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Politique Publié le vendredi 19 février 2010 | Le Nouveau Réveil

Anaky Kobena, président du Mfa, au Nouveau Réveil, hier / Anaky Kobena, président du MFA: “Le peuple ivoirien ne pardonnera à aucun des partis de se remettre dans un gouvernement avec Gbagbo comme chef de l`Etat”

Merci Eddy, merci à tout le personnel de "Le Nouveau Réveil", merci à mon cher Denis, à qui je dis encore une fois, qu`il faut continuer à continuer ce que tu as commencé, sans relâche, la Côte d`Ivoire en a besoin. Et s`il y avait besoin de se poser des questions, aujourd`hui par rapport à la situation que nous vivons, nous savons tous pourquoi, il fallait un "Nouveau Réveil" en Côte d`Ivoire pour qu`on sache que demain, il faudrait un Nouveau Réveil. Donc à tous ceux qui sont là devant moi, je vous dis bravo, continuez et ne baissez pas les bras. Ce n`est pas seulement le Rhdp qui a besoin de vous, mais c`est toute la Côte d`Ivoire qui a besoin de vous. Vous le méritez et je vous félicite. Pour ce qui est du propos liminaire, je vais vous proposer une réflexion que j`ai eue ce matin. Je me suis demandé : qu`est-ce que je vais bien pouvoir dire à mes frères et sœurs de "Le Nouveau Réveil" ce matin. Qu`est-ce qu`ils ne savent pas ? Ils savent pratiquement tout de la Côte d`Ivoire. Des tractations, mais aussi de l`explosion sociale qui est en train de se lever. Et j`ai pris quelques notes et je vais demander à quelqu`un du Mfa de bien vouloir vous les lire et cela va nous servir de propos liminaire, avant le temps traditionnel des questions réponses.

Le vendredi 8 janvier 2010, éclate l`affaire des 429. 000 portionnaires qu`aurait tenté d`insérer sur la liste électorale le président de la CEI, Monsieur Robert MAMBE BEUGRE sans avoir respecté le mode opératoire en vigueur. L`intéressé, jusqu`à ce jour, nie toute velléité de fraude, et a persisté et signé il y a une semaine face à l`Autorité politique et morale que représente le Facilitateur de la crise ivoirienne, le Président Blaise COMPAORE. A ce jour, le RHDP lui a apporté publiquement son soutien.
Le vendredi 12 février. 2010, Laurent GBAGBO adresse un message à la nation sur les antennes de la Radio et de la Télévision nationales, la dissolution de la CEI et du gouvernement. Il: reconduit le Premier Ministre Guillaume SORO qu`il charge de constituer sous trois jours, un gouvernement " émincé" des représentants des partis politiques qui seraient plus au service de leur formation politique que de la nation ivoirienne, et lui proposer un nouveau format de la structure chargée d`organiser1es élections.
Le Directoire du RHDP réuni en urgence et en session extraordinaire, réagit, dès le lendemain, c`est-à-dire le samedi 13 février 2010 pour déclarer nulles et de nul effet ces deux décisions du Chef de l`Etat, et surtout en annonçant aux Ivoiriens et à la Communauté internationale qu`en raison du viol flagrant des accords et des résolutions en vigueur depuis 2003, et en particulier du dernier en date, celui de Ouagadougou qui est le support du cadre institutionnel en cours, il ne reconnaît plus le sieur Laurent GBAGBO comme Président de la République ou Chef de l`Etat.
Le Premier Ministre, face à cette déchirure, n`a eu de cesse de multiplier les initiatives et échanges pour obtenir apaisement et entente, et sa déclaration du 14 février 2010 dans laquelle il indique sans ambigüité vouloir placer la poursuite de son action dans le cadre de l`accord Politique de Ouagadougou et constituer un gouvernement intégrant toutes les forces politiques parties prenantes aux accords de Marcoussis et de Kléber a eu le grand mérite d`ouvrir des discussions entre les deux parties en présence sous l`œil ferme et vigilant du facilitateur.
Mais le fait marquant de ces derniers jours a été l`irruption du peuple de Côte d`Ivoire sur une scène du politique qu`il ne considérait pas jusqu`à présent que de loin, comme une arène où les politiques, côté pouvoir comme opposition, ne sont que de pâles gladiateurs fatigués plus soucieux de se ménager les uns les autres et de partager ensemble le lait ivoirien qu`à se soucier du prix du riz, du carburant ou des transports, sans parler des coupures intempestives d`électricité et de l`eau aussi choquantes qu`inacceptables pour un pays doté de tant de potentialités.
Oui, il faut bien voir et discerner que les manifestations organisées à Abidjan (Koumassi, Marcory, Yopougon, Treichville, Port-Bouet, etc.) et à l`intérieur du pays (Yamoussoukro, Abengourou, Daoukro, Bocanda, Bondoukou, Bouaké, etc.) ont certes été ordonnées et encadrées par des Collectifs du RHDP dans les différentes zones, mais qu`il y a d`abord et surtout une nouvelle conscience du peuple ivoirien, une volonté ferme d`afficher son ras-le-bol, de s`affirmer dans un renouveau de dignité, et de le convertir par " l`expulsion" pure et simple et ce, dès maintenant, de Laurent GBAGBO et des siens des cases de l`Autorité de l`Etat de Côte d`Ivoire.
Qui n`a pas relevé que les mots d`ordres officiels du Directoire du RHDP et des officiels du PDCI-RDA, du RDR, de l`UDPCI et du MFA sont dépassés par ce que scandent les foules et masses ivoiriennes qui, spontanément, prennent la rue.
Les politiques demandent la remise en place de la CEI avant toute autre décision ?
Le peuple de Côte Ivoire demande le départ immédiat de Koudou Laurent GBAGBO de la tête de l`Etat parce qu`il sent et sait que c`est seulement à partir de cette victoire qu`il pourra espérer un changement et un léger mieux dans sa vie. Les politiques commencent plus ou moins à envisager leur participation au prochain gouvernement, lorsque certains préalables seront remplis et les discussions et tractations sont chaudes et interminables dans les états-majors.
Le peuple de Côte d`Ivoire lui répète que la seule chose qui compte et qu`il veut et attend est la fin du pouvoir de GBAGBO dès maintenant
Les manifestations et mouvements vont se multiplier et tout le pays sera bientôt paralysé.
Les partis et forces politiques et de la société civile ayant manifesté leur hostilité au coup d`Etat de Laurent GBAGBO doivent comprendre et tout de suite que ce ne sont pas des négociations et ententes que veut la Côte d`Ivoire.
Le peuple ivoirien ne pardonnera à aucun des partis du RHDP (PDCI-RDA, RDR, UDPCI, MFA) et surtout aux Leaders de ces formations (KONAN BEDIE, ALASSANE OUATTARA, TOIKEUSSE MABRI, ANAKY KOBENA) et à Francis WODIE et au PIT en lesquels ils ont confiance de se remettre dans un gouvernement avec GBAGBO comme Chef de l`Etat.
Le peuple ne connait peut-être pas le jeu politique mais il a toujours eu pour lui la sagesse et le bon sens - qui lui disant qu`un nouveau gouvernement signifiera que Laurent GBAGBO a gagné son défi du énième report des élections qui est son seul combat et qu`il a engagé. Avec sa ruse habituelle en créant artificiellement une crise de la CEI dans la crise ivoirienne qui allait vers sa fin par des élections prévues fin février - début mars.
Un nouveau gouvernement signifiera que Laurent GBAGBO va rester encore un ou deux ans au pouvoir !!! C`est la lecture du peuple qui est loin d`être bête et par rapport à ses souffrances et à l`état actuel du pays. Le peuple de Côte Ivoire ne l`acceptera pas !!!
L`opposition ivoirienne : PDCI-RDA, RDR, UDPCI, MFA, PIT, etc, Société civile, le peuple de Côte d`Ivoire déjà à pied d`œuvre dans la rue, vous regarde, et vous adresse une des ses formules favorites: " Vous-là, les politiciens-là, on est fatigués! Faites, mais faites bien dêh, sinon…"
Oui, chers frères et sœurs de la grande opposition populaire à Laurent GBAGBO et à la Refondation, faisons bien, sachons faire, et faisons la seule chose qu`il y a à faire, suivons notre peuple !!!







