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Politique Publié le mercredi 24 février 2010 | Notre Voie

Insurrection du RHDP : La Côte d’Ivoire fait face à une 2ème rébellion

Le Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP) a jeté, depuis près de deux semaines, ses militants dans les rues afin de protester contre la mesure de dissolution du gouvernement et de la Commission électorale indépendante (CEI) prise par la Chef de l’Etat, Laurent Gbagbo. En lieu et place des marches et autres mouvements de protestation pacifiques, il a opté pour une véritable rébellion. Notre analyse.

A y regarder de près, les manifestations de rue du Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) n’ont rien de légales. Elles n’ont aucune épaisseur de légalité et s’apparentent à bien des égards à une rébellion armée. La forme du mot d’ordre en dit déjà long sur les intentions des commanditaires de telles opérations. En effet, le directoire de ce rassemblement a demandé à ses militants de s’opposer “par tous les moyens” à l’autorité de l’Etat ; tous les moyens étant bons, pour eux, de s’opposer à l’ordre établi dans une République. L’imprécision de ce bout de phrase est faite à dessein. Elle implique une gamme variée d’actions destructrices et une panoplie d’instruments de guerre devant permettre d’atteindre le but souhaité. Le mot d’ordre a été parfaitement exécuté et continue de l’être, puisque la série noire se poursuit pour les forces de l’ordre et ceux des Ivoiriens qui croyaient avoir affaire à des marches pacifiques. Ou civilisées. Que non ! La première chose qui frappe les consciences est que partout, à Korhogo, à Gagnoa, à Bouaké, à Abidjan…, les marches guerrières des militants du PDCI et du RDR n’ont pas suivi les procédures en la matière. Les organisateurs ont soit ignoré l’autorité qu’ils n’ont pas voulu informer, soit ils ont soigneusement caché l’itinéraire exact. Parfois, l’heure du démarrage était inconnue. A Gagnoa, les militants du RHDP ont affirmé avoir évité d’informer le préfet parce qu’il ne représente rien à leurs yeux étant entendu qu’ils ne reconnaissent plus le président de la République, Laurent Gbagbo, sous l’autorité duquel ce fonctionnaire travaille. On a été surpris d’apprendre qu’ils ont débuté leur marche… à 5h du matin. Il faut le faire ! De plus, comme de véritables chefs de guerre, les partisans du RHDP camouflent leurs vraies intentions au gros lot des militants qu’ils mènent en bateau. A Korhogo, ils ont mobilisé des marcheurs, le samedi 20 février, en mettant en avant l’argument du délestage que connaît, pourtant, en ce moment, toute la Côte d’Ivoire. Et la mayonnaise a pris. Certains militants ont constaté, par la suite, ahuris, qu’il s’agissait d’opération de déstabilisation de leur propre pays. Il était question de crier à tue- tête des slogans hostiles au chef de l’Etat ivoirien et à ceux qui sont présentés comme étant proches de lui. Les marches du RHDP étonnent également par la forme de la violence qu’elles empruntent. Le constat est plus que troublant. Partout, les préfets et les sous- préfets ont tous offert aux militants du RDR et du PDCI de faire des marches pacifiques. Aucune oreille n’est restée sourde à leurs exigences. On s’est parfois plié en quatre malgré l’inopportunité de leurs revendications. Contre toute attente, ils ont opté pour la violence verbale et physique. A Korhogo, bien que leur motion ait trouvé une oreille attentive auprès de l’autorité, ils sont allés brûler le siège du FPI et le domicile de Dr. Issa Malick Coulibaly, directeur national de campagne de Laurent Gbagbo. Sans aucun motif valable. A Bouaké, selon le préfet Konin Aka, la préfecture a été pillée et six véhicules appartenant à ses services et ceux du sous-préfet ont été brûlés. Le summum de cette envie d’en découdre est bien l’utilisation d’armes à feu. Ces militants du RHDP possèdent et utilisent des calibres 12, des machettes, des gourdins et des pierres dans une marche qu’ils ont pourtant eux-mêmes qualifiée de pacifique. A Issia, plusieurs munitions, notamment des cartouches de calibre 12, ont été saisies sur des manifestants. Ils usent, en premier, de la violence sans qu’ils ne soient menacés, sans que cela ne se justifie. C’est à ne rien y comprendre. A Gagnoa, un militaire (le capitaine Paul Touré Kouamé, commandant en second du sous-groupement 3 des FANCI) a fait les frais de cette barbarie inexpliquée. La violence et le degré de cynisme de ces militants du RHDP sont tels que l’on se demande s’ils ne sont pas à l’origine des tueries (5 morts) dans leur propre camp pour faire porter le chapeau au pouvoir. “En ce qui concerne les décès, les forces de l’ordre ont soutenu n’avoir pas fait usage d’arme à feu. Elles ont été surprises d’apprendre cette triste nouvelle”, a rapporté, faisant référence à ces tueries, le préfet de région de Gagnoa, René Mahiro, lors d’un point presse, le 20 février, au cabinet du sous-préfet, dans la ville du Fromager. Le représentant spécial de l’ONU, Choi Young J., au terme d’une visite sur le lieu des incidents à Gagnoa, a exprimé son dépit, le lundi 22 février, à l’hôtel Pullman après une rencontre avec le facilitateur Blaise Compaoré. “Nous avons constaté cinq morts à Gagnoa et deux supplémentaires à Daloa. Il faut en finir avec la violence. Les manifestations démocratiques sont une chose ; la violence, c’est autre chose”, a-t-il lancé face à la presse. Autre fait à mettre à l’actif des partisans de Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara. A Abobo, selon des sources, trois agents des forces de l’ordre ont été grièvement blessés le lundi 22 février. L’élève-officier Bechet Bechere a eu la main presque arrachée. A tous ces faits, il faut ajouter que les “boys” de Bédié et Ouattara ont brûlé cinq autobus de la SOTRA et endommagé 28 autres, d’après le collectif des syndicats de la SOTRA.

Tout le monde se rend à l’évidence, Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara viennent de créer une deuxième rébellion pour détruire la Côte d’Ivoire, un pays qu’ils aspirent pourtant à diriger une seconde fois. Cette rébellion est armée. Elle s’attaque aux symboles de l’Etat. Elle s’en prend aux biens publics et privés. Elle prend pour cible des adversaires politiques. Elle embouche la trompette de l’exclusion, de la division. Elle veut le pouvoir d’Etat à tout prix. Bref, elle plante le décor d’un certain 19 septembre 2002.

Que c’est triste !

Serge Armand Didi sardidi@yahoo.fr
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