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Politique Publié le mercredi 24 février 2010 | Le Mandat

Délestage en Côte d’Ivoire - La responsabilité de Bohoun Bouabré et de Léon Monnet établie

Le délestage actuel qui dit-on, s’étendra jusqu’au mois de mai, voire juin, met en évidence un mal plus profond. L’inexistence d’une véritable stratégie de planification sous la refondation. Et pourtant, la situation était prévisible.

Exportateur d`électricité il y a à peine 10 ans, la Côte d`Ivoire est sur le point de devenir un pays importateur d`électricité. En réalité, la panne survenue à Azito n`est qu`un faux et beau prétexte. « Depuis plusieurs années, les ministres Léon Emmanuel Monnet et Antoine Bouhoun Bouabré en charge respectivement des départements des mines et de l’énergie ainsi que de la planification et du développement, sont conscients que la production électrique ivoirienne a atteint un niveau limite et qu’il faut un traitement de choc pour résoudre le problème », n’ont cessé de scander les responsables de la Compagnie ivoirienne d’électricité (CIE). Malheureusement, la population a oublié qu’on était en Côte d’Ivoire où ‘’la mangécratie’’ était plus urgente que la sécurité énergétique. « On passe plus de temps à faire la politique politicienne au lieu de s’occuper des problèmes réels des populations », déplore un industriel. Conséquence : les Ivoiriens vont être obligés d`accepter de vivre dans le noir chaque jour entre 19 h et 23 heures ? Pendant que les refondateurs seront dans leurs immenses châteaux climatisés, avec de puissants groupes électrogènes tournant à fond. Quel cynisme ? Après le chômage, la faim, les déchets toxiques, les détournements massifs de dernier publics,…on livre maintenant le peuple aux ténèbres et à la chaleur.

La responsabilité de Bohoun et Monnet établie

Le délestage avait été annoncé depuis au moins deux ans, sinon quatre. On parlait des capacités de production qui étaient insuffisantes par rapport à une consommation sans cesse croissante. On disait aussi que « le parc de production de l’électricité de notre pays est vieux, très vieux même, avec une moyenne d’âge de 24 ans et ce, depuis le 1er barrage hydroélectrique d’Ayamé 1 qui a 49 ans d’existence cette année, jusqu’à la centrale thermique d’Azito 2 qui a 9 ans ». Lors de ses assemblées générales, les responsables de la compagnie ivoirienne d’électricité (Cie) ne manquaient jamais d’attirer l’attention de leurs actionnaires sur cette situation. Aussi, la perturbation de la fourniture de l’électricité sur l’ensemble du territoire de février à mai 2010, était-elle prévisible. La cause principale, un déficit de production dont l’origine est une avarie survenue sur un groupe important du parc de production du réseau électrique. Malgré toutes ces interpellations, aucune mesure préventive n’a été prise. Rien n’a été planifié. Et quand on gouverne sans planifier, c`est ce qui arrive. Pourtant, en 2005, le chef de l’Etat avait choisi de confier le dossier au ministre de l’Economie et des Finances, à l’époque Antoine Bohoun Bouabré. Aujourd’hui, celui-ci est devenu Ministre d’Etat, de la planification et du développement. Or, on pouvait anticiper les risques, normalement, quelque chose devrait être fait pour éviter le pire que vivent les populations. En effet, la seule solution, c’était d’augmenter les capacités de production à travers un programme hardi d’investissements qui, selon le cadre réglementaire du secteur, est du ressort de l’Etat à qui appartient tout le patrimoine. La sanction de cette absence de planification et d’investissement sur le long terme, c’est évidemment ce grand délestage qui frappe tout le pays parce que nous sommes en manque d’énergie électrique. Or la panne d`Azito est survenue le 22 décembre dernier. Entre cette date et la date d`aujourd`hui, qu`est-ce qui est fait pour régler ce problème ? Aussi, la centrale thermique Ciprel III (110 MW) qui devait être mise en marche depuis 2008 n’a commencé à tourner qu’en janvier 2010. Le plan de renforcement conduit par l’Etat connaît un retard et le lancement de la turbine Ciprel 3 avec ses 110 MW, se révèle déjà insuffisant. Il faut encore augmenter rapidement la production.

Les populations, les grands oubliés

Le développement de la production est de la responsabilité de l’Etat. Les hautes autorités, pour avoir négligé cet aspect, mettent leurs concitoyens dans de nombreuses difficultés. Le pire, c’est que rien n’a été fait pour amortir l’impact de cette situation sur leur bien-être. Car, si pour les entreprises, la Compagnie ivoirienne d’électricité (CIE) a promis de les rencontrer, rien n’est concrètement envisagé en direction des ménages. Aucun programme de rationnement pour permettre aux gens de prendre leurs dispositions afin de limiter les dégâts sur les appareils électroménagers. De sources bien introduites, le Patronat se dit excédé par le manque d’anticipation et de planification de la tutelle dans la gestion de la fourniture de l’électricité. Pointant un doigt accusateur sur l’Etat, les industriels, au cours d’une rencontre récente au Plateau, ont fait savoir qu’ils étaient fatigués de payer un si lourd tribut à l’amateurisme des dirigeants de l’Etat ayant en charge l’électricité en Côte d’Ivoire. Pour les industriels, il est inconcevable de naviguer à vue dans un secteur aussi important pour l’économie nationale car c’est l’électricité qui fait tourner les industries. Et c’est avec les dividendes obtenus que les entreprises parviennent à s’acquitter des taxes de l’Etat. Mais aujourd’hui, avec ces délestages qui ne cesseront éventuellement qu’à la fin d’Avril ou début mai 2010, les sociétés devront faire face à certaines dépenses. Compte tenu de la réduction de la productivité du fait des délestages, des entreprises sont obligées de se mettre au groupe électrogène. Ce qui n’était pas prévu au départ puisque la plupart des budgets ont déjà été faits.

La clairvoyance du PDCI

Les présidents Félix Houphouët Boigny et Henri Konan Bédié grâce à une politique énergétique prévoyante avec la construction de barrages : Ayamé I et II (50 MW), Kossou (150 MW), Taabo (210 MW), Buyo (165 MW), et de centrales thermiques : Azito I et II, Ciprel I et II, ont permis à la Côte d’Ivoire de ne pas être plongée dans le noir. Pour soutenir Azito, il aurait fallu construire d’autres centrales. Un projet qui était inscrit en bonne place dans le programme du président Bédié. Projet qui a été freiné malheureusement par le coup d’Etat de 1999. La Côte d’Ivoire ne peut rien attendre de ses voisins. En effet, si le Ghana était mieux loti, c’est vers ce pays qu’on se tournerait pour acheter de l’énergie électrique. 30 MW pourraient aider la Cie à atténuer les coupures d’électricité. Malheureusement, le barrage d’Akosombo éprouve les mêmes difficultés que les barrages de Kossou, Taabo et Buyo. En attendant, le pays est déséquilibré dès qu’il y a une avarie sur un site de production, comme c’est le cas en ce moment.

Jules C.
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