Le Président du directoire du Rassemblement des Houphouetistes pour la Démocratie et la Paix (Rhdp) pourrait bientôt faire l’objet de poursuites judiciaires. Dans une déclaration de l’armée lue par le chef d’Etat Major, le Général de Division, Philippe Mangou, le président du directoire du Rhdp, Alphonse Djédjé Mady a été accusé d’appel au soulèvement populaire qui a engendré des morts et des blessés tant du côté des forces de l’ordre que des manifestants. Aussi Philippe Mangou demande-t-il que le président du Rhdp s’attende à répondre de ses actes. Face à cette situation qui défraie la chronique, le Pr Alphonse Djédjé Mady n’a pas hésité à se prêter à nos questions.
M. le président du directoire du Rhdp, vous êtes accusé par le Chef d’Etat major de Côte d’Ivoire, Philippe Mangou, d’avoir produit une déclaration qui a suscité des émeutes et entrainé des morts. A cet effet, sur les antennes de la télévision nationale, il a fait savoir que vous serez entendu. Quels sentiments vous animent ?
Je reste serein. J’attends qu’il m’interpelle et je répondrai aux questions qu’ils me poseront. Mais je pense que c’est quand même dommage, qu’un chef d’Etat major entouré de Généraux de la gendarmerie et de la police, s’introduisent d’une manière inopinée et maladroite dans un débat politique. Je ne crois pas que ce soit le rôle de l’armée. Quand une armée est républicaine, elle doit comprendre que l’opposition fait aussi partie de la République. Que cette opposition a le droit de s’exprimer d’une manière républicaine. Qu’il sache que de tous les incidents qu’on a notés, il n’y a pas une seule personne tuée par balle par l’opposition. L’opposition manifeste les mains nues. Ce sont les forces de défense et de sécurité qui, avec nos armes et nos balles, nous tuent. Alors on saura devant l’histoire qui est dans son rôle et qui n’est dans le sien.
M. le président, on vous accuse d’incitation à la désobéissance publique contre le chef de l’Etat et les institutions de la République, et que cela a entraîné morts d’hommes ?
Ecoutez, nous avons dit à nos militants et au peuple épris de paix de dénoncer les dernières décisions du président Gbagbo qui ne sont conformes ni à la loi, ni aux accords qui nous lient. Et je pense que quand on est dans l’armée, on est aussi intellectuel. Je connais certains militaires, il paraît qu’ils ont fréquenté l’université nationale de Côte d’Ivoire. Alors, qu’ils lisent l’argumentaire du Rhdp et ils comprendront.
M. le président, suite à ce mot d’ordre, il y a beaucoup de choses qui se passent dans le pays. L’on compte des morts et plusieurs dégâts matériels. Quel est votre état d’esprit en voyant tout cela ?
Si vous avez peut-être saisi dans ma première réponse, j’ai dit que tous ceux qui sont morts sont morts par balles et aucun de nos militants n’était armé. Ce sont les forces de défense et de sécurité qui sont armées, qui ont tiré sur des militants aux mains nues. Je crois que c’est cela qu’il faut relever. Et je dis, le droit de manifester est constitutionnel et nous avons profité des possibilités que donne la constitution pour dire à nos militants de dire non à tout ce qui n’est pas démocratique.
Si les événements de mars 2004 venaient à se reproduire, est-ce que vous serez prêts à dire à vos militants de rentrer chez eux et de cesser de manifester?
Pour le moment, notre mot d’ordre demeure, nous vous aviserons si nous avons d’autre indications à donner.
M. le président, vous vous rendrez demain (ndlr : aujourd’hui) à Ouagadougou pour consulter le facilitateur de l’accord politique de Ouagadougou. Nous savons qu’actuellement, des tractations sont menées pour que l’opposition rentre dans le gouvernement. Est-ce que vous allez céder ?
C’est vous qui savez l’ordre du jour pour lequel le facilitateur demande aux présidents Bédié et Alassane d’aller à Ouaga. Moi, j’ignore cet ordre du jour. Peut-être qu’arrivés là-bas, on saura ce que le facilitateur veut de ces deux personnalités. Et je ne pourrai répondre à la place ni du président Bédié, ni de Ouattara. Moi, je ne fais que les accompagner et lorsque nous arriverons, je saurai ce qu’on leur demandera et ce qu’ils répondront.
Une semaine après votre déclaration du Rhdp, quel bilan pouvez-vous tirer des actions de vos militants sur le terrain ?