Réponses aux questions des journalistes / Anaky : “Gbagbo a tenté un coup de poker et il perdra”


Nouveau Réveil": Bonjour M. Anaky Kobena. L`actualité politique est certes brûlante. Mais, permettez que nous commencions ces échanges par votre parti. Quelle est aujourd`hui la santé numérique du Mfa ? Que représente le Mfa dans ce pays et pourquoi pas à l`extérieur de la Côte d`Ivoire ?
Au sein du Rhdp, vous êtes un parti politique à côté des grands, le Pdci et le Rdr, comment vous sentez-vous ? N`êtes-vous pas quelquefois frustré ?
Vous avez demandé en son temps que la ministre Hamza-Bamba (Mfa) sorte du gouvernement. Malheureusement, votre attente a été trompée, c`est-à-dire qu`elle n`est pas sortie du gouvernement. Quels sont vos rapports avec cette ministre ? Sont-ils meilleurs ? Est-elle encore au Mfa ?
Merci. Je ne pensais pas que sur le Mfa, on pourrait me poser tant de questions ! Mais ce n`est pas bien grave, on va y répondre. Je peux vous dire que nous sommes à début 2010, année de l`élection présidentielle et des élections générales. Aujourd`hui, le Mfa est présent sur toute l`étendue du territoire national. Nous avons des délégations et des représentations partout, dans toutes les villes, dans toutes les sous-préfectures et dans de nombreux villages. Et vraiment, pour ce qui est de la représentativité par rapport à la communauté ivoirienne, nous n`avons pas vraiment de problème. Ce n`était pas le cas il y a quelques années. C`est le fruit des efforts de ces trois dernières années, mais très souvent dans un très grand silence médiatique parce que le Mfa n`a pas encore eu les moyens d`avoir des organes de presse propres. Et comme vous le savez tous, entre la télévision ivoirienne et le Mfa, il y a un désamour qui est dur comme du roc. Maintenant que la télévision va s`ouvrir un peu plus, on aura beaucoup plus d`échos sur ce que nous faisons et que cela va rassurer et nos militants et tous ceux qui ont de la sympathie pour ce que le Mfa défend comme idée. Vous parlez de ce que nous pourrions ressentir quelquefois dans la coalition du Rhdp face à deux énormes dinosaures que sont le Pdci et le Rdr. Je vous dirais que nous n`avons aucun problème, aucun complexe à ce niveau pour deux raisons : dans tous les pays du monde, vous avez des partis politiques qui ont vocation à être des partis de masse et de grande masse, et des partis d`idées, de propositions. Et lorsque le Mfa a été créé ici, on peut dire que sur la place ivoirienne, tout était pratiquement déjà occupé. Si on voulait aller un peu plus loin, on dirait qu`en Côte d`Ivoire, il n`y a pratiquement qu`un seul parti, à savoir que, de près ou de loin, pro ou prou, tout le monde se réclame, soit de l`héritage "génétique" d`Houphouët-Boigny, soit de son héritage idéologique, soit même de son héritage sociologique. On a en fait un grand tronc commun qui est ce que je pourrais appeler l`houphouétisme. Et cette pierre a constitué en une chose. Quelqu`un qui a compris cela très vite, c`est Laurent Gbagbo, qui est l`un des opposants historiques de l`époque, dès qu`il est arrivé au pouvoir. Houphouët-Boigny et la Côte d`Ivoire étaient dans une fusion, qu`on ne pouvait pas dissocier. Donc il s`est attaché, il a tout fait pour essayer d`entrer dans cela. Ce n`est pas pour rien qu`il s`est attaché à faire de Yamoussoukro, la priorité de ses priorités. Ce n`est pas pour rien que dans beaucoup de ses démarches, il fait référence à cette période d`Houphouët-Boigny. On a compris pourquoi, dans leur inconscient collectif, les Ivoiriens ont recours à Houphouët-Boigny. Car, la période d`Houphouët-Boigny a répondu d`abord à une certaine lutte politique dont l`espoir a été unique. Lutter pour l`émancipation et pour l`indépendance est quelque chose qui ne se produit qu`une fois dans la vie d`une Nation. Une fois que vous avez acquis l`indépendance, cette lutte ne revient plus. Et deuxièmement, pour les Ivoiriens, cela a correspondu à une espèce de belle période, d`ère spéciale où il y avait la paix, l`unité, et il y avait vraiment une volonté et de travailler et d`aller vers le progrès. C`est donc pour cela, je veux vous dire qu`en Côte d`Ivoire, au Mfa surtout, nous ne cherchons pas à faire le nombre du point de vue de militants, sympathisants qu`ont le Pdci et le Rdr parce que ce n`est pas cela le vrai combat. Le combat est que justement, par rapport à cet acquis qui est là, de mobilisation de la grande majorité des Ivoiriens, nous cherchons au fond, à faire avancer l`attelage, lui donner des idées et aussi, souvent lui montrer des voies et moyens pour arriver rapidement à ses objectifs. Or aujourd`hui, l`objectif au niveau du Rhdp est clair et unique. Il s`agit de mettre fin au pouvoir de Laurent Gbagbo et de la refondation. Dès la constitution du Rhdp, rappelez-vous c`était en mai 2005, à la salle Rousseau à Paris, c`était l`objectif numéro 1 parce que tous ceux qui étaient signataires de la plate-forme étaient d`accord sur le fait que Laurent Gbagbo faisait tout et allait tout faire pour aller aux élections le plus tard possible. Et 5 ans après, nous sommes en 2010, nous voyons bien que nous ne nous sommes pas trompés et que Laurent Gbagbo ne veut pas d`élection et il n`en voudra pas. Aujourd`hui, il faut que la grande majorité et la grande masse, la classe politique et les militants que représentent le Pdci, le Rdr, en gros le Rhdp, puissent être convertis en réalité politique dans le sens de la prise du pouvoir. Il faut, comme le veut la règle démocratique, que ce soit les plus nombreux qui soient au sommet de l`Etat et qui dirigent l`Etat. Et cela, le Mfa va toujours s`atteler à faire des propositions aux autres membres de la coalition du Rhdp, leur montrer des voies. Il ne demande qu`à être écouté, mais il demande aussi à être contredit si quelquefois ses propositions ne sont pas les bonnes. Mais sûr que, si on l`écoutait un peu plus, la coalition du Rhdp serait beaucoup plus efficiente et peut-être serait-elle déjà au pouvoir en Côte d`Ivoire. Mais ce n`est pas tard. Nous sommes en ce moment dans une épreuve. Une épreuve provoquée par Laurent Gbagbo comme pour narguer le Rhdp, l`opposition et lui dire qu`elle ne pèse rien devant lui. C`est une occasion unique pour l`opposition et le Rhdp, de nous montrer capables. Il y a la vraie Côte d`Ivoire, la Côte d`Ivoire majoritaire et laquelle Côte d`Ivoire souffre trop et en a marre de son système et en a marre de lui. Pour ce qui est du problème de Mme Hamza, je vous dirai qu`au niveau du Mfa, ce n`est pas un problème pour nous depuis longtemps. Me Hamza était militante du Mfa. Elle était même présidente des femmes du Mfa, à l`époque. Nous l`avons proposée au gouvernement et trois mois après, elle a pris armes et bagages pour le camp présidentiel, sur les manœuvres de Laurent Gbagbo, et de l`une de ses épouses. Mme Hamza n`est pas du Mfa et n`a rien à voir avec le Mfa de près ou de loin depuis une très longue période. Et je dois même vous dire que je ne l`ai ni vue, ni entendue depuis près de 2 ans. Le Mfa a fait sans elle. Il continue sans elle et avancera sans elle. Cette défaillance a amené le Mfa à se ressouder et à se battre encore plus fort pour continuer sa lutte.

