La tension est montée d’un cran hier après la folle journée de mardi dernier à Marcory. Comme un mal contagieux, la grogne qui avait commencé à Marcory, a touché les communes de Port-Bouët, Koumassi et de Treichville. Plusieurs Abidjanais sont en effet sortis dans ces trois communes pour crier leur ras-le-bol, suite à la dissolution du gouvernement et de la CEI par Laurent Gbagbo, le vendredi dernier. Tout est parti dès les premières heures du jour. En effet, comme la veille, c’est par petits groupes que les manifestants dont les rangs se sont étoffés au fil des heures, se sont donnés rendez- vous dans les principales artères des trois communes. Pendant plusieurs heures, la circulation a été fortement perturbée à Koumassi, plus précisément dans les environs du carrefour Colombe. Un autobus de la SOTRA a été saccagé. Les manifestants ont déversé des ordures sur la route. A Marcory, la scène était identique. Des barricades ont été dressées par les manifestants. A Treichville, un autobus a été incendié au niveau de l’immeuble Nanan Yamousso, occasionnant une forte perturbation de la circulation. A Port-Bouët, c’est autour du centre Pilote, que les manifestants ont élu leur domicile, empêchant eux aussi, la circulation. Le décor dans les quatre communes était le même, avec un ballet incessant de policiers, appuyés par le CeCOS et les gendarmes. Armes aux points, ces derniers faisaient la navette dans les différentes communes au son des sirènes, certainement pour dissuader des manifestants qui ne démordaient pas. On a assisté alors à une course-poursuite entre manifestants et forces de l’ordre. Le jeune Ange Olivier Koré, a lui eu moins de chance. Dans sa tentative de fuite, il s’est retrouvé nez à nez avec des militants FPI à la SICOGI de Marcory. Ces derniers, l’ont tailladé à la machette. « J’ai été pris à partie par des jeunes qui m’accusent d’être de ceux qui veulent enlever Gbagbo du pouvoir », a témoigné le jeune Koré. Des passants, pris pour des manifestants, n’ont pas échappé à la furia des policiers et autres forces de l’ordre. Ces derniers ont été copieusement tabassés avant d’être conduits manu militari vers des destinations inconnues. Plusieurs commerces ont baissé rideau par prudence. « On ne sait jamais, il faut être sur ses gardes », a indiqué un commerçant. Les autobus, ont momentanément cessé de rouler. Le calme est revenu par la suite. Mais, la tension sur le terrain reste toujours vive.
Thiery Latt
Thiery Latt