Nous nous rendons compte que le peuple de Côte d’Ivoire n’est pas content de ce qui se passe et il le manifeste démocratiquement. A ceux qui dirigent le pays d’en tirer les leçons et de comprendre que quand on prend une décision impopulaire, revenir dessus, ce n’est pas de la lâcheté, mais c’est de la grandeur d’esprit, de reconnaître ses erreurs ou de comprendre qu’on n’a pas été compris. Vous savez, nous avons un exemple dans l’histoire de la Côte d’Ivoire. Le président Houphouët Boigny avait voulu instituer la double nationalité pour ses concitoyens. A un moment donné, il s’est rendu compte que son peuple ne le suivait pas. Alors, il a renoncé à la double nationalité et cela l’a rendu encore plus grand d’être à l’écoute du peuple. Alors, revenir sur sa décision, à supposer même que soi-même on la justifie parce que le peuple n’est pas à la même hauteur de compréhension, revenir sur sa décision dis-je donc, c’est un signe de grandeur, d’humilité. Et comme nous l’a appris Houphouët Boigny, l’humilité grandit. Voilà ce que nous pouvons dire.
M. le président du directoire, si le président Gbagbo ne revient pas sur sa décision, qu’allez-vous faire ?
Nous continuerons. Notre mécontentement sera toujours exprimé, que nous ne sommes pas contents de ce qu’il fait et comme nous l’avons dit, s’il sort des accords, nous ne le reconnaîtrons plus pour ce qu’il était, après la fin de son mandat constitutionnel, il est notre chef conformément aux accords. S’il n’est plus dans lesdits accords, s’il les déchire, on considéra que ses accords n’existent pas. Alors, voyez-vous sur quoi sera basé le contrat qui nous lie et qui lui donne l’autorisation, une certaine légitimité de gérer la Côte d’Ivoire. ? Ce sera sur quoi ? Si ce n’est pas dans le cadre des accords.
Une des préoccupations du Rhdp outre la démission de Laurent Gbagbo, c’est la restauration de la Cei version Pretoria. La Cei que vous réclamez Est-ce avec ou sans Mambé ?
Ecoutez, nous voulons la Cei comme elle était avant que Monsieur Gbagbo la dissolve .Pour le reste on verra.
Donc avec Mambé ?
Mais, bien sûr ! Est-ce qu’il n’est pas membre de la Cei ? C’est la Cei qui l’a élu. Vous savez, Pretoria nous a signifié le rôle de cette Cei et à quand viendra à terme du mandat des membres de cette Cei. C’est ce que nous demandons. Cela au moins, est contenu dans l’accord de Pretoria. Tant que nous demerons à l’intérieur des accords, on pourra discuter, mais pas en dehors.
Interview réalisée par Lance Touré
M. le président du directoire du Rhdp, vous êtes accusé par le Chef d’Etat major de Côte d’Ivoire, Philippe Mangou, d’avoir produit une déclaration qui a suscité des émeutes et entrainé des morts. A cet effet, sur les antennes de la télévision nationale, il a fait savoir que vous serez entendu. Quels sentiments vous animent ?
Je reste serein. J’attends qu’il m’interpelle et je répondrai aux questions qu’ils me poseront. Mais je pense que c’est quand même dommage, qu’un chef d’Etat major entouré de Généraux de la gendarmerie et de la police, s’introduisent d’une manière inopinée et maladroite dans un débat politique. Je ne crois pas que ce soit le rôle de l’armée. Quand une armée est républicaine, elle doit comprendre que l’opposition fait aussi partie de la République. Que cette opposition a le droit de s’exprimer d’une manière républicaine. Qu’il sache que de tous les incidents qu’on a notés, il n’y a pas une seule personne tuée par balle par l’opposition. L’opposition manifeste les mains nues. Ce sont les forces de défense et de sécurité qui, avec nos armes et nos balles, nous tuent. Alors on saura devant l’histoire qui est dans son rôle et qui n’est dans le sien.
M. le président, on vous accuse d’incitation à la désobéissance publique contre le chef de l’Etat et les institutions de la République, et que cela a entraîné morts d’hommes ?
Ecoutez, nous avons dit à nos militants et au peuple épris de paix de dénoncer les dernières décisions du président Gbagbo qui ne sont conformes ni à la loi, ni aux accords qui nous lient. Et je pense que quand on est dans l’armée, on est aussi intellectuel. Je connais certains militaires, il paraît qu’ils ont fréquenté l’université nationale de Côte d’Ivoire. Alors, qu’ils lisent l’argumentaire du Rhdp et ils comprendront.