André Silver Konan: Monsieur le président, le gouvernement et la CEI ont été dissous le vendredi passé. Deux jours avant cette dissolution, la presse, dans son ensemble, avait des informations précises et détaillés sur ces décisions qu`envisageait de prendre le chef de l`Etat Laurent Gbagbo. Le vendredi, jour de la dissolution, peu avant midi, tout Abidjan bruissait de ces décisions. Le RHDP n`a pas pris de décisions pour contrecarrer celle du chef de l`Etat. Une semaine après, les positions du même RHDP fluctuent. En fin de compte, êtes-vous en face d`un chef d`Etat politiquement redoutable ou la Côte d`Ivoire a-t-elle " l`opposition la plus nulle d`Afrique ", pour reprendre l`expression de M. Venance Konan ? Pourquoi depuis 5 ans que le RHDP a été porté sur les fonts baptismaux, il peine tant à arrêter des stratégies face à M. Laurent Gbagbo qui fera bientôt 10 ans au pouvoir ?
Merci cher André Silver Konan de nous rappeler cette formule de Venance Konan : " Est-ce que la Côte d`Ivoire a hérité de l`opposition la plus nulle qui existe au monde ? " Je vous le dis et je ne suis pas trop perturbé parce que pour une grande part, je partage totalement son point de vue. Si vous voulez vous ramener à mon propos de tout à l`heure, je vous disais que pour nous, le Mfa, notre entrée dans le Rhdp et notre action en son sein avaient surtout au départ pour ambition et pour objectif, d`amener ce gros groupe à adopter des méthodes de lutte politique adaptées et à la situation moderne et à la situation de la Côte d`Ivoire.
Mais surtout, d`adapter à la personne en face qui est Laurent Gbagbo et qui est celui qui a pris le pouvoir en Côte d`Ivoire depuis 2000.
C`était l`objectif du Mfa. Il y parvient quelquefois difficilement, très souvent même, en dépit de ses efforts, il n`y parvient pas même. Mais il ne se décourage pas pour autant. Prenez l`exemple simple du fait que même si on a senti la dissolution de la Cei et du gouvernement, le Rhdp ne se soit pas préparé, ait eu l`air d`être surpris par cette mesure. Je vous dirai que sur ce point, le Mfa vous dit que quelque part, sans aucune hypocrisie, il n`a pas trop mauvaise conscience vis-à-vis du peuple de Côte d`Ivoire. Il y a longtemps que le Mfa a demandé au Rhdp de retirer ses ministres du gouvernement et il sait pourquoi.
Le Mfa persiste et signe. Nous sommes aujourd`hui le 18 février. Tant que le Rhdp sera au gouvernement où Laurent Gbagbo est le chef de l`Etat, où il exerce tous les pouvoirs, il faut bien comprendre cela, j`ai été ministre des Transports pendant trois ans et demi ici, en Côte d`Ivoire, et je peux vous dire, je le répèterai devant toutes les instances possibles, que vous êtes certes ministre, mais vous ne tenez pas réellement en main, votre département ministériel. Tout ce que vous pouvez proposer ou envisagez de faire qui ne va pas, qui n`est pas du gré de Laurent Gbagbo, ne se fera pas.
C`est en Côte d`Ivoire qu`on voit des dossiers prévus à l`ordre du jour des conseils des ministres ; on dit tel point au titre du ministère des Transports, vous arrivez au palais, vous entrez en salle de conseils de ministres, au moment où le conseil des ministres doit commencer, le secrétaire général du gouvernement vous appelle de côté pour vous dire qu`il y a un problème et que le président a souhaité que tel ou tel point soit retiré et que vous en discutiez avec lui par la suite. Ça ne se fait pas dans un Etat normal ! Si un ministre attend que tel ou tel point passe à l`ordre du jour, c`est que de leur côté, toutes les mesures ont été prises et qu`il y a des personnes ou des organes qui attendent ces dispositions pour pouvoir travailler et faire certaines choses pour le pays. Ici en Côte d`Ivoire, il faut être brigand, je ne parle pas du reste mais en Côte d`Ivoire, vous avez un président, un Premier ministre et 35 ministres. Mais cela se ramène à la seule personne de Laurent Gbagbo qui fait entre temps, tout ce qu`il veut qui l`arrange. Vous n`êtes pas sans savoir qu`au niveau de l`Economie, des caisses de l`Etat et des sources de l`Etat, c`est totalement lui, et lui seule qui décide. Le ministre des Finances n`est que le bon administrateur.
Il y a encore beaucoup de choses qui n`ont pas été comprises donc qui méritent avec le temps et avec la persévérance et qui gagneraient à être affinées, sinon même, peaufinées.
Vous avez raison, l`opposition n`a pas assez anticipé et même dans la gestion du problème de la Cei, des questions peuvent être posées. La solidarité avec le président de la Cei, c`était une chose capitale, importante. Mais est-ce qu`à un moment donné, il ne pouvait pas être envisagé, compte tenu du fait que le Rhdp tient d`abord et avant tout à la tenue rapide des élections alors que Laurent Gbagbo, lui ne voulait qu`une crise pour gagner du temps, est-ce que là, il ne fallait pas revoir la stratégie par rapport à ces objectifs ? Ce sont des questions qu`on aurait pu se poser.
C`est vous dire donc que l`opposition ivoirienne est encore lourde et n`a pas tout à fait trouvé les voies et moyens de se mettre au niveau de celui qui a son pouvoir, pas au niveau politique, mais au niveau des méthodes de lutte.
L`opposition ivoirienne a en face d`elle un président qui est quelqu`un qui a été, de longues années, syndicaliste et qui a eu de longues cultures de lutte, de revendications, de manipulations, peut-être des populations et ainsi de suite.
L`opposition ivoirienne, en tout cas le Rhdp, est relativement marqué, par son long séjour au pouvoir et par rapport à cela, a des manières un peu lourdes.
Je terminerai en vous demandant d`essayer de dire à tous nos amis du Rhdp : " De grâce, de temps en temps, écoutez un peu plus Anaky ".

