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Politique Publié le lundi 22 février 2010 | Nord-Sud

Bouaké : La préfecture, la sous-préfecture et 7 véhicules incendiés

Le corps préfectoral de la Vallée du Bandama a eu de la veine ; il l'a échappé belle. Il a, en effet, essuyé la furie de manifestants, qui ont mis le feu à ses bureaux et aux véhicules de commandement.

Ni mort ni blessé, ce week-end à Bouaké. Mais, la ville, fief de l'ex-rébellion, a connu un bilan particulièrement lourd depuis le déclenchement des marches éclatées des Houphouétistes. La préfecture de région de la vallée du Bandama a été pillée, saccagée par des manifestants, qui y ont mis le feu. Le préfet Konin Aka et une dizaine de ses collaborateurs n'ont eu la vie sauve qu'en se réfugiant au cabinet de Guillaume Soro. Les représentants de l'Etat ne retrouveront plus les six véhicules de type 4X4, flambants neufs, qu'ils ont abandonnés, dans leur fuite, dans la cour de la préfecture. Car, les marcheurs les ont également incendiés. La liste des dégâts ne s'arrête pas là. Au quartier Commerce, de milliers de manifestants ont cassé et pillé les bureaux du maire, l'état civil et la salle de mariage. Des opérateurs économiques n'ont pas échappé à la même furie. La Société de transport urbain de Bouaké (Stub) a vu 15 de ses bus détruits et 2 véhicules personnels du contrôleur général de l'entreprise endommagés.
Tout a commencé vers 9 heures. Des jeunes, excités, armés de pierres et de bâtons, ont obstrué la circulation. Ils ont dressé des barricades sur les principales artères menant au centre-ville. « Tant que Gbagbo ne quitte pas le pouvoir, on ne quitte pas les rues », tel est le mot d'ordre lancé à cor et à cri par un manifestant. Une foule compacte venue d'on ne sait où s'est ébranlée vers le cabinet du préfet en face du centre hospitalier universitaire (Chu). Pendant qu'une autre masse humaine a mis le cap sur le bureau de l'Onuci vers le corridor-sud qui donne sur Tiébissou.

Panique généralisée

Les manifestants qui se sont dirigés vers la préfecture scandaient : « On ne veut pas Gbagbo », « Gbagbo démissionne », « On veut la Cei de Mambé ou rien ». L'un d'entre eux a interpellé le Premier ministre : « Nous voulons dire au Premier ministre Soro que Bouaké c'est chez lui. Qu'il laisse Laurent Gbagbo à Abidjan pour revenir à Bouaké. Il ne faut pas qu'il se rende complice de ce que Gbagbo a gâté ». C'est dans une atmosphère surchauffée que les marcheurs ont pris pied au gouvernorat qui recevait une délégation de la Banque mondiale. Surpris, le préfet Konin Aka, son secrétaire général Traoré Vassiriki, les sous-préfets M'Bahia Magloire et Coulibaly Inza sous-préfet de Languibonou ont trouvé refuge au secrétariat général des Forces nouvelles distant d'un kilomètre. Les manifestants n'abandonneront pas leurs cibles pour autant. Ils tenteront de pénétrer au cabinet du secrétaire général. Mais des agents des forces de l'ordre commis à la sécurité des lieux s'y sont opposés. Un membre de la sécurité a même vu son véhicule incendié à l'entrée du secrétariat par des hommes en colère. Presque simultanément, l'autre file de manifestant partie vers l'Onuci, s'en prenait au cabinet du maire.
Saisi des échauffourées, le Premier ministre qui était attendu dans l'après-midi au Ranhôtel, est obligé de faire escale à Yamoussoukro. C'est seulement dans la soirée qu'il va regagner Bouaké, après l'arrêt des manifestations. Guillaume Soro a reçu le corps préfectoral qu'il a persuadé à poursuivre son travail. Le préfet et ses collaborateurs ont exigé plus de sécurité.

Allah Kouamé à Bouaké
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