La double dissolution du gouvernement et de la commission électorale indépendante (Cei), par le chef de l’Etat, Laurent Gbagbo pour, dit-il, donner un coup de pousse au processus de sortie de crise, a au contraire plongé le pays dans un climat social délétère. Dans plusieurs localités, des manifestations de protestation contre cette décision ont plombé le programme de l’année scolaire. Dans les communes de Koumassi, de Yopougon, de Marcory et de Treichville et d’Abobo, les élèves ont été contraints de rentrer chez eux. Pas plus tard qu’hier, dans les quartiers d’Abobo Avocatiers, Pk 18 ; ancienne gendarmerie d’Anyama, Bougounissoo, les directeurs d’écoles ont été obligés de libérer leurs élèves à cause des manifestations qui avaient démarré tôt dans la matinée. Les forces de l’ordre lourdement armées de gaz lacrymogènes en ont utilisés abondamment. Toute chose qui a rendu l’air insupportable dans plusieurs établissements situés non loin des voies principales. Affolées, des mères de familles se sont rendues à grande enjambée dans les écoles de leurs progénitures en vue de les sortir du danger et les mettre à l’abri. Des directeurs d’écoles qui avaient décidé de ne pas libérer leurs élèves ont été très souvent pris à partie par des mères de famille qui n’attendaient pas se plier à leurs exigences. « Cette situation est déplorable. Elle n’augure pas de bons résultats de fin d’année si jamais, la crise perdure. Les enfants viennent d’arriver des congés de février de cinq jours. S’il faut encore les maintenir à la maison, pour on ne sait combien de jours, ça devient compliquer » a dénoncé un directeur d’école primaire d’Abobo Pk 18.Même des établissements du secondaire ont également baissé pavillon, hier. A côté des élèves, il y a aussi la population qui n’a pu vaquer à ses activités génératrices de revenus. Les chauffeurs de Gbaka et Wôrô-Wôrô ont purement et simplement arrêté de circuler, pour éviter des casses de leur véhicule. Cette situation a contraint beaucoup de travailleurs à ne pas se rendre sur leur lieu de travail. Car jusqu’en fin de matinée, les véhicules de transport public privés étaient toujours stationnés dans les parkings. Pour les plus chanceux, ils ont rejoint leur lieu d’habitation, après plusieurs kilomètres de marche. C’est le cas de dame Traoré, commerçante d’attiéké dans le quartier d’Abobo Pk18. « je suis sortie aux environs de 6 heures pour aller chercher mon poisson au grand marché d’Abobo. Malheureusement à mon arrivée sur la voie, j’apprends que les Gbaka et Wôrô-Wôrô ont stationné à cause des forces de l’ordre qui lançaient les gaz lacrymogènes. J’ai emprunté des voies secondaires avec mon bagage de plus de 20 kilogrammes sur la tête pour rejoindre, après deux heures de marche, mon lieu de commerce » a-t-elle relaté. En plus de celle-ci, il y a eu une dame enceinte qui avait des contractions et qui s’est rendue dans un centre de santé. Sur les lieux, on lui a fait savoir que son cas était critique et qu’elle devait urgemment se rendre à l’hôpital général d’Abobo. Malheureusement, aucun véhicule de transport en commun ne circulait. Comme on peut le constater, la double dissolution du gouvernement et de la Cei pour, dit-on, permettre une sortie rapide de la crise a, au contraire, augmenté le calvaire de la population.
Aboubakar Sangaré
Aboubakar Sangaré