Les président Bédié et Ouattara à Ouaga, hier : Voyage à haut risque

Les présidents Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara, les deux ténors de l'opposition ivoirienne, ont l'habitude d'effectuer des voyages à l'extérieur du pays. Mais jamais leurs déplacements, ces dernières années, n'ont suscité autant d'inquiétudes comme celui qu'ils ont fait hier au pays des hommes intègres. A l'invitation du Facilitateur de l'accord politique de Ouagadougou, les deux présidents ont en effet fait un voyage aller-retour au Burkina Faso. Leur départ a été beaucoup craint par leurs militants du fait de la situation délétère du moment. Beaucoup ont joint notre rédaction pour s'interroger sur l'opportunité de ce déplacement. Fidèles aux idéaux de paix et de dialogue, les présidents Bédié et Ouattara ont effectué le voyage en dépit de tout. Le président du Pdci-Rda est arrivé le premier hier matin à l'aéroport, précisément au Gatl. Il a été rejoint quelques minutes plus tard par le président Ouattara qui l'a chahuté en ces termes : "M. le président, vous êtes très matinal". Cinq minutes plus tard, les deux hautes personnalités ont été invitées à prendre place à bord de l'avion de six places de l'Onuci. Le voyage retour, du moins leur arrivée, s'est déroulée dans la même ambiance de nervosité. La folle rumeur d'arrestation des deux présidents à l'aéroport qui s'est emparée d'Abidjan dans la soirée a poussé des militants du Rhdp à perdre la sérénité. Aussi ont-ils effectué très nombreux le déplacement au Gatl pour faire front à tous ceux qui auraient été commis à cette tâche. Les agents des forces de l'ordre ont eu du mal à les contenir à l'entrée de la base militaire. Finalement, ce ne fut qu'une simple rumeur et les deux présidents ont regagné leurs domiciles respectifs après l'accueil chaleureux dont ils ont eu droit à leur descente d'avion. Au domicile du président Bédié à Cocody, les militants de son parti s'y sont rendus en grand nombre pour le saluer. En dépit de la fatigue du voyage, le président du Pdci-Rda a reçu jusque que tard dans la nuit.

Paul Koffi