Akwaba Saint Clair: Monsieur le président, vous avez fait cas de ce que les émeutes et manifestations enregistrées çà et là, iront crescendo, jusqu`à la paralysie totale au pays. Je voudrais savoir dans cette perspective, jusqu`où peut aller le Rhdp ? Et est-ce qu`il y a des limites aux manifestations populaires du Rhdp ?
Avec vous, on peut poser une question au Rhdp : Le pouvoir d`Etat en Côte d`Ivoire vous intéresse ou ne vous intéresse pas ?
Si le pouvoir vous intéresse, le plus important pour vous, n`est pas de négocier pour savoir s`il faut aller dans un gouvernement de Laurent Gbagbo ou pas. Mais le plus important pour vous est de le retirer de ce pouvoir et de le prendre vous-même pour administrer autrement la Côte d`Ivoire.
Cela veut dire, comme le peuple ivoirien semble être en train de nous le suggérer, il est décidé d`aller jusqu`au bout parce qu`il a assez souffert et qu`il ne veut plus de Laurent Gbagbo, l`opposition ivoirienne n`a pas à se poser de questions, elle doit multiplier les efforts et les moyens d`imagination pour ne pas décevoir et pour qu`au final, nous ayons un blocage total du pays, ce qui signifierait en peu de temps, le départ inévitable de Laurent Gbagbo du pouvoir.
C`est aussi simple que cela. C`est au Rhdp de savoir véritablement ce qu`il veut d`autant plus qu`il y a une chose qui est évidente, aujourd`hui même pour tout le monde. Je ne pense pas qu`on puisse même en faire une question, Laurent Gbagbo ne veut pas aller aux élections. Il n`en veut même pas du tout.
Les naïfs qui avaient encore des ressorts de cette illusion sont tous revenus sur terre parce qu`à partir du moment où il a créé cette crise que nous vivons et que j`ai appelée, une crise dans la crise, son souci était moins de dissoudre le gouvernement que de tout faire pour que au niveau de la Cei, nous ayons, un blocage total. C`est pour que ce blocage ramène les élections aux calendes grecques. Et j`ai peur qu`il ait déjà gagné un an. Quelle que soit la solution, amiable ou l`entente que nous trouverons, les efforts de Soro Guillaume ou du facilitateur Blaise Compaoré pour que les parties s`entendent, dès lors que nous nous serons assis pour dire Ok, partons du bon pied, mettons ensemble en place un gouvernement d`un commun accord, cela voudra dire qu`il n`y aura pas d`élections avant un an.
Cela voudra dire qu`il aura gagné sa coupe du monde, son cinquantenaire,…
Ça lui restera un an pour savoir comment il faudra faire pour gagner un an encore et ainsi de suite.
Je pense que le Rhdp est à la croisée des chemins, il veut le pouvoir, il le dit toujours, il le dit à ses militants.
Le peuple de Côte d`Ivoire ne veut plus de Laurent Gbagbo aujourd`hui au pouvoir. Ce qu`il y a à faire au niveau de l`opposition est simple. Il faut y croire, il faut suivre le peuple et croire en même temps en soi-même et aller de l`avant.
Je pense que s`il y a un message à donner dans ce pays, mais surtout à l`opposition ivoirienne, c`est ce message-là et rien d`autre.

PAUL KOFFI: On annonce le gouvernement pour cette après-midi. En clair, que proposez-vous, M. Anaky ? Que le Rhdp se retire totalement de ce gouvernement ?
Ma deuxième préoccupation, c`est que dans vos propos liminaires, vous avez dit "Faisons bien, sachons faire la seule chose que nous savons faire, que le peuple nous demande de faire. De quelle chose parlez-vous ?
Pour ce qui est de l`annonce du gouvernement cet après-midi, vous êtes journalistes donc des agents d`information. Je pense qu`on doit vous demander d`être relativement prudent. Jusqu`à ce matin 9h, je n`ai pas eu écho de ce qu`un seul des partis du Rhdp ait proposé des hommes pour intégrer le gouvernement qui, parait-il est en préparation. Il faut se méfier des effets d`annonce et des coups de bluff qui peuvent déstabiliser les uns et les autres dans leur détermination. Pour l`heure, et jusqu`à maintenant, le Mfa n`a aucun projet ni de près ni de loin, pour donner un nom pour le nouveau gouvernement. On a juste eu des échanges où le Premier ministre a souhaité que nous puissions participer au prochain gouvernement. Nous n`avons dit ni oui, ni non. Nous étions partis pour l`écouter, nous l`avons écouté et nous nous sommes retirés.
Je crois savoir que c`est ce que les autres partis du Rhdp ont fait. Je crois savoir aussi que, depuis ces dernières semaines, il y a un renouveau de solidarité et d`entente au niveau du Rhdp. Il me paraît donc difficile qu`un parti du Rhdp puisse aller faire cette étape importante en allant proposer des noms au gouvernement sans informer les autres au moins. Donc par rapport à ce gouvernement qui doit sortir vers 16 heures. Je suis comme vous, on dit "waid and see", on attend de voir. Par contre, une chose est très possible, Laurent Gbagbo peut décider de faire un gouvernement où peut-être des personnes qu’il nommerait, parce que je serai étonné que les Forces nouvelles acceptent un gouvernement sans les autres forces politiques, mais tout est possible. Mais dans ces conditions aussi Soro Guillaume sera-t-il le Premier ministre du gouvernement ou pas ? Je n`en sais absolument rien. Mais Laurent Gbagbo a la possibilité à n`importe quelle heure de faire circuler une liste du gouvernement. Vous demandiez, qu`est-ce qui est à faire ou qu`est-ce qu`il faut faire ? Je pense que depuis le début de nos échanges, nous essayons d`attirer votre attention sur ce qui nous parait désormais fondamental : le fait que c`est le peuple de Côte d`Ivoire qui prend le relais actuellement. C`est lui qui estime qu`il en a assez, qu`il a trop souffert et qu`il doit se prendre en main. Le peuple de Côte d`Ivoire se lève et il va continuer de se lever de plus en plus. Mais si le peuple de Côte d`Ivoire se lève et que nous, le Rhdp pensons être son expression politique, sa représentation politique, c`est à nous de le prendre en main et de l`accompagner pour le résultat que ce peuple attend et le résultat que nous-mêmes, nous voulons et nous proclamons à longueur de journée. Je vous le dis, le Rhdp a été constitué d`abord et avant tout, pour mettre fin au pouvoir de Laurent Gbagbo et à ses actions. Donc, si vous me demandez d`être plus précis, je peux vous dire que si le peuple se soulève aujourd`hui, le Rhdp a pour devoir de l`encadrer, de le suivre, de l`accompagner, de faire tout pour que cette revendication aboutisse.

