Cueilli en plein Conseil des ministres, en pleine journée. Un peu comme une mauviette. Il a de la chance ce Mamadou Tanja. Il est en vie alors que plus d’une dizaine de personnes, des civils et des militaires ont perdu la vie et de nombreux autres ont été blessés dans l’opération menée jeudi dernier par l’armée au Niger. Celle-ci a mis fin par un coup d’Etat militaire au hold-up réalisé par lequel le président de ce pays se maintenait aux affaires malgré la fin constitutionnelle de son mandat. Sur toutes les lèvres dans le pays et ailleurs en Afrique, le même étonnement : « Donc, ce Tanja n’était pas indéboulonnable! Il n’était pas si puissant que ça ! ». Et pourtant, en ces douze derniers mois, que n’a pas fait l’ex-maître de Niamey pour montrer à tous sa toute puissance et sa morgue ! Lorsqu’il entreprend de s’installer indéfiniment au pouvoir, le colonel à la retraite se heurte à l’opposition. Au niveau des institutions, la manœuvre de manipulation de la Constitution ne passe pas. L’assemblée nationale puis la Cour constitutionnelle font barrage à Tanja qui avait entre temps pris soin d’évincer le principal rival de son camp, le Premier ministre Hama Amadou. Qu’à cela ne tienne, le président pour qui dix années aux commandes n’ont pas suffi à faire aboutir ses grands chantiers sort de la poche une arme fatale : la dissolution. Coup sur coup, et à la surprise générale, Tanja va dissoudre l’assemblée nationale et la Cour constitutionnelle. Il organise à la va-vite un référendum qui donne naissance à la sixième République. Cerise sur le gâteau, l’homme s’octroie une rallonge de trois ans avant des mandats sans fin. Il reste sourd à la médiation de la Cedeao et se barricade derrière l’armée et les flonflons des courtisans. La suite est connue. Une descente militaire au palais et Tanja devient ancien président. Fin peu glorieuse pour quelqu’un qui se voyait en demi-dieu.
D. Al Seni
D. Al Seni