M. le président, suite à ce mot d’ordre, il y a beaucoup de choses qui se passent dans le pays. L’on compte des morts et plusieurs dégâts matériels. Quel est votre état d’esprit en voyant tout cela ?
Si vous avez peut-être saisi dans ma première réponse, j’ai dit que tous ceux qui sont morts sont morts par balles et aucun de nos militants n’était armé. Ce sont les forces de défense et de sécurité qui sont armées, qui ont tiré sur des militants aux mains nues. Je crois que c’est cela qu’il faut relever. Et je dis, le droit de manifester est constitutionnel et nous avons profité des possibilités que donne la constitution pour dire à nos militants de dire non à tout ce qui n’est pas démocratique.
Si les événements de mars 2004 venaient à se reproduire, est-ce que vous serez prêts à dire à vos militants de rentrer chez eux et de cesser de manifester?
Pour le moment, notre mot d’ordre demeure, nous vous aviserons si nous avons d’autre indications à donner.
M. le président, vous vous rendrez demain (ndlr : aujourd’hui) à Ouagadougou pour consulter le facilitateur de l’accord politique de Ouagadougou. Nous savons qu’actuellement, des tractations sont menées pour que l’opposition rentre dans le gouvernement. Est-ce que vous allez céder ?
C’est vous qui savez l’ordre du jour pour lequel le facilitateur demande aux présidents Bédié et Alassane d’aller à Ouaga. Moi, j’ignore cet ordre du jour. Peut-être qu’arrivés là-bas, on saura ce que le facilitateur veut de ces deux personnalités. Et je ne pourrai répondre à la place ni du président Bédié, ni de Ouattara. Moi, je ne fais que les accompagner et lorsque nous arriverons, je saurai ce qu’on leur demandera et ce qu’ils répondront.
Une semaine après votre déclaration du Rhdp, quel bilan pouvez-vous tirer des actions de vos militants sur le terrain ?
Nous nous rendons compte que le peuple de Côte d’Ivoire n’est pas content de ce qui se passe et il le manifeste démocratiquement. A ceux qui dirigent le pays d’en tirer les leçons et de comprendre que quand on prend une décision impopulaire, revenir dessus, ce n’est pas de la lâcheté, mais c’est de la grandeur d’esprit, de reconnaître ses erreurs ou de comprendre qu’on n’a pas été compris. Vous savez, nous avons un exemple dans l’histoire de la Côte d’Ivoire. Le président Houphouët Boigny avait voulu instituer la double nationalité pour ses concitoyens. A un moment donné, il s’est rendu compte que son peuple ne le suivait pas. Alors, il a renoncé à la double nationalité et cela l’a rendu encore plus grand d’être à l’écoute du peuple. Alors, revenir sur sa décision, à supposer même que soi-même on la justifie parce que le peuple n’est pas à la même hauteur de compréhension, revenir sur sa décision dis-je donc, c’est un signe de grandeur, d’humilité. Et comme nous l’a appris Houphouët Boigny, l’humilité grandit. Voilà ce que nous pouvons dire.
M. le président du directoire, si le président Gbagbo ne revient pas sur sa décision, qu’allez-vous faire ?
Nous continuerons. Notre mécontentement sera toujours exprimé, que nous ne sommes pas contents de ce qu’il fait et comme nous l’avons dit, s’il sort des accords, nous ne le reconnaîtrons plus pour ce qu’il était, après la fin de son mandat constitutionnel, il est notre chef conformément aux accords. S’il n’est plus dans lesdits accords, s’il les déchire, on considéra que ses accords n’existent pas. Alors, voyez-vous sur quoi sera basé le contrat qui nous lie et qui lui donne l’autorisation, une certaine légitimité de gérer la Côte d’Ivoire. ? Ce sera sur quoi ? Si ce n’est pas dans le cadre des accords.
Une des préoccupations du Rhdp outre la démission de Laurent Gbagbo, c’est la restauration de la Cei version Pretoria. La Cei que vous réclamez Est-ce avec ou sans Mambé ?
Ecoutez, nous voulons la Cei comme elle était avant que Monsieur Gbagbo la dissolve .Pour le reste on verra.
Donc avec Mambé ?
Mais, bien sûr ! Est-ce qu’il n’est pas membre de la Cei ? C’est la Cei qui l’a élu. Vous savez, Pretoria nous a signifié le rôle de cette Cei et à quand viendra à terme du mandat des membres de cette Cei. C’est ce que nous demandons. Cela au moins, est contenu dans l’accord de Pretoria. Tant que nous demerons à l’intérieur des accords, on pourra discuter, mais pas en dehors.
Interview réalisée par Lance Touré