Akwaba: Malgré l`armée ?
Merci. L`armée vient d`où ? Elle est constituée de qui ? Est-ce que ce sont des extraterrestres qui viennent de débarquer à Port-Bouet dans une soucoupe volante ? Ou bien ce sont des gens, des Baoulé, des Sénoufo, des Attié et tout ce que vous voulez qui ont été initiés à l`attiéké après le lait maternel comme nous tous ? Je peux vous dire une chose, il est temps que la Côte d`Ivoire se débarrasse de la psychose ou du syndrome de 2004. En 2004, je suis d`accord avec vous, il y a eu une répression aussi aveugle que barbare. Nous avons compté entre 300 et 500 morts, on ne saura jamais le chiffre exact puisque des corps n`ont pas été retrouvés. Laurent Gbagbo avait voulu marquer un coup fort, il a traumatisé l`opinion et l’a brisée à jamais. Mais entre nous, essayez de vous remémorer ce qui s`est passé en 2004. En 2004, il n`y a pas eu de manifestations ou de marche d`un quartier à un autre. La ville avait été totalement paralysée, très tôt, aux environs de 2 ou 3h du matin. Et ce sont des commandos qui, dans certaines cours communes, à Abobo ou Anyama, ayant des listes, ont abattu froidement des personnes souvent avec des noms à résonance nordique. Ça a été fait exprès. C`est une espèce de terrorisme d`Etat, pour qu`à l`avenir, les Ivoiriens aient peur, ne veuillent et n`acceptent plus de sortir et surtout pour que les mères n`acceptent plus de laisser leurs jeunes sortir. Et cette chose, ils l`ont réussie. Ils nous ont traumatisés de 2004 à aujourd`hui, cela fait 5 ans que nous n`avons pas osé sortir, nous n`avons pas osé prendre la rue. Mais est-ce à dire que nous devons définitivement rester dans cet état, dans cette position ? Je pense que nous-mêmes, nous avons compris que non. Le peuple a compris que non et croyez moi, les personnes qui l`ont compris, ce sont véritablement les forces armées. Je peux, peut-être, rêver mais je peux vous dire qu`à part quelque 2 ou 3 corps dont peut-être le fameux Cecos, je ne vois pas aujourd`hui, des éléments des Forces de défense et de sécurité, armée, gendarmerie, police ouvrir froidement le feu sur des manifestations, de plus des civils mains nues marchant ici en Côte d`Ivoire. Je peux, peut-être, me tromper, mais je ne vois pas du tout cela se faire. Surtout, il faut vraiment que nous nous débarrassions de cette peur. N`oubliez-pas qu`une dictature est d`abord et avant tout repose sur la peur du peuple de se faire massacrer. Quand vous êtes bloqués et traumatisés par cette peur, la dictature fleurit et en même temps, vous le peuple, vous souffrez et vous n`arrêtez pas de souffrir.

Patrice Yao : M. le ministre, dès qu`on a annoncé votre venue au groupe “Le Réveil", un militant a appelé pour savoir que le Rhdp ne reconnaissait plus le Président Gbagbo comme chef d`Etat, pourquoi alors le Rhdp, dans son ensemble, continue de recevoir, le Premier ministre, Guillaume Soro, qui est envoyé par le chef de l`Etat. Est-ce que le président Anaky peut répondre à ce militant. Sur la Cei, j`aimerais avoir la réaction du président du Mfa par rapport au comportement du représentant du Mfa dans la crise au niveau de la Cei. Est-ce que les éléments du Mfa ont fait corps avec les éléments du Rhdp dans la résolution de la crise. Est-ce qu`ils ont fait bloc autour du président Mambé parce qu`il y a des bruits qui ont coulé ?

Kah Zion : M. le président, un complément, vous parliez tout à l`heure de stratégie à adopter dans la crise à la Cei. Cette stratégie devrait être laquelle. Remplacer Mambé ou alors ?
La première question est très pertinente. Parce que, le Rhdp qui ne reconnait plus le Chef de l`Etat, pourquoi négocier avec le Premier ministre. La réponse est simple, nous sommes dans le cadre d`une crise ici en Côte d`Ivoire. Mais, c`est essentiellement sur l`insistance du facilitateur Blaise Compaoré et de son représentant ici en Côte d`Ivoire que les rencontres avec le Premier ministre ont été faites à telle enseigne que pour bien marquer cela, le Premier ministre Soro a rencontré tous les partis et toutes les personnalités avec M. Badini qui était à côté de lui pour bien marquer l`implication du facilitateur. Ça, c`est pour le côté formel ou protocolaire concernant ces négociations. Deuxièmement, je peux vous dire que même si le cordon ombilical est coupé, se rencontrer et échanger en soi n`est pas un problème, mais, tout dépend de ce qu`on peut prendre comme engagement. Mais, à condition de ne pas se délier de ce qu`on a décidé. Pour le moment, je peux vous dire que le Rhdp ne s`est pas encore publiquement dédit de quoi que ce soit. Ça commencera le jour que nous aurons écho de ce qu`il a accepté de faire quoi que ce soit sans que le problème de la Cei ne soit réglé. Ce qui n`est pas encore le cas au moment où nous parlons. Mais on ne sait jamais, tout est peut-être possible. Votre question est totalement justifiée. Maintenant, vous dites au niveau de la Cei, s`il y a eu une solidarité au niveau du Mfa, je n`ai pas trop compris. Il faut préciser.

Patrice Yao :On a eu écho que l`argent a circulé, le chef de l`Etat aurait distribué beaucoup d`argent, aux représentants des partis politiques dont le Mfa, en tout cas, tous les représentants des partis politiques.
Donc, le Pdci alors ?

