La signature d'un accord de sortie de crise avec le médiateur Blaise Compaoré lundi ne convainc pas complètement au sein de l'opposition ivoirienne. Elle appelle à continuer les manifestations, notamment sous la pression de sa base.
«Nos dirigeants ne doivent pas céder à la compromission!» Au bout du fil, Kaba Fofana s'emporte presque. Cette responsable du Rassemblement des républicains (RDR) dit relayer le sentiment d'une grande partie des militants d'opposition ivoiriens. A savoir une grande prudence, voire une inquiétude, au lendemain de la médiation apparemment couronnée de succès du président burkinabè Blaise Compaoré à Abidjan.
«Il y a eu près de 12 morts dans des défilés pacifiques. Nous allons continuer les manifestations pour rendre hommage à nos martyrs», poursuit la responsable de campagne d'Alassana Ouattara dans la commune de Marcory. Un mot d'ordre finalement confirmé ce mardi par le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix – le RHDP –, qui réunit les quatre principaux partis d'opposition. Et ce jusqu'à la «mise en place» de la nouvelle Commission électorale indépendante (CEI).
L'objectif est de maintenir la pression sur le Premier ministre Guillaume Soro et le président Laurent Gbagbo, mais aussi de répondre à l'inquiétude qui monte au sein de la base militante. L'accord conclu lundi avec Compaoré reste en effet très flou. Il n'a fait l'objet d'aucun communiqué officiel, ce qui laisse libre cours à toutes les interprétations.
La commission électorale, pierre d'achoppement
Officiellement, un nouveau gouvernement doit être nommé ce mardi, à l'issue de négociations entre les membres du RHDP et le Premier ministre. Mais la principale interrogation concerne la CEI, cette structure dissoute par Gbagbo le 12 février, et dont la restitution est jugée indispensable par l'opposition, en vue de l'organisation d'une élection présidentielle libre et transparente dans les prochains mois.
Selon le médiateur Blaise Compaoré, la commission doit être «recomposée» au cours de «cette semaine». Un préalable indispensable pour Mamadou Sanogo, secrétaire national aux élections du RDR : «La CEI doit être mise en place avant le gouvernement et être conforme aux accords de Pretoria», explique-t-il. La composition de cette commission est considérée comme indispensable à l'élaboration d'une liste électorale fiable et honnête.
«Situation inconfortable»
«J'ai le sentiment que la base ne nous a pas compris, admet Mamadou Sanogo. La direction est dans une situation inconfortable car elle est obligée à des concessions, de par les fonctions qu'elle a occupées» (Alassane Ouattara a été directeur adjoint du FMI et Premier ministre, Henri Konan Bédié président de la République). Tout le contraire du socle militant, bien plus vindicatif à l'encontre de Gbagbo.
«Nos responsables doivent réaliser que Gbagbo ne comprend que le langage de la force, lance ainsi Kaba Fofana. Les militants sont prêts à aller jusqu'au bout, ils en ont marre de cette pauvreté endémique. Ils veulent que Gbagbo démissionne, que le coup de grâce lui soit porté.» Drissa Traoré, président du mouvement ivoirien des droits humains, s'avoue «inquiet» d'une situation de plus en plus violente.
«A Gagnoa, il y a eu au moins cinq morts et des blessés. Certains ont été touchés par des balles dans le dos ou la nuque. Il faudra une enquête indépendante sur ces faits pour en finir avec l'impunité», explique-t-il. «J'espère que l'accord signé lundi sera confirmé dans les prochains jours...» Pour cela, il faudra que Laurent Gbagbo évite de reproduire son coup de poker du 12 février.
Par SYLVAIN MOUILLARD
«Nos dirigeants ne doivent pas céder à la compromission!» Au bout du fil, Kaba Fofana s'emporte presque. Cette responsable du Rassemblement des républicains (RDR) dit relayer le sentiment d'une grande partie des militants d'opposition ivoiriens. A savoir une grande prudence, voire une inquiétude, au lendemain de la médiation apparemment couronnée de succès du président burkinabè Blaise Compaoré à Abidjan.
«Il y a eu près de 12 morts dans des défilés pacifiques. Nous allons continuer les manifestations pour rendre hommage à nos martyrs», poursuit la responsable de campagne d'Alassana Ouattara dans la commune de Marcory. Un mot d'ordre finalement confirmé ce mardi par le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix – le RHDP –, qui réunit les quatre principaux partis d'opposition. Et ce jusqu'à la «mise en place» de la nouvelle Commission électorale indépendante (CEI).
L'objectif est de maintenir la pression sur le Premier ministre Guillaume Soro et le président Laurent Gbagbo, mais aussi de répondre à l'inquiétude qui monte au sein de la base militante. L'accord conclu lundi avec Compaoré reste en effet très flou. Il n'a fait l'objet d'aucun communiqué officiel, ce qui laisse libre cours à toutes les interprétations.
La commission électorale, pierre d'achoppement
Officiellement, un nouveau gouvernement doit être nommé ce mardi, à l'issue de négociations entre les membres du RHDP et le Premier ministre. Mais la principale interrogation concerne la CEI, cette structure dissoute par Gbagbo le 12 février, et dont la restitution est jugée indispensable par l'opposition, en vue de l'organisation d'une élection présidentielle libre et transparente dans les prochains mois.
Selon le médiateur Blaise Compaoré, la commission doit être «recomposée» au cours de «cette semaine». Un préalable indispensable pour Mamadou Sanogo, secrétaire national aux élections du RDR : «La CEI doit être mise en place avant le gouvernement et être conforme aux accords de Pretoria», explique-t-il. La composition de cette commission est considérée comme indispensable à l'élaboration d'une liste électorale fiable et honnête.
«Situation inconfortable»
«J'ai le sentiment que la base ne nous a pas compris, admet Mamadou Sanogo. La direction est dans une situation inconfortable car elle est obligée à des concessions, de par les fonctions qu'elle a occupées» (Alassane Ouattara a été directeur adjoint du FMI et Premier ministre, Henri Konan Bédié président de la République). Tout le contraire du socle militant, bien plus vindicatif à l'encontre de Gbagbo.
«Nos responsables doivent réaliser que Gbagbo ne comprend que le langage de la force, lance ainsi Kaba Fofana. Les militants sont prêts à aller jusqu'au bout, ils en ont marre de cette pauvreté endémique. Ils veulent que Gbagbo démissionne, que le coup de grâce lui soit porté.» Drissa Traoré, président du mouvement ivoirien des droits humains, s'avoue «inquiet» d'une situation de plus en plus violente.
«A Gagnoa, il y a eu au moins cinq morts et des blessés. Certains ont été touchés par des balles dans le dos ou la nuque. Il faudra une enquête indépendante sur ces faits pour en finir avec l'impunité», explique-t-il. «J'espère que l'accord signé lundi sera confirmé dans les prochains jours...» Pour cela, il faudra que Laurent Gbagbo évite de reproduire son coup de poker du 12 février.
Par SYLVAIN MOUILLARD