Blaise Compaoré, le Facilitateur dans la crise ivoirienne arrive ce matin en Côte d'Ivoire. Son boeing présidentiel, Le Pic du Sourou, est attendu à l'aéroport du Gatl ce matin, à 11 heures. Selon de bonnes sources, c'est un mini Cpc (cadre permanent de concertation) que le président du Faso va tenir en terre ivoirienne. Il entend rencontrer une à une, puis ensemble, chacune des parties membres de cette instance pour examiner les moyens d'éteindre la mèche du baril de poudre ivoirien, qui est largement entamée. Avant qu'il ne finisse ses consultations, le Premier ministre et le chef de l'Etat ont estimé qu'il serait politiquement incorrect de rendre publique la teneur du gouvernement préparé par Guillaume Soro. En conséquence, il n'est pas certain qu'un conseil des ministres puisse se tenir aujourd'hui, puisque le nouveau gouvernement ne devrait être présenté qu'après le départ du Facilitateur, soit tard dans l'après-midi. Blaise Compaoré est bien déterminé à sauver le processus de paix en cours en Côte d'Ivoire. Pour cela, nous dit-on, il fera le point de ses rencontres d'hier, à Ouaga, avec les deux tracteurs du Rhdp, Alassane Ouattara et Konan Bédié. Ensuite, il rencontrera le Premier ministre, et, une fois de plus, les deux grands leaders du Rhdp. L'objectif de ces consultations est d'obtenir la plateforme de concessions réciproques la plus large possible. Ainsi, selon des informations non confirmées par des sources indépendantes, les présidents du Rdr et du Pdci ont étalé un certains nombre de préoccupations devant le Facilitateur, dont deux semblent proéminentes. La première est qu'ils tiennent absolument à la réhabilitation de la Commission électorale indépendante avant toute entrée au gouvernement. Deuxième point, pour ne pas savonner la planche au Facilitateur et lui permettre d'avancer dans ses négociations, ils auraient indiqué qu'ils ne font pas une fixation sur les personnes de Beugré Mambé ou de Jean-Baptiste Gomis. Ni d'ailleurs sur le maintien absolu d'une Cei avec 4 vice-présidents. Mais, disent-ils, il faut respecter les traditions, c'est-à-dire un président de la Cei issu du Rhdp ainsi que son 1er vice-président. Ils seraient prêts à faire ces concessions, au nom de la paix. Mais pour des raisons politiques évidentes, ils ne veulent faire ces concessions-là que dans le cadre formel d'un Cpc. Du côté de la majorité présidentielle, on ne connaît pas les concessions qui pourraient être faites. Mais l'on observe que le camp présidentiel, garde le profil bas, évite d'attiser le feu et ne produit qu'un discours prudentissime. Toutefois, il est clair que le désir de la majorité présidentielle d'avoir un gouvernement réduit aux seuls signataires de l'Apo, n'a pas rencontré d'écho favorable à la Primature. Pour Guillaume Soro, il est clair que s'il doit diriger un gouvernement, ce sera un gouvernement inclusif. En attendant le déblocage espéré de la crise par le Facilitateur, dans tous les camps, l'on multiplie les réunions pour préparer déjà, les discussions sur le nouveau gouvernement. Sur ce point, des informations de couloirs indiquent que les positions maximalistes commencent à s'assouplir. Tous seraient d'accord pour entrer dans le nouveau cabinet, mais le chef du Pdci ne veut pas donner de nouveaux noms. Il mise sur les sortants. Du côté du Rdr, apprenons-nous, c'est le nombre des ministres et pas les noms, qui pose problème. Le président de ce parti ne souhaite pas que l'on réduise son quota ministériel. De toutes ces questions, Compaoré débattra avec les intéressés aujourd'hui. Et si des accords clairs sont trouvés, peut-être qu'il n'y aurait plus besoin d'organiser un Cpc en grand format, à l'hôtel Libya de Ouagadougou pour revenir sur des choses autour desquelles un consensus aurait été dégagé.
Touré Moussa
Touré Moussa