Des populations de l'ouest de la Côte d'Ivoire s'inquiètent de plus en plus de la circulation " régulière" des armes dans la région. Il ne se passe pas un jour sans que des villageois aperçoivent des individus en armes dans les départements de Duékoué, de Guiglo et de Toulépleu. "Ils ne sont pas militaires. Ils sont habillés en civil et pourtant portent des armes de guerre. Cela nous effraie et quand nous les voyons nous fuyons car on ne sait jamais", ont confié Eric Gboho et Lazare Tahé, planteurs à Pinhou. Bernard Sondé, maçon à Toulépleu, se dit lui, convaincu que ce sont ces individus armés qui circulent dans la région qui sont les auteurs des nombreux vols, braquages et crimes enregistrés ces derniers mois. "Le phénomène des coupeurs de route est accentué chez nous. Avant, les coupeurs de route attaquaient les voyageurs de nuit, mais maintenant ils opèrent en pleine journée", explique-t-il. Sur l'axe Guiglo-Toulepleu, un groupe de paysans allogènes avait été attaqué dans le courant du mois de janvier sur le chemin du champ par un individu portant une kalachnikov. Les paysans avaient pris la fuite, mais l'un d'entre eux, moins rapide, a été rattrapé et abattu par le quidam. Début février à Duékoué, des violeurs armés et encagoulés ont semé la psychose dans les rangs de la population. Les criminels ont violé une dizaine de femmes au total, dont une fillette de six ans qui porte toujours les séquelles physiques. "Ils intimident avec leurs armes, ils volent et ils violent les femmes et les filles qu'ils trouvent", ont témoigné des femmes meurtries. A la suite de ces actes de barbarie répétés, les femmes de Duékoué ont organisé une marche pour dénoncer les nombreux cas de violence perpétrés sur la population par des individus dont on ignore toujours l'identité. Le président de la commission nationale de lutte contre la prolifération des armes légères, le général Désiré Adjoussou a évoqué lors d'un atelier le 2 février "la porosité des frontières terrestres ivoiriennes" comme l'une des raisons de la prolifération des armes en Côte d'Ivoire. De son côté, le réseau d'action sur les armes légères en Afrique de l'Ouest (Rasalao) a mené plusieurs campagnes de sensibilisation dans quelques localités et entend poursuivre à travers le pays. La circulation des armes est l'une des conséquences du conflit armé qui secoue la Côte d'Ivoire depuis 2002. Au plus fort de la crise militaro-politique, l'ouest ivoirien a été le théâtre des affrontements les plus violents entre l'ex- rébellion appuyée de miliciens, et l'ex-armée loyaliste appuyée elle aussi d'autres groupes de miliciens. Le centre de commandement intégré (Cci) mis en place a entamé une opération de démobilisation et de désarmement des ex- combattants, mais l'opération n'est pas encore effective dans tout le pays.
Sources : Xinsua
Sources : Xinsua