Patrice Yao : M. le président, comme vous êtes en face de nous, la question est adressée au Mfa. Est-ce que véritablement, vous confirmez ces informations ? Est-ce que vous pouvez nous dire quel a été le degré d`implication des représentants du Mfa aux côtés du président Mambé ? Parce que généralement, on a eu quelqu`un comme le représentant des Forces nouvelles, M. Bamba. Mais, très souvent, on ne voit pas physiquement les gens du Mfa.
Je pense que votre question ne vient seulement du fait que vous ne connaissez pas quelles sont les personnes du Mfa qui sont au niveau de la direction de la Cei. Le Mfa est représenté à la Cei par le deuxième vice-président, il s`appelle Sinan Bakary, il est le grand responsable du service informatique. Je peux vous dire que sur toutes les photos que j`ai pu voir, que ce soit à la télévision ou dans les journaux, je l`ai toujours vu aux côtés du président Mambé. Mais, c`est peut-être parce qu`il n`est pas connu. Mais, est-ce qu`il y a eu solidarité au niveau de la Cei ? J`ai eu quelque part le même pressentiment que vous. Et, j`ai eu à demander à ceux que nous avons à la Cei. Mais, est-ce que depuis que cette crise a commencé, vous, Rhdp, représentant donc vos partis à la Cei, vous avez eu le reflexe avec Mambé de vous mettre ensemble d`étudier la question et d`arrêter ensemble des stratégies ? Bon, il m`a été répondu que non. Ça n`a pas été fait. Donc, c`est un reproche que nous devons faire à tous ceux que nous avons comme représentants à la Cei. Ce reflexe de regroupement spontané devant le danger pour des solutions aux problèmes. Malheureusement, ils n`ont pas eu. Mais, aujourd`hui, c`est fait, c`est consommé.
Maintenant, il me demandait de savoir pour ce qui est de la Cei, quelle aurait pu être la stratégie par rapport à l`objectif. C`est très simple, un matin, on nous dit qu`il y a un problème de 429.000 noms à la Cei. Le camp présidentiel prend cela comme argument pour paralyser le processus. La crise dure depuis un mois, on entre dans le deuxième mois. Et, à un moment donné, il est plus ou moins évident. Qu`ils feront tout pour bloquer l`appareil. Pour bloquer plutôt le processus et la tenue des élections. En face, vous avez le Rhdp qui, lui, a intérêt que les élections se déroulent le plus tôt possible. Vous avez aussi de l`autre côté le facilitateur, l`interlocuteur de tout le monde pour ce genre de cas. Parmi les nombreuses possibilités, il y en avait une qui était là à savoir négocier contre une date de publication de la liste électorale qui est à baser sur ces 5.300.000 noms et ceux qui ont été régularisés depuis sur les 1.033.000 noms. Et, deuxièmement, sur une date ferme, des élections. Moi, à mon avis, si on pouvait obtenir du facilitateur qu`il oblige Laurent Gbagbo afin qu`un décret sorte pour une date ferme de publication de la liste électorale définitive et une date ferme de la tenue des élections. Je crois que si on pouvait obtenir ça du facilitateur, si à côté de ça, c`était seulement le départ de Robert Mambé ou de Gomis qui était exigé, c`était très peu de choses pour ce qui est du Rhdp de l`opposition. Ça ferait partie des voies qui auraient pu être exploitées pour que nous allions vers les élections aujourd`hui, si nous faisons le point, nous n`avons pas encore obtenu cela. On a toutes les raisons de craindre que Laurent Gbagbo n`ait gagné un an par rapport à cette crise qui est venue. Mais, qu`on s`entende bien quand il s`agit d`analyser la crise de la Cei, il ne faut pas voir Mambé et Gomis, le délégué du Rdr. Donc, chacun des deux parties doit forcement prendre position pour eux. Non ? Il fallait voir cette crise en matière de tactique et de manœuvre comme si on jouait aux échecs. Laurent Gbagbo jouant aux jeux d`échecs a trouvé un moyen de bloquer le processus pour ne pas qu`on aille aux élections. En jouant dans le même registre que lui qu`est-ce qu`il fallait faire pour capter son attente et aller vers les élections. C`est ce qui aurait pu être possible d`envisager. Mais, on est allé loin, ce n`est pas grave.

Parfait Tadjau : L`armée dont vous parlez n`est pas prête à tirer sur le peuple ivoirien. Doit-on comprendre qu`elle a lâché le président Gbagbo ?
Au Rhdp, quelle est la suite la plus plausible que vous donnez à l`affaire Mambé aujourd`hui ?
Pour ce qui est de l`armée ivoirienne, je pense que nous avons eu devant nous un signe qui n`est pas un petit même si on n`y a pas fait trop attention. Ça a été le discours présenté par les forces armées lors de la cérémonie de présentation des vœux au président au palais présidentiel en janvier dernier. Celui qui a parlé au nom de l`armée qui est le chef d`état major a eu donc à souligner un certain nombre de choses. Parmi lesquelles la situation de détresse du pays et la souffrance de la population. Il a eu le courage de dire que les élections étaient attendues par la population comme une espèce de voie de salut. Pour le chef d`état-major des armées d`un pays, tenir un tel propos, c`est quelque part prendre une position courageuse en son nom et au nom de toute l`armée par rapport à ce qui fait obstacle à la tenue de ces élections. Or, en Côte d`Ivoire, on n`a pas besoin de jeter des cauris pour savoir que celui qui ne veut pas de ces élections et qui les bloque s`appelle Laurent Gbagbo. C`est vous dire que c`est un signal, ce signal est encore valable. Et récemment, il y a eu des rumeurs qui font état de ce que le chef d`état-major serait en résidence surveillée. On a essayé de démentir en nous montrant une belle séquence à la télévision. Mais cette séquence à la télévision était tellement puérile qu`au lieu de prouver qu`il n`était pas en résidence surveillée, c`est plutôt le contraire, ce qui montre qu`il y a quelque chose qui n`allait pas. Donc je pense que désormais l`armée ne tirera pas sur un civil ivoirien main nue en train de marcher pour demander le départ de Laurent Gbagbo. Je ne crois pas exagérer du tout mais je crois que c`est un optimisme normal. Et dans tous les cas, c`est très simple, le jour où il y aura une foule de 50 mille, de 100 mille, de 150 mille ou de 200 mille personnes, même si au niveau de l`armée ivoirienne, il y a certains qui voudront tirer, ils pourront le faire mais cela ne changera rien à l`issue de la marche. C`est connu, cela a été constaté dans tous les pays, il n`y a pas de raison que cela soit différent en Côte d`Ivoire.
Maintenant, concernant la suite plausible de l`affaire Mambé, je pense que pour le moment, le Rhdp attend donc qu`on revienne de manière ferme sur l`arrêt de la Cei sur les nouvelles dispositions, je crois savoir que des discussions sont en cours, je ne peux dire qu`à ce niveau, pour l`avancée du processus les personnes compteront moins que les institutions. Il y a des décisions courageuses à prendre, elles seront prises. De ce point de vue, je pense que le Pdci étant le parti dont le président Mambé est issu est un grand parti de grande expérience qui a l`habitude de la gestion des hommes et des affaires de l`Etat, le Pdci saura très bien ce qu`il y a à faire. Je n`ai pas d`inquiétude à ce niveau.

