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Politique Publié le mardi 23 février 2010 | Le Patriote

Abobo se soulève contre Gbagbo - La population a vécu des heures d’enfer

Jets de pierres contre bombes lacrymogènes et même des tirs à balles réelles. Des personnes fuyant les bombes de gaz lacrymogène s’engouffrent dans les cours les plus proches. Une scène de panique qui a fait vivre hier, aux populations d’Abobo des heures d’enfer. Le tout couronné par des affrontements dans les principaux carrefours de la commune, entre les forces de l’ordre et des manifestants qui tenaient à faire une marche pacifique. En effet, la grande commune d’Abobo est entrée hier, dans la vague de protestation contre la décision de dissolution du Gouvernement et de la Commission électorale indépendante par Laurent Gbagbo. Le bilan est lourd : 2 manifestants tués et plusieurs blessés dont trois par balles, selon des sources proches du RHDP. Le matin, tout semblait normal jusqu’aux environs de 8h au moment où de nombreux travailleurs avaient déjà regagné leur lieu de travail et les retardataires s’apprêtaient à le faire. Les manifestants qui ont été, dans un premier temps, dissuadés par l’impressionnant détachement des forces de l’ordre déployé dans les points stratégiques de la commune depuis vendredi, ont dû changer de tactique. Par petit groupes de cinq personnes ou plus, ils sont venus de Sagbé et ont convergé vers le rond point de la Gendarmerie. Très vite, ils seront dispersés par des éléments de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) qui sont en permanence en ces lieux depuis jeudi. Des bombes de gaz lacrymogène balancées dans toutes les directions alertent les passants et autres travailleurs qui se rendaient à leur lieu de travail. Un vent de panique s’empare de la population qui court dans tous les sens. Des automobilistes tombés dans ce guet-apens, ont commencé à faire demi-tour, créant ainsi, un cafouillage monstre au rond point de la Gendarmerie d’Abobo. Dans ce cafouillage, un autocar de la SOTRA est saccagé par les manifestants révoltés. Après que le calme fut revenu au bout d’environs deux heures, les forces de l’ordre ont commencé à pulvériser le quartier de gaz lacrymogène. Pendant des heures, les populations ont souffert dans les concessions et même dans les cliniques privées qui sont dans ces quartiers. Des bébés ont échappé de justesse à l’étouffement. Pendant ce temps, au rond point de la mairie, un groupe de manifestants très audacieux ont encercle un cargo de policiers. Il s’en suit quelques instants après des affrontements et une chasse à l’homme terrible qui s’est soldée par l’assassinat d’un manifestant au rond point d’Anador (Banco). Nos sources révèlent que des affrontements similaires ont eu lieu au carrefour Samaké qui ont enregistré également un mort. Des informations non encore vérifiées font état de la blessure d’un policier à la nuque et de quatre morts au total. A 16h, le calme est revenu. Toutefois, le commerce et le transport ont été totalement paralysés.

manifestations eclatees du rhdp
Abobo
2 morts, 5 blessés et plusieurs arrestations
En arrivant ce lundi 22 février à son lieu de travail à Abobo-té, le jeune Ulrich Issanwi, la trentaine environ, ne pouvait s’imaginer qu’il prenait ainsi rendez-vous avec la mort. Hélas ! Le jeune ferronnier est tombé hier, sous les balles assassines des Forces de l’ordre déployées à Abobo pour disperser la manifestation des populations contre les décisions impopulaires de Laurent Gbagbo. Lui qui, selon ses proches, venait tranquillement à son atelier et n’avait rien à avoir avec la manifestation, a été froidement abattu, recevant deux balles dans la poitrine. « C’est aux environs de 7 h qu’il est arrivé à l’Atelier où il travaillait avec son père. Vu l’atmosphère qui régnait à Abobo avec des corps habillés partout, il a décidé de fermer le magasin et de partir à la maison. C’est en ce moment-là qu’il est accosté, vers 8 h, par un corps habillé en arme. Et sans autre forme de procès, celui-ci lui tire dessus par deux fois », explique, en larmes, Pauline Issanwi, cousine d’Ulrich. Information confirmée par Mlle Koffi Affoué Edwige, dont le restaurant se trouve juste à côté de l’Atelier des Issanwi. Quand nous joignions Pauline au téléphone, la pauvre jeune dame n’arrivait toujours pas à comprendre les raisons réelles de cette furia des hommes du Général Philippe Mangou. Une nervosité qui venait de coûter la vie à son frère. « Pourquoi et comment arrive-t-on à tuer aussi facilement un jeune innocent ? », ne cessait-t-elle de s’interroger, avec colère. Et comme Ulrich Issanwi, un autre jeune a été froidement abattu au niveau d’Abobo-Banco. Nous n’avons pu trouver son identité. Mais, selon des témoignages, son corps a été aussitôt transféré à la morgue de l’hôpital Félix Houphouët-Boigny d’Abobo. Des manifestants ont parlé de deux autres corps que nous n’avons pas pu voir mais dont la mort a été confirmée par plusieurs personnes.
Hormis ces personnes décédées, la manifestation d’hier à Abobo aura également enregistré cinq blessés, dont deux gendarmes et une dizaine de personnes arrêtées. Concernant les arrestations, nos sources soutiennent que celles-ci se sont faites en toute illégalité. « Au lieu de s’attaquer aux manifestants, les policiers et gendarmes sont plutôt entrés dans les cours et les maisons pour enlever tous les jeunes qu’ils trouvaient sur place », confie SK, habitant au quartier ‘’Marley’’.
Diawara Samou

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