Guillaume, quelle analyse faites-vous de cette décision ?

Arsène Dogba : Avant de répondre à votre question, je voudrais rappeler qu'en politique comme dans tout autre situation de crise, le moment de prendre la décision qui engage la vie collective est très important. A mon avis, la crise que nous connaissons depuis le 18 septembre 2002 a perduré parce que le président a manqué, par moments, de prendre des décisions courageuses au moment où il le fallait. Mais cela peut bien se justifier et peut même paraître légitime. Mais les conséquences de l'inaction d'un leader, au moment opportun, demeurent et sont souvent incalculables. Cependant, nous reconnaissons que tout au long de cette crise, le président Gbagbo n'a pas toujours manqué de prendre de grandes décisions au moment où il le fallait. La dissolution de ce que vous venez d'appeler premier gouvernement de Soro fait partie des décisions historiques prises à temps par le président de la République. Comme il avait vu juste en tendant la main à Soro Guillaume, le 4 mars 2007, et en brisant la grève des greffiers, le président Gbagbo vient une fois de plus de voir juste en mettant un terme aux activités de la Commission électorale indépendante et du gouvernement. Surout au moment opportun. Face à un adversaire (le RHDP) qui a fini par se discréditer aux yeux de la population ivoirienne et de ses propres militants dans l'affaire Mambé, il ne restait plus au Président Gbagbo qu'à porter le coup fatal à un Mambé défiant et au gouvernement dans lequel figuraient certains de ses supporters.

N.V. : Quelle pourrait être la ou les réaction(s) de l'opposition dans les tout prochains jours, en particulier celle du RHDP ?

A.D. : Il est difficile de prévoir la réaction de l'opposition ivoirienne tellement il n'y a pas de logique dans les prises de décision de ses leaders. Après la décision du Président Gbagbo, une opposition civilisée aurait reconnu ses erreurs, pris acte de la conséquence et recherché les voies et moyens démocratiques pour fléchir son adversaire à défaut de le faire tomber dans cette affaire des 429.000 croisés parrallèlement.

N.V. : A votre avis, quelles sont les erreurs commises par le RHDP dans l'Affaire Mambé ?

A.D. : L'une des plus grandes fautes du RHDP a été son soutien inconditionnel à l'ex-président de la CEI, M. Beugré Mambé. Plus grave, l'exigence des Houphouétistes de voir Mambé continuer son travail alors que lui-même venait d'avouer qu'il est bien coupable de la tentative de fraude sur la liste élecorale que l'ensemble des Ivoiriens veulent propre. Et pour laquelle les contribuables ivoiriens ont investi en cette période de crise financière internationale près de 145 millards de FCFA. L'autre faute, tout aussi grave que la première, du RHDP, c'est de ne pas tenir compte du fait que les Ivoiriens sont exaspérés par ce genre de manoeuvres honteuses qui dégradent, et la vie des populations et l'image de notre pays. C'est en somme le refus du RHDP de se rendre à l'évidence que les Ivoiriens commencent à ne plus croire en la politique et aux leaders politiques à cause de leur incapacité à trouver des solutions aux problèmes qui affectent le quotidien du citoyen ordinaire. Je ne suis donc pas sûr que le RHDP organise une manifestation d'envergure qui pourra inquiéter l'Exécutif ivoirien. Si j'étais le conseil du RHDP, je dirais à ses leaders d'éviter une telle initiative qui ne fera que ternir davantage l'image du groupement politique dans l'opinion publique nationale et internationale. Mais vous connaissez les Houphouetistes, c'est probable qu'ils choisissent encore de continuer leur descente aux enfers en improvisant une ou des marches qui ne connaîtront aucun succès.

N.V. : En tant que consultant politique, pensez-vous que l'opposition ivoirienne est à la hauteur de ce que l'on attend d'elle ?

A.D. : J'imagine que vous faites allusion à une opposition constructive quand vous parlez des attentes, n'est -ce pas ?

N.V. : Oui, c'est cela.

A.D. : L'opposition ivorienne est à l'image de notre équipe nationale, surtout dans sa forme actuelle. Comme l'équipe nationale de Côte d'Ivoire a des joueurs talentueux, mais elle est incapable de nous donner le trophée continental, le RHDP regorge de beaucoup d'éminences grises, mais ce rassemblement n'a pas jusque- là donné à la Côte d'Ivoire une opposition constructive, civilisée. Sont-ce les dissensions internes qui ont rendu le Rassemblement des Houphouetistes inapte à contrer son adversaire principal, le FPI ? Nous ne savons pas. Mais, je doute fort que les dirigeants des formations politiques qui composent ce groupement le savent. Puisque jusqu'à ce jour, aucune stratégie adaptée n'est mise sur pied pour défier l'adversaire FPI qui continue, même en cette période de crise, d'avoir le contrôle du terrain.

Interview réalisée par Robert Krassault ciurbaine@yahoo.fr
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