Les chars qui déboulent en pleine journée dans le carré de la présidence. Des rafales d’armes automatiques entendues dans le cœur des institutions. Le président qui s’enfuit dans son bureau. S’enferme à double tour pour tenter, geste de désespoir, de faire rappliquer des forces d’élites à son secours. Le numéro un du pays rejoint par des soldats qui, après avoir défoncé la porte le prient de les suivre. Dans la salle du conseil, les ministres couchés à même le sol attendant du ciel l’explication de ce qui se passe et des secours. Scène pathétique et déplorable de la fin d’un pouvoir qui tombe sous les coups de boutoirs de l’armée. Ça se passe au Niger. Il y a tout juste quelques jours. Un coup d’Etat en bonne et due forme. Les chars et les mitraillettes ont, une fois encore, parlé dans ce pays. Balayant les institutions. C’est un mal que de voir ainsi les soldats intervenir dans le fonctionnement du jeu politique. Et surtout de les voir renverser par la force des institutions. Mais, au lieu de se dresser ou d’être consternés par les évènements dans leur pays, les Nigériens sont descendus en masse dans la rue. A Niamey comme à Zinder, Dosso et les autres grandes villes et contrées du pays, ils ont salué les militaires. C’est vrai que le fait accompli des pouvoirs qui s’installent entraine des mouvements de soutien peu ou prou suscités. Mais, dans le cas présent, les foules se sont senties soulagées et libérées par les armes des soldats. Les Nigériens, avec eux beaucoup d’Africains sont contraints de lorgner du côté des soldats pour sortir des cauchemars de pouvoirs arrogants et destructeurs. Ils ne leur reste que les mains pour applaudir un mal, le pouvoir des armes, dans l’espoir que celui-ci soit plus supportable que le pire : les dictatures civiles et assimilées.
D. Al Seni
D. Al Seni