Akwaba Saint Clair: Je voudrais savoir, pour vous, est-ce que le 12 février, date à laquelle le président Gbagbo a pris ces décisions, ce 12 février a-t-elle changé la Côte d`Ivoire, a-t-elle changé les comportements, les attitudes aussi bien pour l`opposition qu`au niveau du pouvoir ? Vous avez dit tantôt que la révolte populaire va s`accentuer, est-ce qu`au niveau du Rhdp, il y a une organisation pour encadrer, pour accompagner comme vous l`avez soutenu tout à l`heure, ces opposants ? Et selon votre analyse, pourquoi depuis la prise de ces mesures, le chef de l`Etat s`est retranché à Yamoussoukro ?
Le 12 février, on peut considérer que Laurent Gbagbo a engagé une épreuve de force, il a tenté un coup de poker à mon avis très audacieux et dans ces genres de chose, ça marche ou ça ne marche pas, ça passe ou ça casse. Et il comptait en cela sur le fait, qu`en face de lui, il y a une opposition qu`il estime être trop civilisée. Et surtout trop soucieuse d`avoir des postes ministériels et des avantages que cela procure plutôt que de divisions à long terme quant à l`occupation même du pouvoir d`Etat. Donc il a, à mon avis, lancé cela et la réaction du Rhdp a été, à mon avis, honorable et nous devons nous en féliciter. Le Rhdp a dit ceci, nous ne voulons pas parler de remaniement ministériel ou de ministre pour le moment. Ce qui nous intéresse, c`est que la Cei soit rétablie, qu`on la remette au travail et que rapidement, on puisse avoir la date des élections. La réaction du Rhdp, à mon avis, a été bonne et positive. Mais qu`est-ce qui, ce jour-là, a changé ? Au fait, ce qui a changé ce jour-là, c`est que Laurent Gbagbo a lancé une attaque à l`opposition. Et par la fermeté de l`opposition, désormais solidaire et unie, il a perdu, il a reculé, il a déjà reculé concernant la Cei, il a même eu à reculer sur la proposition du gouvernement dans les jours où cela devrait se faire, où alias Soro Guillaume exige que ce soit avec l`opposition. Et il a aussi reculé devant la communauté internationale qui ne l`a supporté en rien. Il a eu trois défaites successives, devant la communauté internationale et au niveau interne en Côte d`Ivoire deux fois, sur la Cei et sur la composition du futur gouvernement. Par contre, l`élément nouveau, certes ce n`est pas cet évènement seul qui justifie les mouvements du peuple aujourd`hui.
Mais il y a eu une espère de conjonction de réunions historiques entre cette énième tentative de Laurent Gbagbo sur les élections, de les repousser et le fait que le peuple de Côte d`Ivoire en avait vraiment marre. Et je dois vous dire que c`est dans cette affaire que les coupures d`électricité, de l`eau nous ont beaucoup aidés. Le peuple ivoirien n`en pouvait plus, il n`arrivait pas à soigner, il n`y a pas d`école potable, à ce niveau, tout le monde le sait, il n`y a pas d`emploi pour les jeunes depuis toujours. Mais, à l`intérieur de cela, l`électricité, et l`eau qui sont considérées comme des denrées de base arrivent à manquer. Il y a aussi le fait que cette population sait que ceux qui sont au pouvoir ne font que multiplier la gabegie et pillent le pays. Donc, il y avait une espèce de révolte grondante, de mécontentement qui était là, qui était en train de se forger, ce mécontentement s`est amplifié aujourd`hui avec le délestage. Et le peuple a compris que Gbagbo ne veut pas du tout des élections. Or, le peuple réclame des élections pour faire partir Gbagbo. Alors le peuple se dit, puisque tu ne veux pas d`élections, parce que tu sais que tu partiras, laisse les élections, nous allons te faire partir par les moyens que nous pouvons. Et les moyens par lesquels nous te ferons partir, ce sera par la rue. D`ailleurs toi-même, tu es venu par la rue et c`est par la rue que tu partiras. N`ayons pas peur de le dire, il faut au contraire qu`au niveau de l`opposition, on s`approprie cela. Je ne sais pas si j`arrive à vous le faire partager mais voir tout ce qui se passe en ce moment en Côte d`Ivoire, des formations qui commencent par 10 ou 15 personnes au bout d`un moment, vous avez des centaines puis des milliers, cela ne s`est pas vu en Côte d`Ivoire depuis bien longtemps. Que tout le pays s`embrase au même moment et 10 villes à la fois voire 15 villes et ce, tous les jours, c`est vous dire qu`il y a quelque chose de fort, quelque chose de nouveau. Nous recevons des appels téléphoniques de l`intérieur du pays de nos représentants, quand ils nous parlent, nous tendent le micro, ce qui se dit est tout à fait nouveau, cela ne s`est jamais vu en Côte d`Ivoire. C`est même plus fort que ce qui se disait à l`époque de l`opposition contre Houphouët-Boigny. C`est quelque chose de très fort qu`il faille que le Rhdp comprenne assez vite et comprenne que c`est une chance historique pour lui. Le peuple lui tend la main, le peuple lui dit, nous, on se lève, on s`en va, le peuple lui demande simplement en tant que groupe politique de jouer son rôle qui est de l`encadrer pour l`emmener à aller jusqu`au bout. Et j`en profite pour dire que vous, "Le Nouveau Réveil", par rapport à votre mission d`information mais aussi à la ligne politique que vous avez forcément choisie, vous vous devez d`être sans relâche l`écho de cette nouvelle donne. C`est tout à fait nouveau, on n`a pas vu cela en Côte d`Ivoire depuis cinq ans, depuis très longtemps. Et cette fois-ci, le peuple en veut, il est prêt à en découdre. Ce n`est pas à nous les intellectuels, les politiques de rester derrière le peuple, nous devons au contraire être devant, nous devons hurler plus fort que lui. Nous devons avancer plus fort et marcher plus fort que lui pour atteindre l`objectif fixé.

