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Politique Publié le jeudi 18 février 2010 | Libération

Côte d`Ivoire: Gbagbo, avec et contre tous

Le président ivoirien Laurent Gbagbo a-t-il sous-estimé l’impatience de ses concitoyens? La journée de mercredi a été marquée par plusieurs manifestations à travers le pays, mais aussi dans plusieurs quartiers d’Abidjan, la bouillante capitale économique de la Côte d’Ivoire. Aucune victime n’a été déplorée, malgré les violences et l’intervention des forces de l’ordre. Un autobus a notamment été incendié à Abidjan.

La décision du président Gbagbo de dissoudre le gouvernement d’union nationale ainsi que la Commission électorale indépendante, accusée de fraude, est à l’origine de cette poussée de fièvre. Car il n’a échappé à personne, notamment aux partisans de l’opposition, que cette double dissolution, annoncée vendredi dernier à la télévision, revenait à repousser les élections présidentielles aux calendes grecques. Rappelons que ce scrutin est attendu depuis… cinq ans.

Pourtant, le chef de l’Etat ivoirien peut être relativement optimiste. Son Premier ministre, qu’il a reconduit dans ses fonctions et qui négocie la composition d’un nouveau cabinet, est prêt à rempiler coûte que coûte. Au début de la crise en Côte d’Ivoire, il y a sept ans, celui-ci, Guillaume Soro, alors chef politique des rebelles, promettait de chasser Gbagbo du pouvoir. Aujourd’hui, il semble prêt à toutes les compromissions pour l’aider à s’y maintenir.

Il n’est pas le seul. Les petits chefs rebelles qui contrôlent la moitié nord du pays, les commandants de zone, appelés aussi «com zones», viennent de renouveler leur confiance à Soro. Ce faisant, ils illustrent une nouvelle fois le cynique marché de dupes qui a cours en Côte d’Ivoire depuis les accords de Ouagadougou, signés en mars 2007.

Ces officiers en rupture de banc, qui disaient avoir pris les armes contre le président pour réconcilier les Ivoiriens avec eux-mêmes, ont accepté d’entrer dans un processus de réconciliation avec Abidjan. Mais ils ont tout intérêt au maintien du statu quo actuel. Tant qu’il perdure, ils continuent en effet d’engranger l’argent du trafic de cacao, de bois et de marchandises. Nombre d’entre eux, dit-on, ont acheté des maisons à l’étranger, notamment au Burkina Faso voisin.
Guillaume Soro, lui, a pris goût au pouvoir, et le temps joue pour lui face aux leaders vieillissants de l’opposition, Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié. En privé, Laurent Gbagbo aurait dit un jour: «Si j’avais su qu’il était si facile d’acheter les gens, j’aurais acheté moins d’armes.» Il peut le vérifier tous les jours.

Par Thomas Hofnung
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