Rencontre Compaoré, Soro, Bédié, Ouattara et Choi - 3 heures de rudes négociations

Lundi 22 février. Il est 15h20 lorsque le Premier ministre Soro Guillaume prend l’ascenseur pour se rendre dans la suite présidentielle du 9ème étage de l’hôtel Pullman à Abidjan Plateau. La première audience du président burkinabé Blaise Compaoré, facilitateur dans la crise ivoirienne, arrivé quelques heures plus tôt en Côte d’Ivoire, débute. Tout se passe à huis clos. Une vingtaine de minutes plus tard, Soro Guillaume prend congé du facilitateur dans le dialogue inter-ivoirien : «Je suis confiant. Nous venons d’échanger sur les difficultés actuelles. Tous les acteurs politiques doivent faire preuve d’une grande hauteur pour permettre à la Côte d’Ivoire de renouer avec la paix définitive. Nous trouverons une solution avant le départ du facilitateur». La prochaine audience est celle du RHDP. Mais dans leur délégation, point de représentant du MFA et de l’UDPCI. Curieux. N’empêche que Bédié et Ouattara, donc le PDCI et le RDR, conduisent la délégation. Plus d’une heure s’écoule pour un entretien entre des personnes qui ont eu longuement le temps de se voir la veille à Ouagadougou. Dès leur sortie de la suite présidentielle, les deux leaders du RHDP se précipitent vers l’ascenseur, comme pour fuir la presse. Que non! Le droit à l’information a primé et Dramane Ouattara a répondu aux micros tendus sous le regard fermé de Bédié. «Nous sommes très reconnaissants au président Blaise Compaoré qui a fait le déplacement pour continuer les échanges. Il nous a informé des discussions qu’il a eues avec le chef de l’Etat ce matin et des progrès. Nous avons pris acte et nous allons nous concerter avec les autres membres du RHDP et le PIT, car nous partageons la même position. Celle de voir la CEI rétablie rapidement pour que nous allions aux élections. C’est la seule chose essentielle que les ivoiriens réclament». Après l’audience, la délégation du RHDP se retrouve dans une salle de l’hôtel Pullman pendant qu’une partie du corps diplomatique est reçue par le facilitateur.

Contre toute attente, Soro Guillaume qui était sorti de l’hôtel, revient à pas de course et monte avec Sidiki Konaté dans les appartements de Blaise Compaoré, malgré la présence des diplomates, pour en redescendre 5mn plus tard, à 17h50mn, de la même manière qu’il est entré. Quelques instants après, lors de l’entretien entre la presse et le nonce apostolique Madhta Ambroise, nous apprenons que le premier ministre est en pourparlers avec les représentants du RHDP. De quoi discutent-ils ? Rien ne filtre. De son côté, le nonce apostolique exprime son optimisme et ses espoirs pour une Côte d’Ivoire réconciliée sincèrement.

18h10mn. Autre entrée de Soro Guillaume, comme une flèche, sans que nous nous y attendions. Surtout que le représentant spécial de l’ONU, Choi Young J. est avec Blaise Compaoré. Cette fois, c’est Choi qui sort 5mn après et dit sans faux fuyant qu’il y a actuellement trop de violence. «Nous avons constaté cinq morts à Gagnoa et deux morts supplémentaires à Daloa. Il faut en finir avec la violence. Les manifestations démocratiques sont une chose, la violence, c’est autre chose». Cette mise au point faite, il cède le hall au Premier ministre qui semble plus détendu. «Nous sommes très heureux et content de la visite du facilitateur et surtout de l’initiative prise de parler aux membres du cadre permanent de consultation. ça va, ça va !»

Après ces dures heures de concertations, Soro Guillaume et Blaise Compaoré ont pris la direction du palais présidentiel.

Herman Bléoué
bleoueherman@yahoo.fr