Diarrassouba Sory: Si cette après-midi à 16h, Laurent Gbagbo, malgré ses défaites successives, ça passe ou ça casse. Qu`est-ce qui va se passer ? Le Président du directoire du Rhdp, Alphonse Djédjé Mady, a dit qu`il faut rétablir la Cei pour relancer le processus. Est-ce que le rétablissement de la Cei se fera avec toute l`équipe ? Comment le rétablissement se fera ? Quelle lisibilité avez-vous de l`accord de Ouagadougou ? L`Apo est-il encore viable ?
Faisons un peu d`anticipation. Si à 16h, nous ouvrons nos postes radio et nous apprenons qu`un gouvernement est formé. La question que nous allons d`abord tous nous poser est de savoir qui est dans ce gouvernement. Si le Rhdp n`est pas dans ce gouvernement, c`est une très bonne nouvelle par rapport au peuple de Côte d`Ivoire. Cela veut dire que le Rhdp ne s`est pas prostitué. Cela voudra dire qu`il y aura un gouvernement constitué du Fpi et peut-être des Forces nouvelles et des éléments de la société civile. Dès demain, la manière dont le pays va s`embraser cela n`aura aucun rapport avec ce qui a été vu jusqu`à présent. La mobilisation et la force, les revendications vont être musclées. Ce que nous devons souhaiter, c`est qu`ils commettent cette erreur quant à la réhabilitation de la Cei. Vous demandez d`être plus précis. Je crois sentir ça et là qu`au niveau de la Cei, on dirait que vous êtes plus sensible à la personne de ceux qui sont à la tête. C`est une impression que j`ai. De ce qui est de la Cei, le Rhdp est obligé d`avoir des objectifs et une efficacité. L`objectif ; c`est d`arriver à des élections le plus tôt possible. Il faut faire en sorte que la communauté internationale et l`Onu contraingnent celui qui est à la tête du pays à organiser les élections le plus tôt possible. Pour ce qui est de l`accord de Ouagadougou, la question est très bonne. L`Apo, avec cette crise, est à la croisée des chemins. L`on arrive quelque part à un nouveau départ. L`on peut dire que l`Apo survivra. L`opposition ivoirienne comprend qu`il y a une nouvelle donne et le peuple de Côte d`Ivoire la regarde. Il l`incite à venir avec lui. Si nous suivons cette voie, je crois que l`accord de Ouaga pourra être considéré comme mort de lui-même. Mais il aura quand même été beaucoup utile à la Côte d`Ivoire, à la sortie de crise. Et quelque part, Soro et Compaoré auront joué leur rôle.

Marc Koffi: J`ai l`impression que le Rhdp n`anticipe jamais mais cherche plutôt à remédier. Laurent Gbagbo a utilisé aujourd`hui l`article 48 et l`article 39 plane dans l`air. L`article 39 stipule qu`en cas de trouble, le chef de l`Etat suspend tout et il n`y a plus d`élection. Est-ce que déjà vous y pensiez et qu`est-ce que vous devriez faire pour ne plus être surpris comme ce qui s`est passé avec l`article 48 ?

Paul Koffi: Le Rhdp devrait tenir la réunion de son deuxième bureau conjoint aujourd`hui. Est-ce que vous confirmez l`information ? Et selon vous, qu`est-ce qui pourrait sortir de cette réunion ?
Pour ce qui est de l`article 48 qui semble avoir surpris tout le monde, je vous disais que c`est une tentative désespérée de Gbagbo pour créer une nouvelle donne par rapport à la situation que nous vivons. Vous évoquez l`article 39, s`il y a une décision à prendre au niveau du Rhdp, nous ne pouvons pas les rendre publiques. Vous savez, nous avons en face de nous un adversaire qui a des objectifs bien précis. Il faut se préparer et aller contrer par les mêmes armes que lui aura utilisées. C`est lui imposer le combat, il s`agira de le combattre de la même manière en ajoutant quelque chose d`autre. Retenez bien, depuis que je suis assis en face de vous, il faudrait que cette fois le peuple s`invite dans le débat. C`est ce qui manquait à l`opposition ivoirienne. Depuis toujours, vous avez la maison du Pdci à Cocody où il n`y avait que des communiqués. Vous-mêmes souvent, vous vous plaignez que le Rhdp n`était qu`une imprimante ou une rotative à produire des communiqués. Pour une fois, le peuple bouge sans que nous lui donnions des mots d`ordre. C`est quelque chose de nouveau, nous devons le comprendre. Qu`est-ce qu`il faut faire pour arriver au résultat que nous attendons tous ? Je veux vous dire si la situation avait été inversée, que le Rhdp était au pouvoir avec ce genre de situation telle, les coupures de courant intempestives et d`eau, le peuple mécontent, le Fpi allait commencer à le faire, il serait très avancé. Au niveau du Rhdp, il y a un nouvel éveil. Je ne peux pas vous dire ce qui est prévu, ce qui se prépare. Je pense que le Rhdp s`est enfin réveillé. Cela fait un peu plaisir. Il y a un grand bureau politique qui est prévu. C`est un grand meeting qui était initialement prévu à la place publique de la mairie avec les 4 leaders du Rhdp et 200.000 à 300.000 personnes. C`est ce que le Rhdp devait faire et se doit toujours de faire pour marquer son renouveau, et montrer ce qu`il a envie de faire avec sa population face à la situation créée par Gbagbo. L`on nous dit qu`il s`agit de transformer le meeting les quatre partis politiques en un bureau politique aujourd`hui. Je n`ai pas trop d`information. Et même si c`était le cas, le grand meeting du Rhdp doit être fait. Le peuple attend cela avec ce qui se passe comme exaspération au niveau de la population ivoirienne. Nous devons mobiliser plus de 500.000 personnes. Une foule de 500.000 personnes, si l`on dit vox populi vox dei, tout est possible avec elle. Il faut seulement y croire et le faire.

conclusion
J`ai été heureux de passer ce temps avec vous. Vous l`avez dit vous-mêmes, je suis en famille. Vous avez pris la précaution pour dire qu`il fallait filtrer les entrées. J`ai essayé de parler, je n`ai certainement pas tout dit, mais beaucoup ont été dite et vous saurez le traduire. De la même manière, le peuple ivoirien regarde le Rhdp et les partis de l`opposition. Vous qui êtes des hommes de médias, faites mille fois plus pour la mobilisation. Il ne faut pas laisser retomber cette flamme parce que si elle retombe et que le peuple retombe dans le découragement, il va nous en vouloir. Il dira que c`est nous qui ne l`avons pas compris, c`est nous qui ne l`avons pas suivi. Je vais vous faire un aveu. Il y a beaucoup d`endroits à Abidjan où l`on entend dire si nos politiciens ne veulent rien faire, nous allons voter pour Gbagbo. Je l`ai entendu, je ne suis pas certainement le seul à l`avoir entendu. Vous "Le Nouveau Réveil" défendant la cause de l`opposition, mettez-vous également au travail. N`ayez pas peur de ne pas faire plaisir à un homme politique. Tout le monde ne peut pas croire à la même cause avec la même intensité. Il faut savoir faire des empêchements ou des blocages qu`on vous opposera pour avorter la cause commune. J`ai été très heureux d`être avec vous. Dans les semaines qui viennent j`apprendrais avec satisfaction que je n`étais pas avec vous ce matin pour rien. Je vous remercie.
Propos recueillis par La Rédaction


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